Ton nom, à toi ?
Plus de nom.
Le jeune milicien raidit son dos. L'homme explique, sur un ton raisonnable :
Je l'ai déjà donné tant de fois. La dernière, on ne me l'a pas rendu.
Tendant ses moignons de mains vers ses moignons de pieds :
Et si tu peux aussi retrouver mes doigts ou mes orteils.
Son regard caresse la toundra… Ce qui bouge, court, vole, n’importe qui peut le distinguer. Mais se mettre dans la peau du gibier, deviner où il va se cacher, se confondant à la neige, à la terre, aux ombres, aux reflets. Courir sur quatre pattes, ramper, se couler, profiter d’une saute de vent, de l’ombre d’un nuage, d’un éclair de soleil, d’une averse, de la diversion provoquée par le cri ou la fuite d’un autre animal, c’est l’affaire du vrai chasseur. Un enfant, Korneï le sait sans avoir à le formuler, est plus proche de l’animal que de l’homme. Dans son innocence comme dans sa malice.