Les parcs me procurent les mêmes délices que la lecture: une évasion facilement accessible, et la découverte de mondes cachés, presque sans bouger de chez moi.
Il faut peu de chose pour passer du mal-être au plaisir de vivre...
Vois-tu, Alexandre, le bonheur est dans les choses que nous perdrons un jour.
« Si je devais changer ma vie, je ne changerais rien, j'ouvrirais juste un peu plus les yeux. »
Je suis comme ces personnages de dessins animés qui courent dans le vide, après que le sol se dérobe, avant de chuter et de s’écraser au fond d’un ravin.
Il est temps de faire entrer un peu de fraîcheur, de faire le choix du bonheur.
Un temps, on a pensé qu'il avait un syndrome autistique... Mais il échappe au diagnostic, il est dans une zone non répertoriée. C'est un petit prince égaré dans un monde de fous.
Sénèque disait : « La vieillesse est pleine de douceurs pour qui sait en user. »
Je suis juste un vieil ours timide, non apprivoisé par peur d'être repoussé.
…elle ne cherche plus les toilettes, car elle les porte sur elle.
En revanche, aucune solution n'a été trouvée pour remédier à son incontinence verbale.
Les maisons de retraite sont des harems oubliés où errent quelques eunuques aussi inoffensifs que moi.
Je suis née pour craindre, elle est née pour foncer. Laura est mon chasse-doutes. En quelques secondes, elle a dégagé la voie et posé les rails vers le Finistère.
Les cours se terminaient la semaine suivante. Viendraient ensuite deux longs mois de vacances, puis le lycée. Je savais qu’Amélie partait dans le privé et je sentais que c’était ma dernière chance. J’étais en vélo et j’ai proposé de la ramener. Je n’avais pas de porte-bagages et elle s’est installée sur le guidon, face à moi. Elle était légère comme une danseuse, mais le démarrage a été laborieux, les premiers coups de pédale lourds comme une marche dans la boue. Le vélo a d’abord zigzagué comme un cheval ivre avant de peu à peu reprendre sa ligne, dompté par la vitesse. Je pédalais et ne voyais qu’elle. J'accélérais pour voir danser ses cheveux. Elle riait et me suppliait de ralentir. De temps en temps, elle tournait la tête pour apercevoir la route, et je voyais la ligne émouvante de sa nuque découper mon horizon.
Arrivés devant son portail, elle s’est appuyée sur mes épaules pour descendre, nos visages se sont rapprochés et ses lèvres sont venues sur les miennes, naturellement, délicieusement. La rue était déserte en ce milieu d’après-midi, nous étions seuls au monde. Elle a glissé sa main dans la mienne et je l’ai suivie dans son jardin. Nous avons passé l’après-midi à nous embrasser et à nous empiffrer de cerises. Aujourd’hui encore, je ne peux en manger sans penser à elle.
J’ai eu un scooter, un Italien léger aux flancs rutilants. À la fin de l’été, je filochais sur la Nationale entre le Vexin et la côte d’Albâtre, les bras d’Eileen autour de la taille. C’était une promenade tranquille, sans souci de l’heure ni du compteur. Au bout du voyage, nous roulions sur les falaises de craie avant de descendre par un chemin poudreux rejoindre une plage déserte. Nous sortions notre pique-nique : sandwiches, tomates, œufs durs et une bouteille de limonade soigneusement enveloppée dans un torchon mouillé. Nous revenions le soir, la peau salée et les cheveux ensablés, dos au soleil couchant. Nous étions jeunes, beaux et libres, et nous ne le savions pas…