Vidéo de Laurine Lavieille
Ces temps-ci, j’imagine l’avenir à la façon d’une planche de bande dessinée : des humains masqués se pressent dans les rues , ils ne se touchent plus, ne se parlent plus, ils vont juste travailler et rentrent après . Il plane au-dessus d’eux de petites bulles grises.
En marchant sur le sentier, je repense aux griffures sur les bras et les jambes de Marianne Cassan. Je l'imagine en Blanche-Neige, affrontant une nature hostile et terrifiante au milieu de la nuit. Fuyant quelqu'un.
En dehors du boulot, ma vie se résume à Lisa. Nous parlons peu de son père, comme si nous avions fait un pacte. Juré de relever la tête, de ne pas nous enfermer dans la colère ou le chagrin pour nous sortir de l'absence obsédante.
Soudain je m'arrête. Pendant une seconde, la lumière à fait miroiter un objet sur le sol. j'accélère le pas en ne quittant pas des yeux le point argenté. Quand j'arrive à son niveau, je m.accroupis : l'angle métallique d'un objet dépasse. Un portable, à moitié recouvert par l'humus.
L'ombre recule et s'évanouit.
-On finît toujours par trouver sa place, non ?
-Je ne sais pas. Je crois que beaucoup de gens en trouvent une par défaut.Qu’ils construisent leur vie sur leurs névroses, qu’ils se fabriquent des tours suffisamment solides pour tenir jusqu’à leur mort.Ils serrent les dents , et ne voient pas, ne disent pas tout ce qui les encombre ou les angoisse.La place qu’ ils se font est un arrangement avec leur histoire et leur héritage.Choisir ce qui est le moins insupportable.
Toi aussi tu te mets au vegan ?
(...) ça m'exaspère ! Comme si la viande était devenue un poison violent.
Elle se tenait droite, presque raide, le regard fixé sur la poignée de la porte. Depuis un mois, elle accumulait les nuits sans sommeil, ses yeux s'étaient cernés son teint virait au gris. Des heures à marcher pieds nus sur le carrelage du salon, à chercher des pistes, une explication... S'ils avaient été ensemble, rien ne serait arrivé, Elle l'aurait sauvé, elle aurait agi mieux, plus vite.
Alors que nous sommes ensemble les pieds dans l’eau , je me dis que je ne suis plus faite pour aimer, que c’est finalement trop difficile, que ce genre de bonheur m’est interdit, qu’évidemment cette histoire n’aboutira pas.Je me sens suspendue au-dessus du vide , comme une proie prête à être dévorée par des angoisses dont j’avais oublié l’existence.
Je n'aime pas les promesses. elles sont trop souvent annonciatrices de rupture, en cas de mensonge.