Il y a du talent chez ce jeune auteur, indéniablement. Mais que la filiation annoncée avec Garcia Marquez est lourde à porter à 25 ans ! Pour ma part, j'ai trouvé le rapprochement avec le lauréat du prix Nobel pour le moins usurpé... jusqu'à la page 189, où le récit décolle enfin après 6 chapitres plutôt laborieux. Téa Obreht nous transporte alors dans un monde totalement surréel qui rappelle vaguement le grand écrivain colombien. Pour ma part, je rapprocherais davantage la narration à celle du fabuleux roman de Thu Huong Duong, " Au zénith " : ce récit respire enfin lorsqu'au milieu, il prend la tournure d'un conte par sa description des moeurs "sauvages" d'un quelconque village d'une contrée lointaine, qu'il s'agisse ici de l'ex-Yougaslavie ou du Vietnam de Thu Huong Duong. Qu'il est fascinant alors de découvrir les croyances et les habitudes d'une communauté recluse sur elle-même ! Le style volontairement évasif aidant, on croit sans peine à toutes sortes d'histoires plus ou moins crédibles : cet homme qui ne meure jamais, cet autre qui se transforme en ours, cette femme prétendument enceinte d'un tigre... L'habileté de l'auteur tient à ce procédé qui consiste à rapporter les rumeurs avec un détachement apparent, laissant au lecteur le soin de croire ou non aux thèses déployées. Mais lorsque le récit revient au réel, au temps présent, il perd de sa force et la conclusion finit par détruire l'édifice fragile patiemment construit, laissant les pièces du puzzle totalement éparses. Promesse d'une future grande oeuvre à venir ?
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Après l’histoire de ces deux îles au large des côtes du Maine et le récit des différentes guerres qui opposèrent leurs habitants au cours du XXeme siècle, on se dit que le roman va vraiment commencer et qu’on va enfin s’attacher aux personnages.... Et puis non, le récit ne décolle pas et se fait même très répétitif et on s’ennuie ferme ! Bref, je n’ai pas accroché du tout ...
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La narratrice est médecin humanitaire dans un pays d'ex-Yougoslavie. Elle relate l'ambiance laissée par la guerre et nous conte la vie de son grand-père qui vient de décédé. Roman entremêlé de contes, d'histoires intercallées.
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Dans un pays ruiné par les guerres dans les Balkans, on suit Natalia, une jeune femme médecin en mission humanitaire. Elle apprend la mort de son grand-père et se remémore son enfance à ses côtés. Elle se souvient des histoires qu’il lui racontait, celle de l’homme-qui-ne-mourra-pas et de la femme du tigre. On oscille alors entre réel et irréel, entre l’histoire familiale et le conte.
Ce roman nous donne à réfléchir sur les ravages de la guerre, sur la difficulté de vivre dans un pays coupé en deux, dans lequel les amis de toujours deviennent des ennemis, sur l’appartenance à une terre et le déracinement. L’autre thème important est la transmission familiale, la transmission des légendes propres à tout peuple.
C’est très bien écrit et même s’il ne se passe pas grand chose on se laisse entraîner avec plaisir à la suite de Natalia. L’alternance entre le quotidien de Natalia et ses souvenirs d’enfance est très bien menée et entretient malgré tout un certain suspense.
Un joli moment de lecture.
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Oui, les personnages sont attachants, oui, le contexte de l'histoire est original et dépaysant, oui tout cela est attrayant. Pour autant, la lecture de ce livre m'a laissée sur ma faim, malgré 450 pages, où finalement, peu de choses se passent, où les digressions s'enchaînent, où on se demande parfois où on va. Il y aurait vraiment une jolie histoire à tirer de ce roman, mais il faudrait enlever le tiers du livre, revoir une structuration alambiquée et surtout creuser le scénario, les personnages. Dommage, car le titre et la 4eme de couverture laissait présager une petite merveille...
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Au début, on se perd un peu dans ces histoires qui s'entremêlent, qui sont en fait sur plusieurs époques. Toute l'intrigue porte sur le grand-père de l'héroïne, son enfance, sa rencontre avec la femme du tigre et l'homme-qui-ne-mourra-pas, et sa propre mort. Écriture à la fois onirique et réaliste, fantastique et terriblement concrète. Un OVNI à découvrir et à lire jusqu'au bout, car le livre, comme le bon vin, se bonifie et devient intéressant au fur et à mesure !
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J'ai bien aimé le contexte. J'ai bien aimé les extraits de livres d'auteurs-spécialistes de la pêche ou scientifiques du 19ème siècle utilisés comme analogies (vie des homards et celle des hommes); mais, dans l'histoire, de nombreux éléments auraient pu être plus "creusés", exploités ce qui nous laisse donc un peu sur notre faim. Quant à la la fin du livre, on la sent vraiment "expédiée, liquidée". Au final, ce fut plutôt une déception. Vraiment dommage !
