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Citations de Marc Valleur (66)


Si les addictions sont des substituts de masturbation, il convient de les traiter de la même façon et simplement de les déconstruire en tant que pathologies, pour les normaliser et déculpabiliser des sujets dont la souffrance n'est induite que par la répression sociale et le regard moralisateur des autres. C'est d'ailleurs le cas de tous les usages de drogues, licites ou illicites, abusivement assimilés à la toxicomanie : l'usage n'est pas la dépendance, et il s'agit de déconstruire les modèles qui, au nom de la santé publique, vont assimiler à une toxicomanie toute conduite « sanitairement non correcte », par exemple confondre abus et dépendance, alcoolémie au volant et alcoolisme chronique.
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L'addiction n'est pas une "simple" dépendance, mais un envahissement total de l'existence, qui devient en quelque sorte une nouvelle identité pour le sujet.
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... en matière de dépendances ou d'addictions : la liberté n'est ni l'autisme ni le renoncement à toute forme de lien, mais au contraire le choix assumé de ces liens. Elle revient à disposer de suffisamment d'objets potentiellement addictifs – des centres d'intérêt suffisamment variés – pour que les dépendances « inévitables » soient le plus proche possible d'un « choix libre ».Le contraire de l'addiction n'est donc pas la liberté, mais une « démocratie psychique » (selon la formule de Claude Olivenstein à propos du but de l'intervention en toxicomanie) qui consiste à vivre diverses formes de dépendance, dont la variété et la multiplicité sont le meilleur garant contre l'enfermement aliénant envers un objet unique ou une séquence de vie stéréotypée répétée à l'infini.
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La recherche inconsciente de punition peut rapprocher le joueur de certains codépendants, qui supportent de façon sacrificielle des situations de maltraitance, comme s’il s’agissait d’un châtiment justifié. Nous avons vu que nous pouvons appeler cette recherche inconsciente le « masochisme moral".
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Biologie, psychologie, sociologique, anthropologie: bien des disciplines sont convoquées par les tentatives de fournir un modèle explicatif des différentes conduites addictives. Souvent chaque discipline tente, de façon hégémonique, de donner un modèle explicatif global, et la division des savoirs entre ces disciplines rend très difficile la constitution de modèles complexes, pourtant nécessaires, qui intégreraient les données de tous les "abords particuliers".
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Ainsi définitions-nous comme un addict "toute personne dont l'existence entière est tournée vers la recherche des effets produits sur son corps et son esprit par une subsatnce plus ou moins toxique (drogue tolérée, interdite, prescrite) ou une conduite (jeu, conduite alimentaire, sexe, Internet, achat, etc.), sous peine d'éprouver un intense malaise physique et/ou psychologique".
On peut commencer à parler d'addiction dès lors qu'une conduite envahit toute la vie du sujet, au point de l'empêcher de vivre. L'objet de l'addiction est plus que le centre de la vie, il centre la vie de l'addict et le définit.
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Bien des toxicomanes parlent de leur première rencontre avec la drogue comme d'une révélation, un véritable coup de foudre.
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Comme la dépendance, l'amour est autant dans le sujet que dans l'objet, il est autant une attitude envers la vie que le résultat d'une rencontre.
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Contrairement aux termes en isme (alcoolisme, saturnisme, etc.), qui désignent des intoxications, ou aux formes passives (drogué, morphinisé, etc.), qui eurent le même sens, la "manie (folie) du toxique" renvoie au début du siècle, à l'époque de la dégénérescence comme grand cadre explicatif des troubles psychiatriques.
Le médecin français Chambard soulignait dès le XIXème siècle que tous les morphinisés (intoxiqués par la morphine) ne devenaient pas morphinomanes. Par ailleurs, ces morphinomanes étaient souvent aussi héroïnomanes, cocaïnomanes, alcooliques. Il était plus simple d'utiliser un terme général, qui désigne étymologiquement une "folie pour les poisons": le terme générique de "toxicomanie" est donc, dès l'origine, synonyme de nos actuelles "polytoxicomanies".
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Peu de domaines des activités humaines échappent en effet à la possibilité d'abus ou de dépendance
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Le «droit au plaisir», la liberté de tout montrer ont conduit, avec la grande liberté d'Internet, à une diffusion sans précédent de la pornographie, qui devient le mode principal d'éducation sexuelle.

Il y a, dans l'optique de la libération, bien des avantages à cela : il n'est plus guère de minorité qui soit vraiment orpheline, et chaque tendance un tant soit peu originale, notamment quant aux pratiques sexuelles, trouve à se rassembler et à s'épanouir.

