Ecrire c'est s'échapper au delà des mots, des murs, c'est tisser des liens avec des inconnus,c 'est donner la vie à des personnages, les laisser vivre...
Petite princesse je sais que tu me rends visite. Je sens ta présence dans la maison, dans le creux de la nuit un courant d’air, les rideaux qui virevoltent, une aile qui me frôle les cheveux. Je garde les yeux fermés, je ne veux pas t’effrayer, Je suis heureuse de tes visites ma petite douce. J’entrouvre un peu mes yeux quand je sens que tu es sur le départ, je laisse toujours une fenêtre ouverte. Je regarde tes ailes blanches, je sais que tu te promènes dans le jardin humant au passage les parfums de toutes les fleurs, roses, pétunias. Tu as toujours sur ton dos ton petit ami Barnaby bien emmitouflé. Je sais qu’il est très frileux avec son petit bonnet et son écharpe en laine rouge. Va ma colombe et reviens vite me voir.
Ils ne sont pas bien assortis, leurs corps sont passés outre les préjugés, la bienséance, ce qui doit être beau, respecté, coordonné, harmonieux. Ils aiment leur dysharmonie, elle les unit : courbes, volutes, points saillants. Leurs corps ondoient, entourés de mots de plaisir venant de peuples des temps anciens qui trouvent écho en eux et dans leur danse. Corps sec et corps rond mêlés, joints, unis, collés dans une danse brûlante de désirs, corps qui se suffisent à eux-mêmes. Leurs bouches se rencontrent, deviennent jeux, anéantissements langoureux, éclats de plaisir. Les corps se réclament, se rejoignent.
Elle a une beauté singulière, androgyne. Lui est de taille plus petite, tout en rondeurs, mais musclé. Les deux corps ont appris à se connaître, à se reconnaître. L’homme monte à l’assaut de sa fée de fer. Sa rondeur plisse les angles. Son corps lui rappelle un corps modelé par les mains d’un sculpteur dont il a vu les œuvres dans un atelier d’artiste en Europe. Plus tard, la maturité venant, il lui dira qu’elle ressemble à une sculpture de Modigliani. Il aime ses os saillants, les effleurer du bout des doigts, des lèvres. Elle aime être conquise.
Est-ce que la passion amoureuse s'effiloche comme un vêtement usé, se brise comme la glace ou coule paisiblement comme l'eau d'une rivière ?
Enveloppée des plus belles tenues et des plus belles soieries, Alicia ne laisse pas indifférents les beaux partis. Sa singulière beauté, quelque chose de masculin dans sa façon d’appréhender le monde, son caractère, les cigarettes qu’elle fume, son rire franc, sa façon de devenir soudainement quasi muette, renfermée, cadenassée les séduisent.
Les cœurs solitaires, glacés, se réchauffent en croisant parfois un nouveau regard, une personne différente d'un précédent amour toujours présent et adulé, jamais trahi ou galvaudé par le temps, enfoui, intact sous des couches de glace.
" Toujours partir ensemble dans le sens opposé au danger..........Il aimait le nom anglais qui désignait ces nuees d’étourneaux : murmurations".
L'amour rend aveugle, quand il nous quitte sur la pointe des pieds, la clarté revient.