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Citations de Marie-Hélène Branciard (23)


C’est dimanche, il est tôt, Paris sommeille. Il fait beau. Il fait presque toujours beau en ce moment. La planète se réchauffe. On va vers la fin du monde, le cœur léger, grâce à ce temps merveilleux qui empêche toute prise de conscience. Ce serait peut être différent si la terre refroidissait, on se bougerait sans doute un peu plus.
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Ce jour-là , elle était seule devant Paris et ses toits qui clignotaient sous les derniers rayons de soleil. Un nuage rose s’effilochait. Un moment parfait auquel elle aurait sûrement donné un sens autrefois. Elle aurait ramené l’instant, l’univers, le ciel bleu transi déjà mangé par la nuit, à elle, à lui , à leur rencontre.
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Tu parles à Psylvia de ce que Storm t’a confié à propos de leur jeunesse. Cette révolution qu’ils voulaient faire. Tu lui dis à quel point ça t’avait impressionnée… Elle soupire, te lance son regard si intelligent et te dit qu’ils ont souvent été très cons, manipulés par de tout petits livres rouges qu’elle n’aurait même pas la force de relire. Elle t’explique le bourrage de crâne, l’intégrisme, la méfiance face à tout ce qui était beau et léger et la dureté des rapports entre les gens. La douceur, l’amour… tout ça c’était bourgeois. Et une fois qu’on avait dit ça, on avait tout dit. Il y a peut-être une chose qu’elle regrette : la recherche d’un absolu, le fait d’être prêt à tout pour défendre une cause qu’on croit juste. Mais sinon…
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C'est bizarre comme on prend goût à la solitude. Comme elle vous empoisonne tout doucement. On pourrait sortir, voir du monde... mais on y a goûté et c'est trop tard.
Mais il faut faire gaffe, comme toutes les drogues, la solitude se venge un jour ou l'autre.
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Tout à l'heure, Margaret Thatcher l'a fait tournoyer sur lui-même à deux ou trois reprises, par pur sadisme. A ses côtés, l'autre, cachée derrière son masque de Kim Jong-un, pianote nonchalamment sur son I-phone.
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Mafalda ignore superbement la bande de morveux qui ricane sur son passage. Avec ses cent kilos, elle a appris à gérer les moqueries au quotidien. Quoi qu’il arrive, où qu’elle se trouve, on la remarque… Son perfecto rose et sa perruque peroxydée n’arrangent rien à l’affaire mais la font se sentir bien, calée dans son armure délirante. Elle ne résiste pourtant pas longtemps à coller une trouille bleu à ces merdeux qui la suivent en la sifflant. Elle se retourne d’un bloc en imitant le Haka des All Blacks :
— Ka mate ! Ka mate ! Ka ora ! Ka ora ! Tenei te tangata puhuruhuru !
Plus un mot. Maf enchaîne ses postures menaçantes du haut de son mètre quatre-vingt. Calmés les mômes !
Elle s’arrête aussi vite qu’elle a commencé. Pas que ça à foutre non plus. Elle s’engouffre dans sa Smart en lançant aux gosses tétanisés :
— Eh ouais, j’ai une Smart ! Ça vous fait marrer aussi les p’tits cons ?
Alors que sa bagnole renâcle à démarrer, elle lance un regard vers l’armée de lutins, prête à en découdre. Plus un chat : son Haka a encore fait ses preuves.
— Non mais ! lance-t-elle en démarrant.
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Il n'y a pas de loups dans le roman de Marie Hélène Branciard. Et si peu de remords, seulement des regrets, la douce nostalgie d'une époque, d'un age des possibles qui s'est fracassé contre le mur de la vraie vie.
