Sur « Les Demoiselles d’Avignon », de Picasso
La crainte de la syphilis, la peur primordiale de la femme qui peut la transmettre, Picasso les voit, les lit partout autour de lui. C’est au début du siècle en effet que culmine, avec la dénonciation des “filles de noces” celle du “péril vénérien”. Dans une société qui se médicalise, la place faite à la vérole l’emporte même, pour un temps en tout cas, sur celle qui est accordée à la tuberculose. Les trompettes de la renommée sonnent plus fort, on les entend en d’autres lieux plus officiels – l’armée par exemple – et les terreurs que suscite la syphilis engagent les générations, les héritages. Ce nom maudit envahit les lieux publics et jusqu’aux vespasiennes. (…) Un dessin à l’encre réalisé au début du siècle par Picasso atteste que la décoration de ces édicules ne lui a point échappé : il lui a donné un nom, “scène de rue”.
Oh ! la lecture, c'est mon repos, ma joie (Jean Jaurès - d'après Maurice Barrès)