Plusieurs passants s'écartèrent vivement pour le laisser passer.
Un choix judicieux. On n'arrête pas trois cents kilos de détermination
sans une solide préparation ou un bol de pâtée.
L'animal avait traversé une large voie pavée en escalier, composée
d'anciennes bâtisse aux loyers prohibitifs, qui reliait la rue de la
Trique à l'Hôtel-de-Ville. Il stoppa net devant l'entrée d'une vieille
imprimerie et poussa du bout du groin la porte mal refermée.
Les gentils humains seraient fiers de lui.
Aujourd'hui, la ville était devenue moderne. Entendez par là que ses habitants ne se lavaient pas davantage et n'allaient pas plus longtemps à l'école, mais ils avaient la télé.
Jack se tenait dans le dos d'Oliver, en sortie-de-bain nouée à la ceinture.
__ Tu diras à Fiddle, s'il insiste, qu'il va plutôt se prendre une mandale.
__ Je croyais que la violence ne résolvait jamais rien protesta l'agresseur.
__ Ca, c'est ce que disent tous ceux qui n'ont pas un fusil de leur côté, répondit Oliver en ouvrant les doigts de l'homme. A présent, je pense qu'il serait avisé de rentrer chez vous. Je vais faire de même.
Le slogan de campagne d'Oliver était "Des promesses toujours respectées". Du coup, il n'avait fait aucune promesse.
- Cette saleté de terrain acheté hors de prix serait d'une "rare valeur archéologique". Par conséquent, il est impossible d'y construire quoi que ce soit tant qu'il n'a pas été exploité par l'université.
- Pas de chance, vraiment.
Oliver se souvenait d'avoir passé une nuit entière, le mois dernier, à y répandre des morceaux d'amphores et autres céphalopodes fossilisés en compagnie de Jack. De quoi remplir une seconde fois les réserves du Louvre.
Il se fit d'ailleurs la réflexion que la majorité des pièces en provenaient réellement.
- Vous avez mis une telle pagaille dans la ville dans l'unique but de le faire parler ?
Oliver haussa les épaules.
- Un peu par plaisir aussi, admit-il. Les électeurs aiment le spectacle.
La police était une drôle d'institution. On vous faisait confiance pour vous autoriser à porter une arme, mais vous deviez passer par trois responsables pour obtenir un Bic.
Vous qui travaillez, vous avez l'habitude d'être dépouillés. C'est, vous dit-on, le prix à payer pour des hôpitaux qui manquent de moyens, des écoles qui manquent de moyens, une justice qui manque de moyens. Beaucoup, ici, travaillent quarante heures par semaine et renoncent chaque année à leurs rêves. On ne peut continuer d'invisibiliser le problème. Vous n'avez qu'une seule vie et vous la passez à travailler avec pour seul réconfort celui d'avoir réussi à payer vos factures. Jusqu'aux suivantes, le mois prochain. Cela arrive parce que nous avons accepté que des actionnaires dirigent notre vie ; que du jour au lendemain, ils décident de tripler le prix d'un carburant que vous utilisez pour les servir. Cela arrive parce que nous avons accepté que d'un jour à l'autre, un type rachète le brevet d'un médicament orphelin et en multiplie le prix par trois cents. Aujourd'hui, alors que nous sommes pourtant essentiels, beaucoup d'entre nous ont froid à cause d'eux lorsqu'ils rentrent du travail. Beaucoup ont faim. Beaucoup y perdent leur santé.
Vous qui travaillez, vous avez l'habitude d'être dépouillés. C'est, vous dit-on, le prix à payer pour des hôpitaux qui manquent de moyens, des écoles qui manquent de moyens, une justice qui manque de moyens. Beaucoup, ici, travaillent quarante heures par semaine et renoncent chaque année à leurs rêves. On ne peut continuer d'invisibiliser le problème. Vous n'avez qu'une seule vie et vous la passez à travailler avec pour seul réconfort celui d'avoir réussi à payer vos factures. Jusqu'aux suivantes, le mois prochain. Cela arrive parce que nous avons accepté que des actionnaires dirigent notre vie ; que du jour au lendemain, ils décident de tripler le prix d'un carburant que vous utilisez pour les servir. cela arrive parce que nous avons accepté que d'un jour à l'autre, un type rachète le brevet d'un médicament orphelin et en multiplie le prix par trois cents. Aujourd'hui, alors que nous sommes pourtant essentiels, beaucoup d'entre nous ont froid à cause d'eux lorsqu'ils rentrent du travail. Beaucoup ont faim. Beaucoup y perdent leur santé
Mais l'honnêteté ne payait pas. Celui qui avait affirmé le contraire était certainement mort de faim et de froid après avoir essayé.