Le local de XBiz paraît lui aussi bien piteux face à la tour Larry Flint. Il se fond parmi les autres aux abords d'un quartier hispanique dont les trottoirs grouillent de monde, de vendeurs à la sauvette et de marchands de hot-dogs. On se croirait dans un coin d'Amérique du Sud, probablement parce que Los Angeles, à l'origine "El Publo de Nuestra Señora la Reina de Los Angeles del Rio de Porciuncula", est à la croisée des chemins et des continents.
Au sommet de la bulle Internet, autour de l'an 2000, le maître de maison a ingénieusement investi dans une industrie qu'il juge peu sensible aux crises : les jeux d'argent. Après un premier casino, baptisé Hustler, il a fait l'acquisition, l'année précédent mon entretien avec Tony, d'un second établissement, situé dans le même quartier populaire de L.A. que le premier, entre Compton et Redondo Beach. C'est bien simple, "quelqu'un qui ne peut réussir dans les casinos est quelqu'un qui ne peut réussir comme homme d'affaires", a-t-il soufflé au Los Angeles Times.
Hustler diffuse ses films sur douze chaines aux États-Unis et six en Europe. Tous les contenus ont pour particularité, presque anachronique, d'être payants. Ils sont produits, pour une minorité, en interne, tandis que l'essentiel est sous-traité par d'autres studios dans la Vallée ou en Europe. "De l'Est, précise Tony. En France les contenus scénarisés à la Marc Dorcel plaisent bien, mais ici ce n'est pas le cas, il faut du sexe tout de suite, ajoute-t-il.
- La mode du gonzo a gagné la France aussi, je crois. Les choses changent...
- Oui, c'est toute la culture qui a changé, même à Hollywood. Avec les fusions et acquisitions, de très gros groupes se sont constitués. Le porno connait la même évolution. Et les temps ont changé pour les acteurs et actrices, aussi. Avant, c'étaient des marques, maintenant ils peuvent devenir des stars, mais ce sera temporaire."