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3.77/5 (sur 80 notes)

Nationalité : France
Biographie :

Ludovic Slimak est l'un des meilleurs spécialistes des sociétés néandertaliennes.

Chercheur au CNRS et auteur de plusieurs centaines d'études scientifiques sur ces populations, il a dirigé des missions archéologiques de l'équateur au cercle polaire.

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Citations et extraits (21) Voir plus Ajouter une citation
En 2006, je me décidai à partir pour la Sibérie occidentale afin d'y présenter mes recherches sur les dernières sociétés néandertaliennes au Congrès archéologique nordique. Cette aventure allait finalement me mener durant quelques années sur les flancs occidentaux et sibériens de l'Oural polaire, sur les traces des tout premiers peuplements boréaux. On y croise aujourd'hui, perdus dans des immensités sauvages, datchas, taïga polaire et anciens goulags où s'est réfugiée, plus qu'ailleurs peut-être, une certaine mélancolie de l'âme slave, enchâssée dans des barres de béton, échouée dans d'immenses vestiges industriels, cadavres rouillés des idéaux soviétiques. Ces carcasses de fer et de pierre ne m'enchantaient guère, mais il y séjourne une profonde humanité, touchante, troublante. Je voulais la vivre, aussi. Et puis... les espaces boréaux m'avaient toujours attiré. Néandertal était-il, ou pas, une créature polaire? N'avait il pas passé l'essentiel de son existence sous les affres de la dernière glaciation? Mais que venaient faire les anciennes sociétés du Paléolithique en zone polaire durant les phases climatiques les plus rigoureuses alors enregistrées sur terre en un million d'années?
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”C'est propre les mathématiques. Ça présente bien. Ça se publie dans les grandes revues scientifiques internationales. Mais on ne fait pas de la science avec de la technique et on ne comprend pas l'humanité sur des concepts statistiques trop gentiment ordonnés. Ce n'est pas raisonnable. La matière humaine se fonde sur l'irrationnel. L'homme, ça sent mauvais, ça suinte, ça va jamais comme il faudrait, ça ne correspond à rien de vraiment quantifiable. Ça ne se met pas si facilement en boîte. Je ne suis pas sûr qu'il soit raisonnable d'étudier un truc irrationnel et qui sent avec des mathématiques.
Face a cette matière si peu présentable, cette matière vilaine, la volonté de se réfugier dans les outils géniques, statistiques, radionumériques, bien propres, bien présentables, bien quantifiés, qui rentrent pile poil dans les cases, ne représenterait-elle pas, déjà, une forme de pudeur, une sorte de refus ou de négation face à ce que nous sommes ?” (Page 143)
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Il existe pourtant bien des cultures néandertaliennes très marquées. Nous autres, Homo sapiens citadensis, sommes absolument normés par notre société. Il suffit simplement de se balader dans la rue quelques instants pour constater que l'expression de la diversité se réduit peu ou prou à la coque que l'on va poser sur son smartphone ou bien à la couleur de voiture que l'on choisit. En réalité, nos sociétés ne tolèrent aucune expression réelle de pluralité. Tout est dans la coque. Si dans notre société occidentale les femmes peuvent porter aujourd'hui les cheveux longs ou courts, un pantalon ou une jupe, se maquiller ou non, la réciproque est bien plus problématique pour un homme. Nous nous inscrivons au sein d'une société surnormative, sclérosante, mais c'est au fond le propre de toutes les sociétés sapiens, actuelles, subactuelles et aussi, de toute évidence, passées. Dans toutes les sociétés de notre espèce, et en tout temps, la différence est très mal perçue et n'est tolérée que dans ses marges les plus superficielles. Il s'agit déjà là, probablement, d'éthologie, d'un phénomène enraciné profondément dans nos gènes et non d'un simple fait culturel. Nous vivons engoncés au sein de représentations très normées. Pour l'habillement, par exemple, nous parlons de codes vestimentaires. Grâce à ces codes sociaux, nous reconnaissons notre groupe et nous dissocions des autres, l'Autre étant par définition suspect de beaucoup de choses, de toutes choses répréhensibles d'ailleurs, puisqu'il n'est pas comme nous. Nous rentrons tout, toujours, de manière contrainte, dans une case, dans une catégorie. Ces codes culturels peuvent avoir été transmis sur plusieurs dizaines de générations par le passé, sans avoir fondamentalement été transgressés.
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Se désolidariser de toute pensée partagée, de toute pensée dominante, ne peut mener à aucune forme de reconnaissance du corps social.
Elle ne peut mener qu'à l'isolement, la soustraction, la mise à l'index. Et ce pas de côté, ce franchissement, cette transgression ne permettent aucune marche arrière. C'est s'engager dans des détours, des déviations vers lesquelles aucune destination n'est jamais signalée. Et dans nos natures, on s'y refuse, toujours, instinctivement.
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Finalement le cannibalisme ne se limite pas à la préparation d'un steak de grand-mère sauce tartare ,mais nous parle des structures de nos émotions ,de notre rapport à l'amour et de l'acceptation delamort ,sous condition d'une forme de survie en soi.
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Ludovic Slimak