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« Ton avatar caché entre deux touches de mon clavier
Aucune trace du mal que tu m’as fait… en vrai
Mais tout est brisé au fond de moi… en moi
Mais #jenaipasportéplainte
But #Ididntreport
Aber #ichhabenichtangezeigt »
Tout a commencé quand j’ai lu ce poème glauque sur le Facebook d’une M@rylin aussi victime que la vraie… Et puis il y a eu cette série de tweets avec le hashtag #jenaipasportéplainte. Des femmes du monde entier qui ont expliqué en 140 caractères pourquoi elles n’ont pas porté plainte après un viol ou une agression sexuelle :
– Parce que c’est lui qu’on a cru
– Parce que j’étais saoule
– Parce qu’un psy m’a dit que ce n’était pas un viol s’il n’avait pas d’arme
– Parce que je n’ai ni crié, ni mordu, ni frappé
– Parce que c’était le mec avec qui je vivais…
Il y des tas de raisons pour ne pas porter plainte après un viol. Mais moi, j’ai porté plainte et j’ai perdu… Le salopard qui m’a violée a nié et je n’ai pas pu prouver sa culpabilité. Alors, quand j’ai lu tous ces messages je me suis dit : « Mais putain de bordel de merde pourquoi pleurer partout qu’on n’a pas porté plainte ?!! Ca leur fait une belle jambe aux violeurs… CA peut même les conforter dans leurs certitudes d’être intouchables ce type de message. »
Alors, les filles, je vais vous raconter ce que j’ai fait…
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Marco ricane, il attrape le menton de Fanette et l'oblige à le regarder en face. Presque aussi grande que lui, la jeune femme lui lance un regard noir avant de lui cracher au visage. Après un temps assez long, Marco s'essuie calmement, comme pensif, puis la gifle avec une violence inouïe. Fanette rebondit contre le mur en parpaings et s'écroule au sol. Elle retient ses larmes.
Surtout ne pas pleurer, ne pas montrer sa vulnérabilité, ces salauds adorent ça!
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« Bâtardes … Hermaphrodites… Dégénérées… »
La DJ arrache son casque, lâche la manette et se fige. Après tous ses efforts pour pondre un texte qui dirait enfin ce qu’elle ressent, les mots se sont posés. On dirait qu’ils attendaient qu’elle lâche l’affaire, qu’elle se plonge dans ses jeux vidéo pour émerger. Elle ne sait pas trop pourquoi, mais cette fois la musique ne suffit plus. Elle a envie de dire, d’hurler… et ces trois petits mots vont lui ouvrir la voie.
Sur son Home cinéma, Arya Stark traverse péniblement un territoire dévasté. Accrochée à son épée, La Belette attend comme un bête avatar en panne qu’elle veuille bien l’aider. DJ Amy s’en détourne pourtant : Game of Thrones attendra...
Posé sur son lit, un petit ordi somnole en ronronnant. Elle le réveille sans scrupule en posant ses deux mains sur le clavier encore chaud… Les paroles coulent sans effort :

Casquées de bruits et de fureur
Elles traversent le temps
Le soleil est en deuil
Il neige sur les écrans fêlés
De leurs vies blanches…

Elle ferme les yeux, s’étire, secoue la tête et lance un SOS à la nuit qui colle aux immenses baies vitrées… Dehors Londres bouillonne. Il faut faire le vide, revenir à ces trois mots qui ont surgi comme par magie…

Bâtardes… Hermaphrodites… Dégénérées…
Perchées sur leurs clouds
Casquées de bruits et de fureur
Dans leurs armures 3D
Elles ont tout oublié…
La clé des mots clés
Le tag des hashtags…
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Antoine vient de passer le tunnel de Fourvière... Il aime bien ça les tunnels : le côté train fantôme, les lumières rouges sur le carrelage blanc et ce bout de ciel qui saute au visage à la sortie. Il prend in extremis la direction de Marseille, manque se planter dans le brusque virage de la bretelle d’autoroute et gicle enfin, comme une boule de flipper vers sa partie gratuite…
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Son perfecto rose et sa perruque peroxydée n’arrangent rien à l’affaire mais la font se sentir bien, calée dans son armure délirante. Elle ne résiste pourtant pas longtemps à coller une trouille bleu à ces merdeux qui la suivent en la sifflant. Elle se retourne d’un bloc en imitant le Haka des All Blacks
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"Pendant des mois ma vie ressemblait à celle de ces antihéros englués dans les polars du nord. Là où la nuit peut durer plusieurs mois, où d'immenses pont enjambent une eau glacée et où des flics divorcés déterrent des squelettes en pleurant."