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Un livre dense qui relate l'histoire contemporaine de Natalia, médecin humanitaire partie vacciner des enfants dans un orphelinat d'une région "bombardée par les nôtres", l'annonce du décès de son grand-père en cours de route, et les souvenirs de Natalia sur la vie passée avec son grand-père...
Prétexte à nombre d'histoires parallèles, récits de croyances religieuses, de superstitions, au sujet des morts qui ne le sont pas vraiment tant que... (lire le livre pour comprendre !).
L'écriture est remarquable, très bien restituée en français par la traductrice.
Attention aux lecteurs "volages" : le roman requiert une certaine dose de concentration pour s'y retrouver avec les personnages passés, présents, réels, imaginaires, originaires de telle région ou de telle autre de l'ex-Yougoslavie... Je ne pense pas que l'on puisse dire que "La femme du tigre" soit un roman facile à lire. Nonobstant, c'est un très bon livre, merveilleusement bien écrit (l'auteur n'a que 25 ans, mazette !) et bien traduit.
Au début, et même pendant un moment, nous hésitons à identifier cette région, ces pays des Balkans, cette guerre : l'auteur ne donne pas de précisions, au lecteur de se refaire l'histoire. Mais une histoire récente et qui pour des lecteurs européens "parle" beaucoup. Et une histoire de l'Histoire remarquablement mise en mots par l'auteur. Au fil du récit, l'on déduit que Natalia est serbe, et confirmation est faite que l'ex-Yougoslavie est cette région des Balkans à laquelle le résumé de l'éditeur fait (prudemment) allusion. L'auteur se réfère à Belgrade comme étant "la Ville", Tito n'est jamais nommé mais désigné comme "le Maréchal"... En revanche, des noms de villages sont réels (Sarobor...).
Les moments forts du roman (méli-mélo chronologique) :
- Avant/après-guerre pour Natalia: Contrôles des passeports aux frontières, attention portée aux consonances des noms de famille, à l'origine religieuse...
La Ville... Bruit des bombes, éclairages rougeoyants des sites en flammes.
Se préoccuper du sort des animaux du zoo, l'éléphant se promenant en ville, le tigre qui dévore ses propres pattes.. les habitants qui déguisés en animal (un pyjama ou un plumeau sur la tête suffisent) font le piquet devant le zoo pendant le couvre-feu.
- Natalia : grand-père orthodoxe, marié à la grand-mère musulmane ("mahométane") de Bosnie qui ont vécu leurs premières années heureuses de mariage à Sarobor dans la région natale de la grand-mère.
- Le "Livre de la Jungle" corné... que le grand-père portait toujours dans sa poche : grâce à Téa Obrecht, nous redécouvrons le bestiaire du roman de Rudyard Kipling ("une mangouste, pas une fouine"... qui s'appelle d'ailleurs Rikki Tikki Tavi (!)). L'affection pour les animaux tient son rôle dans le livre puisque le grand-père a rituellement toutes les semaines emmené sa petite fille au zoo.
-"L’homme-qui-ne-mourra-pas" que croise le grand-père à différentes époques : ce personnage, victime d'un sort l'empêchant de vieillir et mourir, porte sur lui une tasse dans laquelle il décrypte l'empreinte du marc de café bu par ses interlocuteurs et sait immédiatement si ceux-ci vont vivre ou mourir rapidement. NB : Après avoir lu ce livre, qui refera le test du marc de café !
- Les études de médecine de Natalia et Zora et toutes les anecdotes: comment obtenir un passe-droit pour disposer d'un cadavre à disséquer, et la quête illégale d'un moule de crâne de l'autre côté de la frontière... Des moments "drôles" du récit !
- Des histoires dans l'histoire ou bien des "digressions" : la jeunesse de Luka le boucher, jadis musicien traditionnel passionné par son art et sa dérive en boucher violentant sa femme, la vie de Darisa le chasseur d'ours taxidermiste, celle de l'apothicaire musulman contraint de dissimuler son origine depuis l'adolescence...
- Et la Femme du Tigre: sourde et muette, "mahométane", abusée par son mari Luka le boucher, et dont l'histoire (dont Natalia a toujours cru qu'il s'agissait d'une légende) est basée sur un épisode véridique de la jeunesse du grand-père de Natalia : dans son village natal de Galina, où vivaient aussi Luka le boucher et sa femme sourde-muette, rôdait un tigre échappé d'un zoo suite aux bombardements allemands en 1941. Alors que le village est en émoi, que la chasse au tigre est ouverte, la sourde-muette nourrit l'animal et l'apprivoise quasiment. Elle devient "la femme du tigre".
NB : la référence au tigre échappé du zoo, nous l'avons découverte dans le film Underground (1995) d'Emir Kusturica, qui s'inspirait du fait réel de l'époque des bombardements nazis sur Belgrade.
