Je me suis rendu compte que le parcours de mon arrière-grand-père ne s'était pas limité à la Première Guerre mondiale : Paul s’est engagé dans sa vie au cours des deux conflits majeurs du XXe siècle. Pendant la Seconde Guerre mondiale, il a été médecin dans la Résistance, responsable des services illégaux de santé dans le département du Gard.
J'entrais alors dans le monde des hôpitaux clandestins cachés en sous-sol, je découvrais les pilotes anglais blessés lors de sauts en parachute, les prétextes du type «Je pars accoucher une femme du voisinage » pour soigner un résistant évadé de prison. J'apprenais aussi l'existence d'un homme de l’autre côté de l'Atlantique (digne de recevoir le prix Nobel d’économie selon le magazine britannique The Economist), qui rendait hommage à mes arrière-grands-parents pour lui avoir procuré des faux papiers !
Bref, plus je tirais le fil de la vie de Paul, plus j’amenais à moi des histoires incroyables, totalement inconnues de la famille ! J'étais projetée en plein film d'action. Il fallait que je raconte ces histoires, que je les partage....
Les personnes que j'interviewais à propos de Paul mentionnaient souvent ses frères et sa sœur. Je tentais de mettre fin à ces digressions et ramenais gentiment, mais fermement, la discussion sur mon arrière-grand-père. En vain... C’est ainsi que j’ai découvert Jean, le petit frère de Paul, préfet sous le gouvernement de Vichy, placé hors cadre en 1942, puis préfet sous le gouvernement provisoire du général de Gaulle. Marié à une femme juive, Jean a été chargé de mettre en œuvre la première rafle des Juifs en zone libre dans son département.
Puis on m'a raconté l'histoire de la petite sœur de Paul : Jeannette, engagée dans la Résistance en cachette de son mari, Albert Le Bail, l'un des quatre-vingts députés à avoir voté contre les pleins pouvoirs au maréchal Pétain, en 1940. Le mari et la femme étaient tous les deux dans la Résistance et se le cachaient l'un à l'autre. Albert a appris l'engagement de sa femme le jour où la Gestapo est venue l'arrêter pour la déporter.
Pourquoi une fille comme toi, jeune, 33 ans, qui a un boulot intéressant, des amis et une vie agréable à Bruxelles, décide de tout lâcher pendant sept mois pour partir sur les traces de l'histoire de son grand-père ? Que dis-je, son grand-père ?
C'est même pas ton grand-père : c'est ton arrière-grand-père !
Le 22 août 1914, vingt sept mille Français sont tués. C’est « un nombre de tués en une seule journée sans précédent dans l’histoire de France, et sans exemple depuis ». C’est tout simplement le plus meurtrier de l’histoire de France
Faire de l'histoire, ce n'est pas conforter les gens dans des réflexions manichéennes qui ne reflètent pas la vérité. C'est le moyen de comprendre la complexité de l'humain.
Alors , Lucie , il faut sortir du schéma manichéen : ´ la résistance c’était les gentils et Vichy c’était les méchants ´. Il y a eu des résistants qui ont commis des exactions , il y a eu des résistants antisemites , comme il y a eu des fonctionnaires de Vichy qui ont sauvé des juifs ! Aussi surprenant que cela puisse paraître après des années de raisonnements simplistes sur la période !
Madame
Vous m’avez vraiment émue
L’histoire d’une famille entre les deux guerres mondiales
Un roman riche tant en émotions qu’en faits réels historiques.
Les photos de famille donnent un côté très touchant à cette histoire
Un livre à lire dans toutes les écoles selon moi
Un livre à lire sans modération et un beau livre à offrir.
Si je dois appeler trois Maurice Rochaix, autant simplifier mon accroche ! Je décide de faire court, histoire d'être fixée. Un homme s'empare du combiné :
- Allô ?
- Allô, bonjour, je suis l'arrière petite fille du docteur Cabouat.
Long silence...
- Ah madame, vous allez m'émouvoir !
Maman,
Je t'envoie par le même courrier quelques brins de muguet. Je viens de le cueillir en première ligne. [...] Je doute fort que tu aies reçu mon petit paquet dimanche. Il eût été piquant que tu en aies quelques brins à ton corsage.
Fleurs du front cueillies sous les obus !
"Faire de l’histoire , Lucie , ce n’est pas conforter les gens dans des réflexions machinéennes qui ne reflètent pas la réalité .
C’est leur donner les moyens de comprendre la complexité de l’humain" .
Faire de l’histoire , Lucie , ce n’est pas conforter les gens dans des réflexions machinéennes qui ne reflètent pas la réalité .
C’est leur donner les moyens de comprendre la complexité de l’humain .