Au lieu de cela, le conseil que lui avait donné son père sur son lit de mort retentit comme un appel au combat dans son esprit pétrifié. C'était l'une des seules choses qu'il lui avait jamais dites. Un conseil que son jeune cœur avait transformé en mantra.
« Tu es prédatrice ou proie dans cette vie, ma chérie, et ce sont les prédateurs qui survivent. »
« - Les embûches sont généralement le balai et la pelle qui déblaient la route conduisant au trésor dont on n'ose rêver, dit-elle. Bien des hommes maudissent le déluge qui s'abat sur leur tête sans savoir qu'il mène à l'abondance qui chassera la faim. »
Cette envolée lyrique frôlant la poésie était empreinte d'une intensité telle qu'elle en devenait menaçante.
« Être heureux pour toujours, ça signifie donner à quelqu'un le pouvoir de vous briser le cœur. »
« - André. Ai-je l'air si différente ?
- Non, juste plus... féroce. »
De minuscules bras chauds s'enroulèrent autour de sa jambe. Yzma se baissa et souleva le singe. Cette adorable créature faisait partie d'elle, à présent. Elle était sa source de réconfort durant ses longues nuits solitaires. Sa confidente dans ses moments de doute.
Yzma serra Chicha contre elle et se rendit compte qu'elle la considérait comme son enfant. Sa fille.
Et sa faiblesse.
C'était pour cette raison qu'elle devait la laisser partir.
Pour renverser un empire, elle allait devoir se montrer impitoyable. Sans conscience ni émotion. A son retour à la capitale, personne n'entendrait la tempête gronder.
Vanessa s'avança, scintillant comme un lever de soleil. André ferma les yeux et, quand il les rouvrit, elle se tenait devant Weir dans un halo d'or et de lavande, telle une déesse vengeresse. N'importe qui pouvait voir qu'elle avait autant d'épines que de pétales. Que sa passion pour la vie l'emportait parfois sur son bon sens. Mais cette nature imprévisible, ce côté sauvage, attirait André autant qu'une tempête sur le point d'éclater.
Ce soir, vous avez appris que les femmes ne sont pas des poupées destinées à vous divertir. Vous avez compris?
Elle devait croire que la chance allait tourner. C’était ce que Maman disait : avec le temps, le possible pouvait se transformer en chance ; c’était enuite à chacun de décider de la saisir au vol, ou de la laisser passer à jamais.
Aimer, c'est donner à autrui le pouvoir de nous faire du mal.