Mais la nécessité commerciale de vendre au plus grand nombre ne tire pas la majorité des nouveaux médias vers plus de culture, et, au contraire, risque de tendre vers la facilité d'un appel aux pulsions, en évitant toute interrogation sur le désir...
[p. 123]
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"Vivre devient peu à peu l'équivalent de consommer, l'identité se construit à l'aide d'objets marchands, et le bonheur, ou le «souverain bien» d'Aristote, se réduit à une liste de courses dans le panier du consommateur.

Les clips de rap sont l'une des meilleures illustrations de cette culture populaire de la consommation généralisée : les rebelles, les marginaux, les voyous, se distinguent par les grosses bagues et les voitures de sport aux couleurs criardes, les femmes-objets servant d'ustensiles de décor à cette promotion du «bling-bling», le «dealer», le marchand, prenant la place du drogué, le client, comme idole sulfureuse et modèle d'identification pour des adolescents."
[pp. 121-122]
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"L'attitude «rock and roll», «rebelle», «libérée», fut donc aussi, dès son origine, une grande libération dans la publicité et le marketing à destination des jeunes, qui devenaient un groupe disposant d'un certain pouvoir d'achat, avant de devenir le groupe prescripteur de la consommation familiale. Là encore, sous les couleurs de la libération du désir des jeunes, c'est leur embrigadement comme agents publicitaires de marques, ou de disques, ou de boissons, ou de cigarettes, qui est mis en œuvre.

Tous les champs de culture sont concernés, tous les mouvements, et tous les objets de consommation. En 1968, l'une des grandes figures des mouvements contestataires en France, Wolinski, libertaire et homme de gauche, fut aussi l'auteur des dessins d'une grande campagne publicitaire pour une barre chocolatée, promue par le slogan « Un coup de barre... et ça repart ! », au point qu'acheter ces friandises pouvait être vécu comme un acte libérateur, presque contestataire.
[pp. 120-121]
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La récupération des mouvements libérateurs à des fins de consommation est en effet devenue une constante de notre société, et dépasse de loin le simple champ de l'usage de tabac ou d'alcool par les femmes. [p. 119]
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"Les premières campagnes, destinées à féminiser la cigarette en faisant fumer des artistes célèbres, ne donnèrent pas de résultat. Bernays eut alors l'idée d'associer la cigarette au mouvement de libération des femmes, en appliquant une stratégie commerciale simple.

En 1929, lors d'une parade publique, un groupe de femmes au premier rang de la manifestation brandit ostensiblement des cigarettes allumées, comme signe de protestation et de revendication. Ces «torches de la liberté» signifiaient le refus de l'inégalité entre femmes et hommes.

Cette campagne fut un succès : peut-être fit-elle avancer un peu la cause des femmes, ce qui était l'un de ses objectifs, mais elle bénéficia surtout à la compagnie American Tobacco, dont les chiffres de vente explosèrent. Les débats et les polémiques qui firent suite à la parade des « torches de la liberté » portèrent sur l'image des femmes, leur droit ou non de fumer en public... Le débat lui-même fut une gigantesque campagne publicitaire pour les cigarettes. Nous reverrons que cette «libération» peut passer pour une expression du désir des femmes, mais qu'elle fut surtout l'expression du désir des cigarettiers, qui embauchèrent ainsi gratuitement des agents publicitaires très actifs, et bénévoles...

