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Citation de Cricri124


L’ordre portait de chercher un gué et de traverser la rivière. Le colonel des uhlans, un vieil homme portant beau, cramoisi et balbutiant d’émotion, demanda à l’aide de camp s’il lui était permis de passer la rivière à la nage sans se soucier du gué. Avec un effroi visible qu’on ne la lui refusât, comme un gamin qui demande la permission de monter à cheval, il sollicita l’autorisation d’effectuer cette prouesse sous les yeux de l’empereur. L’aide de camp répondit que celui-ci ne serait sans doute pas mécontent de cet excès de zèle.
Aussitôt le vieil officier à longues moustaches, l’air radieux et les yeux brillants, brandit son sabre en criant : Vivat ! Puis, donnant l’ordre à ses soldats de le suivre, il éperonna son cheval et s’élança vers la rivière. Comme la bête regimbait, il la serra rageusement et s’enfonça dans l’eau, gagnant un endroit où le courant était fort. Des centaines de uhlans le suivirent. Mais vers le milieu, le froid et la peur les saisirent : ils s’accrochaient les uns aux autres et se trouvaient désarçonnés. Quelques chevaux se noyèrent ; des hommes se noyèrent également, d’autres tentèrent de nager en se cramponnant qui à leur selle, qui à la crinière de leurs montures. Ils s’efforçaient de gagner l’autre rive et, bien qu’à cinq cents mètres de là il y eût un gué, ils étaient fiers de nager et de se noyer sous les yeux de cet homme assis sur un tronc d’arbre et qui ne regardait même pas ce qu’ils faisaient.

(Livre troisième, Première partie, Chapitre II)
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