Inauguration chaîne
historiqueTélévision : inauguration de la chaîne de l'Histoire, accessible sur le satellite et le câble. - Affiche annonçant la naissance de la chaîne sur un camion publicitaire. Interview Gérard WORMS, pdt chaîne
historique. Fête d'inauguration de la chaîne lors du bal des pompiers de la rue Blanche. Interview SABINE JANSEN, historienne. Interview
Marie Hélène PARINAUD : "On finit par...
Il tire tant qu’il peut sur sa bouffarde et en un instant un nuage de fumée entoure les deux hommes, empêchant le gardien de dévisager le passant. Sur un merci désinvolte, Vidocq passe la porte et s’en va d’un pas nonchalant.
Il est à peine au premier tournant de la route qu’il entend le canon, trois coups. Le « tonnerre de Brest » signale qu’un bagnard s’est évadé. Attention maintenant aux chasseurs de primes. Cent francs à gagner pour qui ramènera le fugitif. Partout dans la campagne, des paysans s’arment de faux et de fusils. Ils battent jusqu’aux genêts pour voir si aucun bandit ne s’y dissimule. L’un d’eux passe près de Vidocq et lui fait un aimable signe de tête. Un marin qui fume paisiblement et porte un foulard, d’où dépassent des cheveux en queue, ne peut évidemment pas être un bagnard !
J’aurais pu rester soldat devenir général, un Marceau, un Kléber, et gagner un bâton de maréchal, au lieu de cela…
— Vous êtes devenu François Vidocq. Un véritable héros !
— Allons donc, un héros. Comme vous y allez docteur…
— Tous ceux qui ont entendu parler de vos exploits sont fascinés. On ne compte plus vos évasions, votre réussite est un exemple. Personne n’a vécu d’aventures aussi incroyables que les vôtres. Envoyé injustement au bagne, vous n’avez cessé de vous évader et de proclamer votre innocence et vous avez gagné, elle a été reconnue. N’importe qui s’en serait tenu là mais pas vous ! Cela ne vous a pas suffi, vous êtes devenu le chef de la Sûreté. Du bagne à la police, quel romancier pourrait imaginer une telle existence ! »
Et pourtant, c’est toute l’histoire de ma vie.
La porte s’ouvre et une servante affolée se précipite dans la chambre.
« Quel temps épouvantable ! Je vais fermer la fenêtre.
— Non ! » lui intime d’une voix grave, le colosse qui gît, terrassé, au fond du lit.
Comme revigoré par la fraîcheur soudaine qui envahit la pièce, le malade trouve la force de se redresser sur ses oreillers poissés de sueur. Tournant son visage vers ce souffle puissant, il écoute rouler l’orage et rebondir la pluie contre les vitres et le plancher. Son regard si morne quelques instants auparavant, s’éclairât au fur et à mesure que les éléments se déchaînent. Quelques éclairs zèbrent une voûte devenue soudain noire.
« Un temps à ne pas mettre un chrétien dehors », grommelle la servante, navrée devant son plancher mouillé.
« Le ciel m’appelle », murmure le mourant avec un léger rictus.