Citations de Laure Conan (70)
« Un coeur patient est un coeur triste » .
Quelle soif de naufragé peut se comparer à mon besoin d'aimer ?
Le sculpteur Hébert Va fait publiquement sortir de l’ombre, en plaçant sa statue dans son monument de Maisonneuve, sur la Place d’armes de Montréal ; et c’était justice de symboliser dans la personne de ce brave des braves les colons-soldats qu’il avait si souvent conduits au feu, avant de tomber au milieu d’eux, frappé d’une balle iroquoise.
Sur cette terre de Ville-Marie, sacrée par tant de vertus, par tant d’héroïsme, la douce femme se consuma de labeurs. Là, elle fonda la Congrégation de Notre- Dame qu’on a parfois appelée une famille d’anges.
C’est la première communauté qui se soit formée chez nous et pour le Canada tout entier, chacun sait qu’elle fut et qu’elle est un immense bienfait, une grâce inestimable.
On ne saurait dire l’importance de la mission de la Soeur Bourgeoys. Son action a été prodigieusement féconde et de sa vie très sainte rayonneront à jamais les enseignements les plus élevés, les plus fortifiants.
Ce soir-là, il n’y était pas disposé et, les bras croisés, il resta debout devant la fenêtre, à regarder la forêt tranquille que le soleil couchant dorait radieusement. Ses souvenirs soudainement éveillés le reportaient vers les années lointaines. Il remontait ces sentiers du passé où, comme tous les hommes, il avait laissé bien des illusions, bien des rêves, et la tristesse le gagnait.
“ Il y avait longtemps, dit-il, reprenant sa place, que je désirais me retirer du monde, sans pourtant abandonner la profession des armes. Aussi je fus ravi quand M. de la Dauversière me parla de cette ville qu’on voulait fonder en l’honneur de la Mère de Dieu.
Son délicat et pur roman,—qui n’est peut-être pas, à vrai dire, absolument un roman,—y trouve le mérite d’être, historiquement, plus vrai, comme il emprunte aux souvenirs héroïques et pieux qu’il évoque un parfum de poésie chevaleresque et mystique, qui a fait dire à un écrivain rationaliste, racontant, en historien simplement, la naissance de Montréal : “ Est-ce de l’histoire vraie, ou n’est-ce pas plutôt un roman de chevalerie chrétienne? C’est l’un et l’autre.”
Charles était seul à Saint-Jean, son compagnon de mission l'avait quitté depuis deux jours quand, vers le soir du mardi 7 décembre, les Iroquois envahirent tout à coup le village. Les guerriers étaient absents... partis pour aller rencontrer l'ennemi. Ce fut une boucherie épouvantable... des cruautés atroces... Charles aurait pu fuir comme bien d'autres, mais il refusa. La charité le retint... la vue d'une si horrible mort ne le fit pas reculer d'un pas; il se sacrifia pour le salut de ses sauvages. Les Iroquois, réservant pour la captivité ceux qu'ils jugeaient pouvoir les suivre assez vite, faisaient main basse sur tous les autres. Ils attachaient les malades, les enfants, dans les cabanes et y mettaient le feu...
Gisèle Méliand aimait Charles Garnier de l’un de ces amours, profonds, ardents, exclusifs qu’il est donné à si peu de connaître.
La plus grande douceur de la vie, c'est d'admirer ce qu'on aime.
Je le sais par coeur, et ce qu'il va se demander, ce n'est pas absolument si tu es amoureux au degré extatique, si tu auras de grands succès, mais si tu es de force à marcher, coûte que coûte, dans le sentier du devoir.
Il y a des joies qui sont une source
intarissable pour l'âme.
C’était bien vrai que le héros, à la tête d’une vingtaine de colons, avait repris le moulin, mis l’ennemi en fuite; mais les Iroquois étaient revenus plusieurs fois à la charge, et une balle avait atteint Lambert Closse en plein front.
Pendant que sa femme épiait son retour, il gisait sanglant, inanimé sur la grande table sinistre de l’hôpital. Penché sur lui, le docteur Bouchard lui lavait le visage, et son chien Vaillant lui léchait les mains en gémissant.
[…]
Averti que le major était gravement blessé, Maisonneuve accourait, bouleversé, tremblant, mais espérant encore. Il aimait son héroïque compagnon de luttes et de misères… Il en était presque venu à le croire invulnérable; et lorsqu’il l’aperçut, le front sanglant, pour toujours immobile, silencieux, un profond sanglot déchira sa poitrine, et, se jetant sur le corps déjà glacé, il l’étreignit et pleura comme un enfant. Ceux qui l’entouraient et pleuraient aussi : et, comme pour consoler leur chef, ils répétaient :
« Il est mort pour Dieu et pour ses frères – c’était la fin qu’il souhaitait.
– Oui, et Dieu seul peut reconnaître ce que nous lui devons, dit Maisonneuve commandant à sa douleur et relevant la tête. Vous le savez, c’est lui surtout qui a porté le poids de la lutte… Il a été le défenseur de Villemarie, et jamais homme n’eut plus de grandeur d’âme, de noblesse et de courage
J’avais pour M. Douglas une parfaite estime, et pourtant je voyais arriver le jour du mariage avec une tristesse profonde, car j’aimais Thérèse avec la plus grande tendresse, et la seule pensée de m’en séparer m’était bien amère. La lecture du contrat, ces dispositions en faveur de celui des époux qui survivrait à l’autre me firent une impression pénible, et pendant qu’on me félicitait sur ce brillant mariage, j’avais grand’peine à contenir mes larmes. Pourquoi faut-il que la mort se mêle à tout dans la vie ?
...on ne se donne pas deux fois avec ce qu'il y a de plus tendre et de plus profond dans son âme, ou plutôt quand on s'est donné ainsi, on ne se reprend plus jamais.
Comme le reste, et plus que le reste, la volonté se fortifie par l'exercice : on n'obtient rien sur soi-même que par de pénibles et continuels combats.
Mais on ne touche jamais fortement le coeur sans faire jaillir les larmes.
L'un et l'autre ont la profondeur redoutable, la puissance terrible des orages, et si troublés qu'ils soient...
Qu'est-ce que la tempête arrache aux profondeurs de la mer? qu'est-ce que la passion révèle de notre coeur?
La mer garde ses richesses, et le coeur garde ses trésors. Il ne sait pas dire la parole de la vie; il ne sait pas dire la parole de l'amour, et tous les efforts de la passion sont semblables à ceux de la tempête qui n'arrache à l'abîme, que ces faibles débris, ces algues légères que l'on aperçoit sur les sables et sur les rochers, mêlés avec un peu d'écume.
Mais qu'il est triste d'habiter avec un coeur plein une maison vide.
Rien de la terre n'a jamais crû parmi les cendres... les bords du volcan éteint sont à jamais stériles. Pas une fleur, pas une mousse ne s'y verra jamais. La neige peut voiler l'affreuse nudité de la montagne; mais rien ne saurait embellir la vie qu'une flamme puissante a ravagée. Ces ruines sont tristes : ce que le feu n'y consume pas, il le noircit.
Pourtant, même après la séparation sans retour, quel est celui qui, pour moins souffrir consentirait à avoir moins aimé.