page 94 [...] - Je crois que nous avons marqué un point ..., déclara le patron de Provila. Avec cet air entendu et satisfait qu'affichent ceux dont la componction ampoulée tient lieu d'intelligence visionnaire, il dodelinait de la tête en regardant au loin.
- Oui, c'est certain, répondit en écho l'Ambassadeur. Et vous aurez noté : quand j'ai suggéré de prendre les deux projets de métro, le Ministre n'a pas tiqué. C'est bon signe. D'ailleurs, je vais immédiatement rédigé un télégramme. J'ai également le sentiment que le fils du Ministre joue un rôle dans cette affaire. Peut-être n'est-ce là qu'une impression mais je vais me renseigner. Qu'est-ce qu'on avait besoin de lui retirer son permis de conduire pour excès de vitesse lors de ses dernières vacances en France ! Je vous jure, on se tire parfois des balles dans le pied !
- Vous avez tout à fait raison. Écoutez, il faut que l'ambassade se remue sur cette affaire, comme sur toutes les autres d'ailleurs !
Le Chef de la délégation faisait partie de ces gens qui croyaient qu'un ambassadeur de France, c'était là pour 'se remuer' et pourquoi pas tant qu'on y était, 'faire des affaires' - alors que quelles que soient leurs autres qualités, ils en étaient généralement bien incapables. Mais comme ce qu'ils avaient à dire n'intéressait plus personne ; que par construction le pouvoir politique 'savait déjà tout' quand il n'hésitait plus à les traiter de 'crétins' histoire de les motiver, cela avait incité bon nombre d'entre eux à prioriser leurs expectatives dans un sens pas forcément altruiste.
- Quant au reste de la délégation, poursuivit le président de Provila, avouez que la qualité n'est pas au rendez-vous. On a même des gens qui ne parlent pas anglais ! Et pas de dirigeants, que des seconds couteaux. Je me demande ce que je fiche ici !
- Mais vous relevez le niveau, cher président, vous portez les couleurs de la France. [...]