Une fois qu'on cesse d'écouter, on commence à entendre.
Le rythme chaotique de la pluie contre la fenêtre. Le vent comme le chant d'une sirène ou les murmures d'un amant. Se réveiller le matin et savoir, sans même regarder, que la neige est tombée - on apprend à entendre quand le sol au-dehors en est recouvert.
Et la beauté des choses - elles sont tellement plus belles qu'avant. Et pourtant, non. Elles n'ont pas changé, mais on les voit, maintenant.
Je me suis dit que Mona était chez elle ici, seulement ici. Cet endroit était toute sa vie, et elle sera toujours là, d'une certaine façon, tant que maman et moi on se souviendra d'elle, les pieds dans le ruisseau ou ramassant des mûres. C'est comme ça que les gens vivent pour toujours, je crois, dans les petits souvenirs qui restent dans les endroits familiers. (p.147)
Je crois que l'instinct nous pousse à sauver ce que l'on risque le plus de perdre.
La peur non plus n'est plus la même depuis La Fin. Elle ne part jamais, alors elle n'est plus aussi puissante qu'avant. Autrefois je m'inquiétais des factures d'assurance, du fait que mon jean était trop serré ou que j'avais l'air vieille. Maintenant je m'inquiète de la récolte des pommes de terre, et je crains que quelqu'un arrive un jour et nous tue. Et je m'inquiète du néant qui est partout.
Je le vois tout le temps - nous ne sommes jamais séparés - mais c'est ça qui rend une personne invisible, le fait de la voir tous les jours. les gens disparaissent en compagnie les uns des autres. (p.64)
J'ai regretté de lui avoir posé la question, parce que maman devient silencieuse quand on parle d'autrefois, et ce n'est pas le genre de silence qu'il y a quand on travaille, c'est celui de quand il n'y a pas les bons mots. (p.19)