Luke Scull

Kayne soupira doucement, même s'il n'était pas surpris. Il connaissait Jerek depuis longtemps.
- Quelque chose chez lui m'agace, poursuivit le Loup. Il est tout le temps en train de se tripoter le nez. Je pense que c'est peut-être un genre de lopette. Il ferait mieux de ne pas me regarder bizarrement ou je lui arracherai le nez. Sale connard.
- Le mieux, c'est de l'ignorer, répondit le vieux barbare. Nous aurons besoin de son alchimie plus tard. Ne va pas créer d'ennuis.

Kayne frotta de la main son menton hérissé. Il fallait qu'il rase tout ça.
- Entre ce qu'on dit et ce qu'on fait, il y a un monde, énonça-t-il lentement. Une personne peut présenter autant de facettes qu'il y a de gens qui croiront en elle, mais on ne connait jamais la vérité sur son caractère tant qu'il n'a pas subit l'épreuve de la réalité.
Le front de Brick se plissa sous l'effet du désarroi.
- Je ne comprends pas.
- Les mots, ça ne veut rien dire. Se montrer aimable n'a rien à voir avec de la sincérité. Le moment venu ce sont tes actions qui te définissent.
Brick hocha lentement la tête.
- Tu es quelqu'un de bien, Brick. Ne fait jamais quelque chose que tu sais mal au fond de toi juste parce qu'on t'a ordonné de le faire. Même si ce "on" est ton oncle Glaston.

Le Loup s'approcha d'un pas tranquille et s'assit à côté de lui.
- Putain de temps qui me donne envie de dégueuler, se plaignait-il. Plus trempé qu'une pute à la vue d'une pièce d'or et tout aussi mauvais.
Il cracha par-dessus bord.

Eremul essuya la sueur de son front et tenta de se sécher les mains sur ses robes sales. Il ne réussit qu'à étaler de la boue, de la sueur et d'autres saloperies sur ses paumes et ses vêtements sales. Etouffant un juron, il plissa les yeux sur la colline qui surplombait le port, tentant de repérer le bâtard qui avait renversé sa chaise avant de décamper avec une poignée de pièces qu'il n'avait pas mérité de gagner, loin de là.
Les agents de la Dame Blanche seront sans aucun doute impressionnés de faire ma connaissance, se dit-il.
Sale, couvert de bleus et sentant la merde. Parfait.

- ça suffit! tonna Cole, d'une voix dont il espérait qu'elle résonne avec autorité.
Il tendit le bras sous son manteau et posa une main sur la garde de Fléaumage. Pour une raison ou pour une autre, ses mains s'étaient mises à trembler. Ce n'était pas prévu.
Il poursuivit néanmoins.
-Puisque vous deux, fils de putes, êtes trop stupides pour le comprendre, vous vous adressez à un Exalté. On attend cet homme à l'Obélisque. Je l'emmène avec moi.
La sueur avait commencé à couler sur son front. Il tenta de la faire disparaître par la pensée, sans succès.