Puis sa main glisse sur ma joue, l’autre au creux de ma taille. Sa silhouette me percute, son odeur envahit mon univers… et ses lèvres épousent les miennes. La lumière jaillit enfin, du fond de ma poitrine, pour repousser les ténèbres.
-Eva-
J’ai découvert sa souffrance et sa colère, celles qui la rongent un peu plus, d’année en année, et que seuls ses meilleurs amis parviennent à apaiser. J’ai découvert une femme rêveuse et poétique quand nous échangions sur nos préférences littéraires. J’ai découvert une femme talentueuse et passionnée quand elle m’a appris la recette des carbonara. J’ai découvert une femme absolument magnifique, qui mérite d’être respectée et adorée, mais qui se persuade qu’elle ne vaut pas mieux que des types mariés aux désirs sordides.
-Eva-
Il caresse mes lèvres du bout du pouce, l’air fasciné. Je n’arrive plus à respirer. À anticiper. J’ai envie qu’il se penche, qu’il m’arrache ce que je rêve de lui donner, qu’il envoie valser toute notion de retenue et de logique… qu’il succombe. Sauf que je le vois, ce combat qui l’écartèle de part en part. Je vois le désir batailler avec la raison. Le prêtre affronter l’homme. Je vois sa vie, tout ce qu’il a construit, n’être plus qu’à un cheveu de l’effondrement.
-Eva-
D’un coup, je réalise toute la confiance que je porte à cet homme. Tout ce que je lui ai déjà donné, sans même m’en apercevoir. Il tient mon cœur, mon âme, ma vie entière entre ses doigts. C’est grisant et terrifiant à la fois. D’un mot, il peut me faire reine. D’un autre, il peut m’anéantir. Je suis à lui… et je ne peux plus rien faire contre cela.
-Eva-
J’ignore si je déteste l’idée que les habitants de ce village se servent de Gabriel Wolff pour apaiser leur conscience ; ou si je hais le fait que le Père Wolff se croit apte à guider ces ordures de paroissiens. Les deux options sont inadmissibles et me laissent un arrière- goût amer en fond de gorge.
-Eva-
Elle n’est pas une tentation ou une épreuve à combattre. Elle m’aime. Elle m’aime comme aucune femme ne m’a jamais aimé. Elle m’a tout offert : son corps, son cœur, son âme, sans détour ni faux semblants et sans rien attendre en retour. Eva ne joue pas. Et je ne veux pas jouer non plus.
-Gabriel-
J’ignore jusqu’où ce cirque ira. J’ignore ce que je veux ou ce que j’espère. Mais si tout est voué à voler en éclats, je suis prêt à me gaver des petites choses que le Ciel consent à m’offrir. Quand bien même, je le sais, elles finiront par me faire souffrir.
-Gabriel-
Elle a été mise sur ma route, en plein milieu du chemin tout tracé que je m’étais décidé à suivre, et m’a montré une autre voie. La sienne. Celle que j’attendais sans le savoir. Celle qu’elle attendait aussi. Celle qui était faite pour nous.
-Gabriel-
Le Père Wolff ne me comprendra jamais. Mais peut- être que Gabriel, jeune trentenaire dynamique, au regard intelligent et au sourire angélique, le peut. Une perspective qui m’effraie et me chamboule, mais que je me sais incapable de rejeter.
-Eva-
Elle m’a embrassé. Comme ça. Spontanément. En un instant, je suis passé du prêtre déterminé à lui redonner le sourire, à un sauvage sur le point de la plaquer contre un mur, prêt à tout pour que jamais ses lèvres ne quittent les miennes.
-Gabriel-