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Elle et Fanette ont appris à vivre avec le traumatisme du viol: les réveils en sursaut presque chaque nuit, les angoisses insondables, la peur qui les déchire à chaque porte qui claque où à la simple vue d’un camescope. Et puis cette sensation d’être toujours un peu sale, un peu morte ou à moitié vivante.
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Ils sont cinq, alignés devant l’immense mur. Ils ont préparé les panneaux numérotés qu’ils encollent avant de les passer à Fifi. Daria est impressionnée par l’organisation. Excepté le froissement du papier et les seaux de colle qui heurtent parfois le sol ou le mur, les street-artistes œuvrent dans un silence parfait. Derrière elle, Zabou enregistre la scène. Elle se déplace avec agilité le regard bloqué sur son écran de contrôle. Sous leurs yeux, la fresque prend forme à toute allure. La journaliste la découvre pour la première fois. Elle sait que d’autres équipes d’artistes sévissent au même moment dans plusieurs quartiers de Paris et dans toutes les grandes villes d’Europe. A Porto, Berlin, Édimbourg… des artistes de tous horizons dénoncent le silence et l’hypocrisie de l’Église face à la pédophilie de ses prêtres.
Tout a été minutieusement préparé depuis des mois. Daria n’est qu’un minuscule rouage dans la machine à dénoncer mais elle prend son rôle très au sérieux. Elle a été recrutée par Zabou qui connaît son travail et les articles qu’elle écrit, principalement pour Têtu. La jeune journaliste est chargée de rédiger un texte qui sera lu en voix off. Elle balance quelques phrases dans son dictaphone mais elle sait qu’il ne sera pas nécessaire de les réécouter. Ce qui se passe sous ses yeux est tellement fort qu’elle n’aura qu’à s’installer devant son clavier pour que tout se mette en place…
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Tout a commencé quand j'ai lu ce poème glauque sur le Facebook d'une M@rylin aussi victime que la vraie... Et puis il y a eu cette séries de tweets avec le hashtag #jenaipasportéplainte.
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Storm et Psylvia parlent de l’An 2000… Dans six mois ce sera le vingt et unième siècle… Les jeunes parleront du vingtième comme on parlait du dix-neuvième : comme d’un vieux temps, poussiéreux, vers lequel on ne retournerait pour rien au monde. Tu ne sais pas ce qui t’attend, mais ce siècle plein de promesses ne t’attire pas plus que ça. Psylvia a dit un truc qui t’a fait comprendre pourquoi. Elle a parlé des technologies qui allaient tout accélérer. Elle a dit qu’il serait sans doute de plus en plus difficile d’échapper au mouvement, de se garder un endroit à soi dans lequel aucun écran, ni téléphone ne vienne vous distraire. C’est cet endroit-là que tu regretteras, cette pièce en dehors du temps, ta chambre noire dans laquelle tu cuisines tes photos, le ciel vide à contempler ou à peindre, le silence. Un temps qui n’existe pas pour les autres mais qu’on peut leur faire visiter par œuvre interposée…
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La photographe attend les amis de Daria. Ils ne devraient pas tarder mais elle ne supporte plus de rester là, dans ce couloir de la mort. Solün sort fumer. Epuisée, elle se laisse tomber sur les marches de l’immense escalier et tire de longues bouffées sur sa clope. Comme à chaque fois, cela semble l’apaiser… Elle a envie de pleurer mais rien ne sort, aucune larme ne coule. Il y a juste cette douleur sourde au fond de sa gorge, ce chagrin tapi là, depuis longtemps. Elle ravale ses larmes et observe attentivement la foule qui l’entoure. Des homos, filles et garçons, qui sont venus manifester leur colère et leur soutien. Avec les SMS et Twitter, la nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre. Solün n’a