C'était tout ce qu'il possédait : le parfum pur d'un nouveau livre, les mouchetures et les volutes de la calligraphie, le son réconfortant d'un mot qui tombe au bon endroit. Mais à présent, des voleurs étaient à l’œuvre, tentant le priver de son unique plaisir, des chapardeurs d'alphabet, des voleurs de vocabulaire, des pilleurs de lexique, attentifs à tous les périls inhérents à l'onomatopée, aux sombres intentions de l'allitération, aux risques de la rime. Il voyait ses expressions favorites rouler leurs matelas, fermer leurs valises, rendre leurs clefs et faire la queue pour monter dans les trains et les bus qui allaient les emmener dans des lieux bien éloignés de la Vallée.