Citations de Mara Tremblay (22)
Dans sa main, j’ai senti ma vie se blottir.
Mon cœur s’ouvrir.
Ma sexualité s’épanouir.
Dans sa main, je suis tombée amoureuse.
Je me suis assise dans l’auto de location, figée par le coup au cœur que je venais de recevoir.
Je suis amoureuse d'un homme que je ne connais que de l'effleurement.
La rivière me traversait le corps de son mouvement.
Tout était si doux.
Deux arbres amoureux dansaient devant moi et leur spectacle était très touchant.
Parle, nature, parle.
Je t'entends et j'ai besoin de tes paroles.
Le printemps ne voulait rien savoir de venir, cette année-là.
C'était dur.
Pas de soleil.
Manque de vitamines.
Manque de lumière.
J'avais hâte d'ouvrir grand les fenêtres, de respirer plus loin.
(...)
Enfin un peu de soleil. Je revivais.
C'est comme si on oubliait.
Le soleil est une nourriture.
Je ne pourrais pas vivre sans lui.
Mon coeur brisé dessinait.
Comme jamais.
Inondation de création.
Les sonates de Chopin pour violoncelle et piano.
Intense.
Le violoncelliste fausse dans les hautes.
C'est dans les moments de transes qu'il oublie la précision de ses doigts.
J'avais hâte de me mettre ce paysage dans les yeux, de le sentir dans mon nez, de l'entendre dans mes oreilles et de le sentir avec mon coeur. Nature, nature, nature... De ma fenêtre, j’apercevais le soleil qui se déposait sur le sommet de cet érable que j'aimais tant. Splendeurs d'automne.
La transformation.
C'était le sentiment le plus fort et le plus puissant que mon corps ait connu.
Belle vie dans mon ventre qui bougeait. « Je suis là, maman, je m'étire, je perçois, j'écoute ! »
J'évoluais.
Je m'ouvrais sans cesse.
J'apprenais à sourire.
Pour lui aussi.
Quand il me souriait, les bobos se pansaient.
Quand je lui souriais, je sentais une confiance, une approbation que tout allait bien.
Tout allait bien.
C'est si bon de sourire.
De se sourire.
Les enfants sont si merveilleux, si grands de sourires.
Transformation des fonctions de perception. Les sens qui s'ouvrent et accueillent la nature, la vérité et la pureté. Enfin sentir la rivière vibrer dans mon sang, pénétrer mon âme et me laisser couler avec elle. Les odeurs. Que dire des odeurs ? Je n'y étais pas encore et j'en bavais.
Il jouait dans la neige sans se fatiguer et c'était toujours aussi beau de le voir découvrir la vie. Il dansait, il dansait et il dansait.
Un paysage au ciel troublé. Mais magnifique. Lorsque la tempête et l'orage se sont montrés au ciel, j'ai compris. Cet orage était le miroir de ce qui se passait à l'intérieur de moi. Un grand bouleversement. La foudre. Elle m'a enflammée jusqu'aux racines. J'ai ressenti une grande douleur et une irrésistible et délicieuse envie de lui. Envie de l'aimer.
Je dois dorénavant régner sur le pays de ma vie et faire naître le bonheur et la paix pour les gens qui m'entourent. Surtout mes enfants. Mes enfants.
C'est une trêve.
Une respiration hors de l'eau du trouble de ma tête.
Une pause de la folie.
Un goût de bonheur qui me revient.
Une envie de vivre.
Enfin.
Je suis fatiguée de vivre.
Je sais que tout s'enligne pour être magnifique, mais je suis épuisée.
Nous roulerons.
Et tout le printemps nous aurons un problème de vitesse.
Les outardes déménageront.
Les mouettes perdront leurs plumes.
Rouge profonde.
Jaune lumineux.
La clarté me plaît.
J'ai envie de rentrer dedans. La pénétrer.
Flotter sur ses mers, ses paysages de paradis.
J'aimerais tant aller me promener en forêt. Respirer profondément. Regarder profondément. Accueillir la beauté.
Je ne suis pas amoureuse.
Je suis malade.
Conserver le bonheur de cette solitude un moment. J'aime regarder les hommes et les trouver charmants. Ou pas. J'aime deviner où ils en sont dans leur vie. Ce qu'ils ont fait de leur bagage, de leur coeur. Qu'ont-ils au fond des yeux ? Je n'ai jamais pris le temps de regarder : j'avais tout le temps quelqu'un au coeur.
Il n'y a pas de solitude possible avec les plantes. On se dit bonjour le matin, bonne nuit le soir. Elles m'offrent leur beauté et leur santé en échange de mon amour. Elles se développent et font des bébés. Certaines d'entre elles sont dans ma vie depuis plus de vingt ans.