Découvrez notre nouveau format de vidéos "Un livre, un auteur", dans lesquels des écrivains répondent à deux questions autour de leur dernier livre.
Sélection Prix des lecteurs 2022
-- "Le parfum des cendres", Marie Mangez (Finitude)
https://www.finitude.fr/index.php/livre/le-parfum-des-cendres/
Et votez pour élire le lauréat dans les bibliothèques participantes ou sur notre site internet jusqu'au 15 février : https://escaledulivre.com/vote-prix-des-lecteurs-2022/
Musique : Copyright © Hicham Chahidi
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Nico et Sylvain, depuis le début, n'avaient jamais pu se sentir. Il est trop chelou ton frangin, disait le premier, honnêtement il me fout un peu les jetons - et ledit frangin, de son côté, n'avait jamais exprimé à l'encontre de son beau-frère autre chose qu'une glaciale indifférence.
Aude ne pouvait pas en vouloir à Nicolas. Elle avait tenté de lui expliquer que Sylvain n'avait pas toujours été comme ça - qu'est-ce que ça peut foutre, avait rétorqué Nico, moi ce que je vois c'est comment il est maintenant, et tout ce que je peux dire c'est qu'y a sérieusement un souci au niveau du ciboulot.
(p. 51)
Revenir chez ses parents, c'était affronter le reflet glacé de ce qu'il avait été et de ce qu'il avait perdu. Un coup de cutter dans ses plaies à vif.
(p. 60)
Je me sens trop vivante pour ne pas être passionnée par la mort, monsieur Bragonard. Comme beaucoup de personnes, non ? […] Qu’est-ce qui vous intéresse dans la mort ? » Silence profond. Il semblait sincèrement réfléchir à la question. « La vie ».
Bon sang, ce qu'elle pouvait être soûlante, avec son enthousiasme...
(p. 106)
- Pouvez pas vous empêcher de poser des questions, hein ?
Alice, en guise de réponse, enroula sa main autour de son oeil, façon longue-vue.
- Vous savez ce que c'est ?
Il secoua la tête.
- Mon nom en langue des signes. Ça veut dire 'curieuse', précisa-t-elle en riant. Épeler Alice à chaque fois, vous imaginez, c'est un peu fastidieux, alors on a tous un nom de substitution.
(p. 141)
Elle en avait déjà rempli la moitié d'un carnet, des pages parcourues de notes excitées, gravitant autour de deux mots-clefs, embaumement et parfum. Deux mots liés dans leur essence : c’est aux rituels d’embaumement que le parfum devait sa maternité. Les hommes avaient commencé par parfumer leurs morts, avant d’embaumer les vivants.
(p. 125)
Parvenir à graver dans les souvenirs des proches une dernière image du défunt qui, paradoxalement, soit une image de vie.
«— D’accord. Et vous, Sylvain, qu’est-ce qui vous intéresse dans la mort ? »
Silence profond. Il semblait sincèrement réfléchir à la question.
« La vie.
— La vie ?… »
Bernadette était allongée, paupières fermées, les bras sagement étendus le long du corps. Au cœur de ses joues sillonnées de rides, légèrement affaissées, on distinguait le creux des fossettes, centres névralgiques d’un visage encore animé par des années de sourire. Visage arborant désormais une expression sereine – Bernadette attendait que l’on s’occupe d’elle, remettant placidement son enveloppe charnelle aux soins d’autres mains que les siennes.
Il avait reçu son appel la semaine précédente, une certaine -c'était quoi son nom déjà ?... ah oui, Alice Kekchose _ demandait à pouvoir "observer quotidiennement sa pratique pendant quelques semaines " dans le cadre "d'une thèse sur les thanatopracteurs" (sic) - tu parles d'un sujet -
p 9