Nos ancêtres ont été incorporés, placés sous l'uniforme, soumis à des ordres de guerre... Ils ont quitté du jour au lendemain leur femme, leurs enfants... certains en ont réchappé, beaucoup ont été tués, blessés, ont disparu... tous ont souffert de façon abominable et sont revenus marqués à tout jamais.
Ils appartenaient à tous les métiers, toutes les classes sociales, à des nations différentes ou même ennemies... Ils sont devenus brutalement artilleurs, palefreniers, artificiers, aviateurs, fantassins, officiers ou seconde classe... et on leur a demandé de marcher, de s'enterrer, d'embarquer et de tirer...
Il demeure que maintenant, plus d'un siècle après, nous sommes ici, côte à côte, issus de toutes les régions de France et d'autres pays d'Europe, amenés à reconnaître cette même cicatrice dans nos histoires familiales respectives, et à constater qu'elle nous réunit.
Ces portraits ont la particularité d'être des images qui nous parlent. Ils nous imposent d'abord le face à face propre à tout travail de portrait : ils veulent être vus bien sûr/ Mais ils veulent aussi être écoutés !
(... Mais le regard du spectateur aurait tôt fait de mettre des étiquettes : "... Tout ça, c'est des poilus !"
Non ! voici des visages, des noms, mais aussi des textes, des histoires, des destins... Ce sont des personnes. Elles sont uniques absolument. Elles requièrent notre regard, mais aussi notre lecture, notre écoute.