pas pris ses appareils photo mais elle cadre machinalement le cliché qui semble résumer au mieux l’instant : un groupe de très jeunes filles, là-bas, rassemblées autour de quelques scooters clinquants. On dirait qu’elles s’habillent toutes au même endroit, qu’elles ont toutes le même tatouage dans le cou, le même piercing au nombril sur leur ventre plat découvert, le même laptop bag, le même jean slim et les mêmes bracelets cloutés. Peut-être qu’elles se fournissent sur ce site Internet spécialisé sur lequel Solün commande parfois des DVD ou des bouquins ? Elle a découvert depuis peu cette industrie de la culture gay et lesbienne et elle a un peu de mal à digérer les codes et symboles répétés à l’envi : les plans marketing plutôt grossiers, les scénarios de film écrits sur mesure, les romans calibrés, les sites de rencontre… Tout cela lui laisse un drôle de goût. Pourtant, lorsqu’elle observe ces gamines qui se sont rassemblées pour défendre l’une d’entre elles et qui lancent infatigablement leurs slogans anti-homophobie, elle ne peut s’empêcher de les admirer. Les victimes de la mode font preuve d’un courage qu’elle n’a jamais eu.
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Il était là, entre deux eaux… Ça faisait bien cinq ans qu’il était venu s’échouer à Berlin, un peu par hasard… mais il ne le regrettait pas. La gigantesque friche lui avait permis de se fondre dans l’air du temps, comme un vieux sucre qui prend les couleurs des mains qui le tripotent. Ici, tout semblait inachevé… rien que des instants cabossés, qu’il fallait lire au jour le jour, entre les grues, leurs cris vers le ciel et le bruit des bulldozers…
Il s’était décidé brusquement, content soudain à l ‘idée de revoir Paris. Antoine comptait bien y rester quelques mois , se doucher de souvenirs et remettre la main sur Vanda, qui ne donnait plus aucune nouvelle…
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"Ça faisait tout drôle de se retrouver dans le métro parisien. (...) Antoine observa brièvement son reflet dans la vitre, s’attendant presque à découvrir son personnage d’autrefois : perfecto râpé, boots pointues et iroquois. Mais non, la silhouette s’était assagie. Trouble et démultipliée, elle se reflétait sans agressivité sur la nuit qui défilait. À l’arrière plan, insaisissable et louvoyant, un alignement d’hommes et de femmes sans visages. Il se retourna vers les regards fermés et sentit cette hostilité latente qui planait dans tout le wagon. En face de lui, ballottée par les déhanchements incessants du convoi d’acier, se blottissait une femme plus très jeune. Les yeux fermés, elle tressautait et sa tête heurtait doucement les cloisons fortifiées. New Balance orange, longue jupe kaki et vernis assorti sur ses mains blanches, elle semblait s’être évanouie. On aurait dit une princesse slave échappée d’un album d’Enki Bilal. Des larmes bleues allaient bientôt couler sur ses joues creuses et il saurait alors que tout est possible.
À l’approche de la station, la rame se laissait envahir par les rayons glacés des néons déglingués. Il n’y avait rien à faire, même en changeant la couleur des tickets, le métro aurait toujours cette odeur et cette lumière des années quatre-vingt. À République, le contraste était frappant : une lumière riche s’écrasait sur un sol noir et râpeux. Les portes claquaient. Tout s’accordait à ce tableau usé, aux parois laminées, aux plis des jeans et à cette affiche jaune et noire qui aspirait les regards. Assis au bord du quai, un clodo cuvait dangereusement son vin. Antoine l’aida à se relever et à s’asseoir sur l’un des sièges alignés contre les carrelages blancs. Il lui donna un peu de fric, une vague tape sur l’épaule et prit sa place dans la longue file qui piétinait vers la sortie."
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