J'ai découvert cet exemplaire de la revue "Regard" lors de mes vacances. Il rend compte d'un projet pour le centenaire de la fin de la Première Guerre Mondiale.
En 2014, Louis Rama a demandé aux habitants de Carpentras et du Comtat Venaissin s'ils avaient des photos et des anecdotes de leurs ancêtres qui avaient combattu entre 1914 et 1918. A partir de ce matériau, il a réalisé 164 portraits selon différentes techniques, tous de taille 24 x 32 cm, et il les a entourés d'un texte qui présente quelques éléments de la biographie de la personne. Il a mêlé à ces portraits ceux de quelques peintres et écrivains qui ont aussi vécu cette guerre.
Ce petit carnet présente 16 de ces portraits. C'est le numéro 141 de la revue "Regard, petite revue d'art", créée par Marie Morel. Chaque numéro est entièrement consacré à un artiste, un peintre, ou un poète actuel. A découvrir sur http://mariemorel.net/boutique/abonnement-revue-regard-6-numros
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Nos ancêtres ont été incorporés, placés sous l'uniforme, soumis à des ordres de guerre... Ils ont quitté du jour au lendemain leur femme, leurs enfants... certains en ont réchappé, beaucoup ont été tués, blessés, ont disparu... tous ont souffert de façon abominable et sont revenus marqués à tout jamais.
Ils appartenaient à tous les métiers, toutes les classes sociales, à des nations différentes ou même ennemies... Ils sont devenus brutalement artilleurs, palefreniers, artificiers, aviateurs, fantassins, officiers ou seconde classe... et on leur a demandé de marcher, de s'enterrer, d'embarquer et de tirer...
Il demeure que maintenant, plus d'un siècle après, nous sommes ici, côte à côte, issus de toutes les régions de France et d'autres pays d'Europe, amenés à reconnaître cette même cicatrice dans nos histoires familiales respectives, et à constater qu'elle nous réunit.
Ces portraits ont la particularité d'être des images qui nous parlent. Ils nous imposent d'abord le face à face propre à tout travail de portrait : ils veulent être vus bien sûr/ Mais ils veulent aussi être écoutés !
(... Mais le regard du spectateur aurait tôt fait de mettre des étiquettes : "... Tout ça, c'est des poilus !"
Non ! voici des visages, des noms, mais aussi des textes, des histoires, des destins... Ce sont des personnes. Elles sont uniques absolument. Elles requièrent notre regard, mais aussi notre lecture, notre écoute.