- Episode absolument incroyable et inoubliable : La famille de "Duré" qui creuse dans le verger d'une propriété toujours habitée, pour retrouver le cadavre d'un cousin enterré là pendant la guerre en toute précipitation, dans une valise, des années avant, et dont l'âme du mort ainsi enterré sans sépulture a jeté un sort sur la famille. Et la joie et le soulagement de retrouver la valise, après avoir mis sens dessus dessous le verger, et de pouvoir laver les os et effectuer le rite avec le "coeur" du défunt.
L'un ou les deux récits "dans le récit" qui m'ont le plus marquée ?... Pourquoi ce titre ?... : la suite sur mon blog http://coquelicoquillages.blogspot.fr/2012/04/tea-obrecht-la-femme-du-tigre-ex.html
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Natalia, médecin, est partie dans un orphelinat des Balkans pour une campagne de vaccinations. Un jour, sa grand-mère l’appelle pour lui annoncer que son grand-père, parti pour rejoindre la jeune femme, est mort dans un village au Nord. Or Natalia n’était pas au courant de ce voyage…
Ce premier roman d’une auteure vivant aux États-Unis, qui a gagné l’Orange Prize 2011, est beaucoup plus complexe à résumer qu’il n’y paraît. Il mêle en effet une intrigue assez classique à des récits qui s’apparentent un peu à des fables, des histoires issues du folklore populaire dans une région où subsistent beaucoup de superstitions. L’ambiance fait penser un peu à celle des romans de Gabriel García Márquez, transposée dans les Balkans et leurs innombrables guerres. Mais l’histoire touche de toute façon l’universel, et le mélange entre le réalisme et le folklore tricote une histoire étonnamment émouvante. Un texte surprenant.
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Notre histoire se passe quelque part dans les Balkans. Une jeune femme médecin, Natalia, participe à une campagne de vaccination dans un orphelinat, quand elle apprend la mort de son grand-père. Une grande complicité la liait à son grand-père depuis toujours. Aussi, la mort de celui-ci lui rapelle les nombreuses histoires qu'il lui racontait.
L'homme qui ne meurt pas, la femme du tigre et le petit garçon de 9 ans: trois personnages qui auront marqué la vie de son grand père. Celui-ci vivait dans le village de Galina étant enfant. Lors de la seconde guerre mondiale, un tigre échappé de la ville, rôde dans la fôret autour du village. Les villageois n'ont de cesse de le pourchasser, mais seuls la femme du bouche sourde et muette et le petit garçon de neuf ans vont réussir à l'approcher. Cette histoire n'aura de cesse de fasciner le grand-père de Natalia, passionné par le livre de la jungle. Puis, lors de sa carrière de médecin, il rencontrera un étrange homme qui prétend ne pas pouvoir mourir... Dès lors il ne cessera de le rencontrer, et le poussera à réfléchir sur sa propre existence.
La jeune romancière Téa Obreht mèle son récit aux légendes et croyances de son pays, ce qui confère à son roman une part de féérie et de mystère. Les croyances sont aussi un moyen pour ses personnages de retrouver pied dans un pays où la guerre détruit et destabilise. C'est un très beau roman, plutôt bien écrit qui mèle différents récits et nous balade de l'un à l'autre sans jamais nous perdre.
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Une bonne déception !
C'est un livre lent, les chapitres sont vraiment long et la plupart du temps les dialogues n'ont aucun sens pour tout dire, le récit non plus !
On nous promet une histoire d'amour mais elle n'arrive que dans les 50 dernières pages, avant ça on nous parle de la vie sur l'île et de la pêche au homard.
Ca pourrait être intéressant si les personnages n'était pas grossier et si on ne nous rappelait pas constamment que c'est chacun pour sa peau, et que c'est totalement anarchique.
De plus, on va nous parler d'un évènement au début du livre, nous faire avancer dans l'histoire puis revenir sur cet évènement pendant 2 pages. J'ai eu l'impression de lire un livre écrit juste pour faire des pages, sans queue ni tête.
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Je rejoins les appréciations précédentes : c'est plutôt longuet, mais j'ai lu le bouquin avec plaisir. On sent qu'Elizabeth Gilbert n'avait pas encore trouvé son style et ce qui fait qu'aujourd'hui elle est l'une des auteurs que je lis avec le plus de plaisir.
Je note cependant l'originalité du cadre et la véracité des personnages, qui sont deux traits marquants de l'écriture d'Elizabeth Gilbert, que j'encourage à (re)lire ;)
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Un univers à la Kusturica !
Premier roman d'une jeune romancière américaine qui n'a perdu le lien avec ses origines Balkaniques, elle évoque à merveille les histoires, les légendes, le folklore d'une région qui a subi tant de bouleversements. Il y a quelque chose de l'univers de Kusturica dans ce livre !
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