Louise Langlois

- … Et… si tu ne veux pas que je t’égorge avec ton patin dans les minutes qui viennent, il faut vraiment que t’arrêtes de me regarder comme ça.

- Comment ça ?

- Comme si je venais de décrocher la lune pour toi.

- Éden, c’est ce que tu as fait à la seconde où tu as accepté de m’entraîner.

Elle comme moi, on sait bien qu'il y aura toujours des jours avec et des jours sans. Des jours où ses angoisses ne la laisseront pas en paix, des jours où nos deux passés nous feront trébucher. Mais ces jours, on sera deux pour les affronter. Parce qu'on sait aussi qu'on respire bien mieux quand l'autre est dans les parages et par-dessus tout, on sait que l'un comme l'autre, on est là pour rester. Nos cœurs sont enchevêtrés et ni elle ni moi ne comptons les détacher.

 Tu me fais penser à Lexie, tu sais. Toutes les deux, vous vous accrochez à vos secrets en pensant en faire des boucliers, mais en fait ils font simplement barrage entre vous et les autres. Il suffirait de nous laisser entrer pour qu’on puisse vous aider à défendre votre forteresse. La petite forteresse de ton cœur, Eden, ajoute-t-elle en riant, je la défendrais avec plaisir si tu me le permettais.

Cole et moi sommes d'excellents comédiens, mais aussi des danseurs hors pair. Plus il fait un pas vers moi, plus je recule. J'esquisse un mouvement vers lui et il m'échappe aussitôt. On recule et on avance tous les deux à des rythmes décalés, comme deux danseurs séparés par un miroir. Un miroir qui nous renvoie nos secrets en pleine figure chaque fois qu'on se fait face.

 Tu peux lui faire confiance, Eden. Il fait le dur, comme ça, mais en réalité il est plus sensible qu’on peut le croire. Cole n’est pas le genre de garçon qui jouera avec ton cœur. Que vous soyez seulement amis ou plus. Il sait ce que ça fait d’avoir mal. Et j’ignore ce que tu as vécu, mais quelque chose me dit que tu le sais aussi.

-Tu te souviens de ce que tu m'as dit la dernière fois, devant chez moi ?
J'acquiece d'un hochement de tête.
-Bien, alors je me permets de te plagier. Moi aussi, je suis une bonne observatrice. Alors laisse-moi te dire que tu as le droit d'avoir peur et tu as le droit de sombrer. On sera là pour te rattraper. OK ?

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Fais de jolies rencontres, sois déçue, engueule-toi avec tes copines, mais réconcilie-toi, toujours. Fais attention aux autres, mais surtout à toi-même, entoure-toi de ceux qui te font du bien, qui te font rire, qui font ressortir ton vrai toi.

J’aimerais, rien qu’une fois, pouvoir mettre sur pause la tempête qu’ils s’obstinent à abattre sans relâche sur moi. Juste pour reprendre mon souffle. Parce que je sais que Sierra n’a aucune intention d’arrêter tout ça et que tous y prennent trop de plaisir pour cesser d’eux-mêmes. Parce que même si je tente de me convaincre que ça ne m’atteint pas, rien ne m’échappe. Rien ne passe à côté de mon cœur écorché. Chaque mot, chaque geste tape dans le mille.

Crois-le ou non, mais ça fait des années que ce petit jeu dure entre nous. Ce n’est jamais allé plus loin. Quelquefois, j’arrive à percer ses défenses, mais elles se rebâtissent aussitôt et je repars d’encore plus bas. Tu sais, un peu comme quand tu te prends la tortue bleue dans Mario Kart alors que t’étais premier. C’est exactement ce sentiment. Chaque fois. Elle est inaccessible.

C'est lui qui m'a trouvé, moi. Qui a écarté tous les nuages sombres que je transportais pour dévoiler les parties les plus lumineuses de mon être