AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

3.73/5 (sur 167 notes)

Nationalité : Canada
Né(e) : 1988
Biographie :

Marie-Pier Lafontaine est une écrivaine québécoise.

Etudiante au doctorat en études littéraires à l'université de Québec. Ses recherches portent sur les différentes représentations de la violence contre les femmes en littérature contemporaine. Elle tente d'ailleurs, dans ses textes de création, de mettre en scène des femmes violentées, mais survivantes. Son premier roman, Chienne, est une auto-fiction où elle règle ses comptes.

Elle fait aussi du bénévolat pour des revues universitaires comme Le pied et Artichaut magazine.


Ajouter des informations
Bibliographie de Marie-Pier Lafontaine   (4)Voir plus

étiquettes
Videos et interviews (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de

Marie-Pier Lafontaine lit un extrait de son premier roman "Chienne", en sortie le 04 septembre 2020.


Citations et extraits (45) Voir plus Ajouter une citation
Il y a tout un pan de violence que je ne me résous pas à écrire. Ça en ferait trop. Trop de violence dans le même livre. On dira que j’ai exagéré ou menti. Et toutes les personnes qui me diront que j’ai exagéré ou menti seront mon père.

(Héliotrope, p.65)
Commenter  J’apprécie          160
On dit qu’il est normal d’avoir peur du viol. Que son idée seule terroriserait n’importe quelle femme. Moi, le viol ne me fait plus peur du tout. J’ai reçu suffisamment de coups, de haine et de crachats pour ne plus trembler devant la possibilité d’un contact non désiré. Mon corps a été maltraité tant de fois, mes os battus, que ma chair a été vidée de son sacré. Mon corps a été purgé de lui-même. Ses terminaisons nerveuses ne mènent plus nulle part. Il est devenu un objet comme un autre. Un sac de boyaux et de tripes dans lequel les hommes peuvent piger sans que je m’en formalise. Suffisamment d’hommes sont passés sur moi, m’ont éventrée, pour que le viol ne me fasse plus peur. Je peux désormais marcher librement dans la rue.
Commenter  J’apprécie          60
Si papa dit jappe. Je jappe. Si papa dit rapporte. Je rapporte. Si papa dit lèche ta patte. Je lèche ma patte. Si papa dit sens les fesses de ta sœur. Je sens les fesses de ma sœur. Si papa dit roule sur le dos, sale chienne. Je roule sur le dos et sale chienne, je deviens. Si papa dit gruge le soulier. Je gruge le soulier. Si papa dit mange tes excréments. Je mange mes excréments. Si papa dit tourne en rond, sale conne. Je tourne en rond et sale conne, je deviens. Si papa dit grogne. Je grogne et reçois un coup de pied ça t’apprendra à grogner après moé, sale chienne. Papa dit aussi les animaux, faut les attacher avec une chaîne. Si je refuse les rouli-roulades, les biscuits en forme d’os, les donne la papatte, il sort la laisse.
Commenter  J’apprécie          40
Si je n’écris pas ce qui s’est passé quand j’avais huit ans, peut-être que ce qui s’est passé quand j’avais huit ans n’aura jamais eu lieu.
Commenter  J’apprécie          50
Marie-Pier Lafontaine
La peur nous a été inculquée avant même le mot pour la nommer. Je me souviens d’une sensation diffuse. Un picotement sous la peau. La peur mobilise le sang dans les veines du cœur. Laisse l’extrémité des doigts et des orteils glacée. Dans les battements accélérés de l’organe, l’attention se dirige, se fixe sur le père. Le choix de ses mots, l’intonation de la voix, ses poings sont-ils ouverts ou fermés? Ça change tout, ouvert ou fermé. Les poumons oublient d’expirer. Ils retiennent l’air, le compressent en petites bulles d’asphyxie
Commenter  J’apprécie          30
Les gens ne savent pas que, lorsqu’on a été tuée plusieurs fois déjà, il n’y a plus rien de tragique dans la mort. Plus rien de dramatique. Peut-être qu’au moment de lui tendre la corde, moi, debout sur le plancher et elle, grimpée sur le fauteuil du salon, peut-être que dans nos chuchotements de gamines tristes et brisées, peut-être que j’aurais réussi à lui mentir, à lui dire, sans que les mots ne s’étranglent dans ma gorge, que la plus forte des vengeances serait la vie.
Commenter  J’apprécie          30
Le père adore jouer. Les jeux l’excitent. Les stratagèmes élaborés lui plaisent au plus haut point. Il en a mal aux testicules. Repousser les limites de l’interdit lui demande beaucoup d’ingéniosité. Comment agresser ses enfants sans les pénétrer.
Commenter  J’apprécie          30
Les hommes m’aiment, m’ont toujours aimée, comme on aime une chienne. À quatre pattes. La langue sortie. Surtout ne pas grogner, surtout ne pas mordre. Ils me l’ont dit. Leurs phalanges verrouillées autour de mon cou. Une ceinture une fois. Ils me l’ont dit des centaines de fois t’aimes ça, hein, maudite chienne. Les hommes m’aiment comme ils aiment leurs chiennes. Pour leur fidélité. Pour le besoin d’eux qu’elles expriment un peu plus chaque jour. Les chiennes restent. Elles restent malgré les coups de pied dans les côtes, les claques, les tapes. Ils savent que je reviendrai. Que je feindrai avec conviction le plaisir à chaque coup sur mes fesses tendues.
Commenter  J’apprécie          20
J'aurais voulu écrire un roman sur mon enfance avec des pages et des pages remplies décriture. Sans espaces blancs, sans pauses ni silences. Que l'on comprenne bien tout le vacarme que fait faire la peur de mourir a un coeur.
Commenter  J’apprécie          30
J'ai toujours trouvé idiots tous ces enfants qui s'égosillent de peur à l'idée des ombres tapies sous les lits ou dans les placards. Moi je sais où les monstres dorment la nuit. Je sais exactement où.
Commenter  J’apprécie          30

Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Marie-Pier Lafontaine (223)Voir plus

¤¤

{* *}