Instruites pour devenir des modèles de vertu et d'obéissance à la puissance maritale, formées dès l'enfance à l'idée qu'il était bienséant de se montrer fragiles, réservées et craintives devant la gent masculine, les jeunes filles américaines, sitôt sorties de l'adolescence, se mettaient généralement an quête d'un époux.
Elizabeth s'est hissée à la grandeur, mais elle y a été aussi hissée par ses contemporains et par les nostalgiques de l'ère Tudor qui en ont fait un emblème de la monarchie anglaise. Et comment échapper à l'envoûtement du mythe, lorsqu'il a pour auteur un Spencer ou un Shakespeare ? Reste que si le règne d'Elizabeth fut grand, elle le doit aussi à son peuple. Les Anglais autant que leur souveraine, portent la responsabilité de la grandeur et de la sécurité du royaume en un temps où les conflits religieux, les complots et les assassinats projetaient leur ombre sinistre sur les monarchies européennes.
Stubbs chanta hautement les vertus de la reine mais déclara qu'Anjou était le serpent venu sous la forme d'un homme pour séduire "notre Eve afin qu'elle et nous perdions le Paradis" . De plus , disait Stubbs plein de bon sens sinon de tact ,la reine était trop âgée pour procréer ;en revanche ,Anjou lui passerait la syphilis dont il était infecté e raison de la vie dissolue qu'il avait menée.
Très en colère, Elizabeth fit arrêter Stubbs, son imprimeur et le libraire qui vendait l'ouvrage. (...) Les trois hommes furent condamnés à avoir la main droite coupée. (...) Les hommes du XVIème siècle ne manquaient pas de courage et de panache : Stubbs, avant l'exécution, s'adressa à la foule pour clamer son amour pour sa reine, et, après que sa main eût été coupée, souleva son chapeau de sa main gauche, puis, d'une voix forte, avant de s'évanouir, cria: "God save the Queen". La foule, racontèrent des témoins, fut profondément choquée par ce châtiment inhabituel en Angleterre et hors de proportion avec l'outrage commis. Elizabeth, de plus, garda Stubbs un an en prison. Mais il avait de nombreux partisans dans le royaume et si ceux-ci n'avaient pas été en mesure de lui sauver la main, ils réussirent du moins à persuader la reine de l'employer à l'avenir comme propagandiste anti-catholique, ce qu'elle fit en l'envoyant auprès des protestants néerlandais révoltés. Par la suite, il apprit à écrire de la main gauche.
Il restait toutefois une formalité importante à accomplir : demander une dispense au pape pour permettre cette union interdite par la « loi de Dieu ». Il est en effet écrit dans le Lévitique (Lv 18, 16) : « La nudité de la femme de ton frère, tu ne la découvriras pas : c’est la nudité de ton frère » (l’interdiction est même répétée en Lv 20, 21). Autrement dit, il y avait interdiction pour un homme d’épouser la veuve de son frère. L’Église romaine n’était pas aussi stricte sur le sujet que les législateurs hébreux. Il n’empêche qu’un tel lien entre les conjoints créait selon le droit canonique de l’époque un empêchement dirimant. Mais le pape Jules II étant plus motivé par la politique que par la théologie, il accorda volontiers la dispense, d’autant qu’on laissait entendre que le mariage n’avait peut-être pas été consommé.
La princesse conquit le cœur des Londoniens, et celui de More : « Elle possède toutes les qualités qui font la beauté d’une très charmante jeune fille. Dire que tous chantent ses louanges serait encore insuffisant. » Pour une fois, le très économe Henry desserra les cordons de sa bourse.
"Le peuple l'aima comme il avait aimé Henri qui leur avait laissé l'image d'un roi patriote, libérateur de la tyrannie papale."
Pour un roi, le manque d’héritier mâle est une tragédie. Même en Angleterre, où la loi salique n’existe pas, on envisageait avec appréhension que le royaume « tombât en quenouille ». Le fait qu’il n’avait pour seul successeur que la petite Mary ne pouvait manquer d’aiguiser les appétits d’une noblesse ambitieuse.
Entre l’homme et l’Écriture, nul besoin de l’Église ; entre Dieu et l’homme, seule était nécessaire la Parole divine. L’intervention d’une Église hiérarchique n’était pas nécessaire à l’élu pour être sauvé.
Henry vendit parfois sa grâce contre de l’argent, surtout vers la fin de son règne : pour des crimes graves, le pardon du roi pouvait rapporter gros.