Il existe pourtant bien des cultures néandertaliennes très marquées. Nous autres, Homo sapiens citadensis, sommes absolument normés par notre société. Il suffit simplement de se balader dans la rue quelques instants pour constater que l'expression de la diversité se réduit peu ou prou à la coque que l'on va poser sur son smartphone ou bien à la couleur de voiture que l'on choisit. En réalité, nos sociétés ne tolerent aucune expression réelle de pluralité. Tout est dans la coque. Si dans notre société occidentale les femmes peuvent porter aujourd'hui les cheveux longs ou courts, un pantalon ou une jupe, se maquiller ou non, la réciproque est bien plus problé- matique pour un homme. Nous nous inscrivons au sein d'une société surnormative, sclérosante, mais c'est au fond le propre de toutes les sociétés sapiens, actuelles, subactuelles et aussi, de toute évidence, passées. Dans toutes les sociétés de notre espèce, et en tout temps, la différence est très mal perçue et n'est tolérée que dans ses marges les plus superficielles. Il s'agit déjà là, probablement, d'éthologie, d'un phénomène enraciné profondément dans nos gènes et non d'un simple fait culturel. Nous vivons engoncés au sein de représentations très normées. Pour l'habillement, par exemple, nous parlons de codes vesti- mentaires. Grâce à ces codes sociaux, nous reconnaissons notre groupe et nous dissocions des autres, l'Autre étant par défini- tion suspect de beaucoup de choses, de toutes choses répré- hensibles d'ailleurs, puisqu'il n'est pas comme nous. Nous entrons tout, toujours, de manière contrainte, dans une se, dans une catégorie. Ces codes culturels peuvent avoir été transmis sur plusieurs dizaines de générations par le passé, sans avoir fondamentalement été transgressés.
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Tout est irrationnel, investi de valeurs inquantifiables.
Et si c'était cette irrationnalité-là qui définissait vraiment, parfaitement, la matière humaine? L'humain ne serait ni l'outil, ni la bipédie, ni la pensée, ni l'altruisme, mais notre capacité à créer un monde qui ne connait aucun écho évidant dans les lois naturelles. Notre capacité à retourner la réalité du monde, à basculer les lois de la nature afin de les assujettir, totalement, à notre regard. Irrationnel, bien sûr. "Le cœur à ses raisons que la raison ne connait pas" ne définirait pas le cœur, mais la matière humaine, dans sa totalité.
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”Je me pensais libre. On se pense toujours libre en général. Mais on est toujours prisonnier de soi. Il faut pourtant accepter de le faire, parfois, ce pas dans l'inconnu. Accepter, cette transgression devrait constituer le premier enseignement de la pensée scientifique. Apprendre à se faire mal, à rejeter ces logiques. À ne plus rejeter l'impossible. A réviser à chaque pas le champ des possibles qui nous encadre. Aimer le doute. Vous voulez savoir ce qu'est une véritable découverte scientifique ? Et bien c'est la compréhension de quelque chose qui nous semble impossible. Plus précisément, c'est la démonstration que quelque chose qui nous semble un peu ridicule, Un peu risible, est une réalité. Si la découverte ne se frotte pas au bon sens, ne l’écorne pas, vous pouvez être sûr que la découverte est très secondaire. Ne constitue pas un pas. Un franchissement. Si vous transgressez la notion commune du réel. Si l'idée a l'air bien ridicule, au point que vous oseriez à peine la verbaliser, alors vous touchez à la science. Vous avez franchi ce pas, cette transgression vers l'inconnu. Mais par définition, la conscience, le bon sens bloquent l'information. Bloquent toute pensée réellement libre. Tenez-le-vous pour dit.” page 12
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Notre lointain Néandertal, humanité éteinte, n'échappe
pas plus que nous-mêmes à ces structures du vivant. Il nous revient, à nous chercheurs, d'en prendre pleine conscience et de ne pas, de ne plus, limiter nos regards à des approches positivistes, mécanistes, statistiques, quantifiées, rationnelles, qui représentent une négation même de la nature humaine. Une déviance scientiste de nos regards sur le monde. Ce positivisme-là, qui n'analyse chez l'humain que ses structures superficielles mathématiquement perceptibles, est une dérive, un échec, un écueil de la pensée. Ce positivisme porte, en lui, une forme de négationnisme et de la nature humaine, et des logiques animales enracinées en l'homme. Il se cache derrière des graphes, des mesures, des tableaux, pour ne pas avoir à regarder de trop près, droit dans les yeux, le fond de la nature humaine. Elle est rigueur, certes. Mais cette rigueur a la pertinence du statisticien comptant le nombre de gouttes d'eau contenues dans l'océan. Elle est prudence, aussi. Mais cette prudence est celle de la pudeur. Cachez cet homme que je ne saurais voir...
En limitant l'homme à sa rationalité quantifiable, en vérité, ce positivisme s'espère science.
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Les phrases choisies, sélectionnées, filtrées, se recoupent remarquablement et laisse entendre non pas que les Taino ou les San voient les Occidentaux comme des magiciens ou des hommes du ciel, mais que ce sont bien les Occidentaux, au travers de leurs filtrent mentaux qui, parmi mille phrases, retiennent ce qui dans le regard de l'autre lui permet de se positionner comme un être dont l'essence es supérieure, éthérée, divine.
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