Maggie Stiefvater -
Fusion .
Maggie Stiefvater vous présente son ouvrage "
Fusion" aux éditions Hachette.http://www.mollat.com/recherche/auteur/%20Maggie%20
Stiefvater.htmlNotes de musique : Anton von Webern - 1 Im sommerwind
_Je ne veux pas recommencer, Grace. Ca ne me suffit plus de t’observer de loin, des bois, pas maintenant que je vis avec toi – pour de bon. Je ne peux plus me contenter de te regarder. Je préfère courir le risque, quel qu’il soit, même celui de…
_Mourir.
_Oui, même mourir – plutôt que voir de loin tout ça disparaître. Je ne peux pas m’y résoudre, Grace. Je veux tenter le coup.
Les secrets sont des choses étranges.
Il en existe de trois sortes. Pour la première, que tout le monde connaît, il faut au moins deux personnes : une pour garder le secret, et une autre pour l’ignorer. La deuxième comprend des secrets plus obscurs, ceux que l’on se dissimule à soi-même. Chaque jour, des milliers de gens taisent des milliers de choses à d’éventuels confesseurs, sans que quiconque se doute que toutes ces révélations inavouées se résument en trois mots : j’ai peur. Puis il y a la troisième sorte de secrets, les mieux cachés. Personne ne se doute de leur existence et, si quelqu’un les a connus autrefois, il les a emportés dans sa tombe. Certains, inutiles, hermétiques et solitaires, restent à jamais inconnus, faute de gens pour les découvrir. De loin en loin, il arrive qu’un secret le demeure parce qu’il s’avère trop vaste pour que l’esprit le saisisse. Trop étrange, trop immense, trop terrifiant à contempler.
En entrant au 300 Fox Way, le Gansey de papier glacé trop sûr de lui qu’elle avait rencontré la première fois se muait en spectateur plein de modestie et de passion, bien qu’inapte aux arts de l’intuition. Il ressemblait à un touriste privilégié dans une contrée sauvage : flatteusement curieux, inconsciemment insultant et parfaitement incapable de survivre par ses propres moyens.
Chacun nourrit l'espoir secret que ceux qui lui sont chers s'entendront bien entre eux.
" Pendant qu'elle laissait goutter de l'extrait de menthe dans des gobelets en carton, je me suis tournée vers Sam et j'ai saisi son autre main. Je me suis mise sur la pointe des pieds et je l'ai embrassé prestement sur les lèvres.
- Attaque-surprise!
Sam s'est penché et il m'a embrassé lui aussi, sa bouche s'attardant sur la mienne, et le contact rude de ses dents contre ma lèvre inférieure m'a fait frémir.
- Attaque-surprise-retour."
C'est tout ce que tu as à proposer? railla-t-elle d'un ton provoquant, mais d'une voix si douce que je posai à nouveau mes levres sur les siennes, dans un baiser tout différent, de six années à rattraper. Ses lèvres parfumées d'orange et de désirs s'animèrent. Ses doigts remontèrent mes pattes, s'enfoncèrent dans mes cheveux, se nouèrent derrière ma nuque, vivants et froids contre la chaleur de ma peau. Je me sentais et sauvage et apprivoisé, atrocément déchiré et contraint d'exister.
_Tu veux parler, alors parfait, parle! Raconte-moi quelque chose que tu n'as encore jamais dit à personne.
J'ai réfléchi.
_Parmi tous les animaux de la planète, les tortues sont les deuxièmes pour la taille du cerveau.
Isabel a réagi au quart de tour:
_C'est faux!
_Je sais, c'est bien pour ça que je ne l'ai encore jamais dit à personne.
CHAPITRE 36 - Sam - 9°C
" Je me souvenais de l'expression de Shelby lorsqu'elle me proposa :
- Tu veux voir mes cicatrices ?
- Tes cicatrices de quoi ?
- De quand j'ai été attaquée. Par les loups.
- Non.
Elle me les montra tout de même. Son ventre était tout couturé de chéloïdes qui disparaissaient dans son soutien-gorge.
- Je ressemblais à un hamburger, là où ils m'ont mordue.
Je ne voulais pas entendre.
Shelby ne baissa pas son chemisier.
- Ca doit être l'enfer, pour ceux qu'on tue, commenta-t-elle. Nous sommes sans doute la pire façon de mourir. "
-Je m'appelle Blue Sargent.
- Boulou?
- Blue.
- Blouse?
Blue poussa un soupir.
- Jane, dit-elle.
- Oh, Jane ! J'ai cru un moement que vous disiez blue !
- Bonjour, parents de Grace! Je suis son petit-ami, et je vous prie de remarquer qu'une distance honnête nous sépare. Je suis très sérieux, et je n'ai jamais mis la langue dans la bouche de votre fille.