L'histoire est remarquable, car elle fait plus que démontrer le cynisme de certains publicitaires, prêts à rendre une population entière dépendante d'une substance qui s'avérera très toxique, et cause encore aujourd'hui des millions de morts des suites de cancer ou de maladies cardiovasculaires. Elle montre bien l'interdépendance des mouvements de libération, d'émancipation, et de la montée des addictions dans la société.
[pp 118-119]
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Hannibal Lecter, le cannibale, incarne au plus près les fantasmes qu'inspire la profession de psychiatre : ce vampire des âmes, doté d'une sensibilité extraordinaire aux parfums, aux odeurs, devine les désirs et les peurs de ses interlocuteurs ; il met en acte, avec un raffinement et une esthétique baroques, ce que l'âme humaine recèle de plus cruel, de plus sauvage, normalement de plus profondément refoulé. Quand le spectateur joue à se faire peur en regardant les « exploits » d'Hannibal, il oscille entre la jouissance sadique du criminel et la terreur de la victime, s'identifiant tantôt à l'un, tantôt à l'autre, dans un va-et-vient d'éprouvés, de sensations fortes qui ne sont pas sans rappeler les montagnes russes...
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Les cas les plus impressionnants que nous avons été amenés à traiter sont des hard-core gamers, des « joueurs dures », qui ont consacré à ces pratiques des mois, voire des années de leur vie, de façon exclusive. Grands joueurs respectés (sous la forme de leur avatar), mais aussi grands responsables de guildes, où il leur arrivait d'être à la tête de centaines, voire de milliers, de personnes. Comme ces toxicomanes qui revendiquent leur droit à un plaisir « autre », certains d'entre eux nous disent, tandis qu'ils commencent à se réadapter à la vie ordinaire, celle des études, du travail, de la famille, de l'amour et de l'amitié : « Prouvez-moi que ce monde normal auquel je recommence à prendre part est aussi intéressant que ce monde du jeu que j'abandonne et dans lequel j'ai vécu des aventures extraordinaires... »
De quoi ces « accrocs » aux jeux d'aventure sont-ils dépendants ? La question renvoie, sans surprise, à toutes les causes possibles d'une fuite devant la réalité, d'un refuge dans un monde alternatif. Ils sont en effet dépendants de l'illusion – mais n'est-ce qu'une illusion ? - du pouvoir, dépendants de sensations fortes et du désir d'évasion. Certains, ayant souffert pour « en sortir », trouvent la réalité ennuyeuse, moins passionnante que le monde du jeu : ils sont comparables en cela aux toxicomanes « héroïques » des années soixante-dix qui préféraient, affirmaient-ils, « mourir de plaisir » plutôt que « crever d'ennui ».
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Les sex addicts d'aujourd'hui sont souvent des masturbateurs, parfois parallèlement à une activité auto ou hétéro-sexuelle débridée. L'importance, l'urgence de la satisfaction rend nécessaire le recours à ce que Jean-Jacques Rousseau nommait le « fâcheux complément ». Mais la masturbation est aussi – et nous retrouvons les préoccupations de nos théologiens – le moyen de se livrer, en fantasme, à des activités que le sujet, consciemment, réprouve et auxquelles il ne souhaite pas s'adonner dans la réalité.
Le crime pédophile, le viol, la jouissance du meurtre peuvent ainsi s'accomplir virtuellement, au besoin par l'usage de cassettes vidéo, de visite de sites Internet, de journaux, de photographies. Parmi les cas d'addiction sexuelle exposés par Aviel Goodman, certains comportent cette caractéristique : le sujet demande de l'aide au moment où il craint de mettre en acte dans la réalité cette partie de sa sexualité qu'il réservait jusqu'alors à ses fantasmes masturbatoires. Un homme excité par l'idée du viol peut trouver satisfaction en fantasmant et en se masturbant sur des scènes de viol mises en scène dans des livres, des films, des sites pornographiques, jusqu'au moment où il se sentira proche d'un passage à l'acte dans la réalité. On peut alors supposer que les préoccupations et l'hyperactivité sexuelle ont eu, dans un premier temps, la fonction d'éviter d'en arriver là : cette conduite addictive serait une tentative inconsciente de se protéger de pulsions perverses contre lesquelles le sujet se défend.
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Dans le cas de la sexualité, qu'est-ce qui constitue le « produit », c'est-à-dire l'objet de la dépendance ? A l'instar de la boulimie, le simple « usage » ne saurait constituer la frontière entre le normal et le déviant, puisqu'il fait partie de la norme. L'exercice de la sexualité est considéré comme une nécessité existentielle, et l'abstinence totale ne saurait constituer un objectif thérapeutique, pas plus que le but du traitement de la boulimie n'est l'absence de prise de nourriture.
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Selon Fenichel, la névrose, particulièrement la névrose obsessionnelle, est caractérisée par la lutte du sujet contre des pensées ou des tendances à agir qui s'imposent à lui mais sont vécues comme gênantes et désagréables : ce sont les pensées obsédantes et les actes compulsifs. La perversion, au contraire, est caractérisée par l'accord du sujet avec ses impulsions, même si elles ne sont pas conformes à la morale : il n'y a pas de lutte intérieure dans ces conduites impulsives, dan leurs formes « pures ». Fenichel souligne que, dans la réalité, on a souvent affaire à des formes mixtes : un névrosé obsessionnel peut finir par prendre plaisir à réaliser ses rituels, comme un pervers peut tenter de lutter de façon « névrotique » contre ses impulsions...
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