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Citations de Marie-Pier Lafontaine (45)


À défaut de pouvoir tuer mon père, je me suis amputée de son nom. J’ai tranché d’un seul coup ce morceau de lui qui me talonnait où que j’aille. J’ai attendu le papier qui officialiserait mon changement de nom comme une patiente cancéreuse son premier traitement de chimiothérapie. Avec le même espoir de guérison. La même détresse.
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Je suis une chienne et un jour mon père s’en mordra les doigts.
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Je n'arrive pas à écrire avec suffisamment de haine. Que m'arrivera-t-il si ce texte ne suffit pas à le tuer ?
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En ce moment précis. Il y a. Quelque part dans le monde. Une fillette en boule. Chavirée par l'image de son père mort. A l'ombre de sa veilleuse ou sous les couvertures, elle imagine son papa les bras en croix. Sa tête bourdonne de "Et si".
" Et si " papa crevait sur le chemin du retour.
" Et si " un dix-huit roues écrabouillait sa voiture.
" Et s'il " tombait en panne sur la voie ferrée. Faites qu'un train le percute, l'écrase, le démolisse. " Et si " sa carcasse anéantie par la tôle, la ferraille.
Dans chaque pays du monde....
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(parlant du père)
Ca l'excite qu'on craigne constamment pour notre sécurité.
Ca l'excite qu'on connaisse avec précision ses fantasmes de douleur et de sang. Il regarde souvent des enregistrements vidéo d'opérations chirurgicales.
En érection.
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Les mots ne peuvent rien pour nous. Lorsqu’il commence à frapper. Inutile de supplier. Il ne reste qu’à attendre. Terrées dans l’espoir brûlant qu’il en finisse au plus vite. Attendre. Comme une bête agonise en travers de la route. Haletante. Choquée par la violence de l’impact. Avant qu’une autre voiture lui passe dessus.
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Repousser. Toujours repousser les limites de l’interdit. Lui montrer qu’elle n’a aucun pouvoir. Que le jour où il décidera de nous violer, il le fera. Une bonne fois pour toutes, sous ses yeux. Il veut qu’elle sache qu’il choisit de ne pas nous agresser. Au pays des hommes, les loups font ce qu’ils veulent.
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Il est interdit de pleurer dans ma famille. Pleurer justifie à rebours les coups reçus. Trahit sa culpabilité. À moins que le père considère que nous pleurons pour rien. Dans ce cas, pleurer justifie les coups à venir. Parce qu’il faut pleurer pour quelque chose dans cette maison.
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Tous les jours, le père demande. D’une voix très forte. À quoi ça sert, une fille? Quelqu’un veut bien le lui expliquer? À quoi ça sert à part à torcher la maison. À part être le support de fantasmes interdits. À part pleurer. Mauviette p’tite crisse de morveuse de braillarde tu pleurniches pour tout et pour rien. Il va nous le dire, lui, à quoi servent les femmes: à rien. Bonnes à rien! Mais qu’est-ce qu’il a bien pu faire pour mériter ça? Peut-être que s’il avait enfourché la mère sur la table de cuisine. Plutôt que devant le feu du foyer. Peut-être que s’il avait été plus brutal, l’avait prise par-derrière, l’avait prise par surprise.
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Je pourrai entrer en relation avec un homme le jour où je n’aurai plus rien qui puisse m’être pris ni volé. Le jour où je serai vidée de toute humanité, désensibilisée à la douleur et aux froissements des peaux, je pourrai dire à un homme, en toute sécurité, je t’aime.
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À quoi d’autre servent les artères carotides sinon à être compressées jusqu’à l’asphyxie. Jusqu’à ce que les lumières s’étoilent. Mes évanouissements engorgent son sexe. Il tire sur la laisse. Il m’étrangle. Il me traîne sur le sol. Tous les jours, le père palpite de foutre sous mes sanglots muets. J’étouffe, mais ne supplie pas.
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Je dissimulais mes désirs dans des textes de fictions, enfant. Deux sœurs en fugue. Pourchassées par un monstre à deux têtes. Elles s’enfuyaient dans de sombres forêts. S’armaient de branches, de bâtons. Aujourd’hui, je ne cache plus mes désirs. Je voudrais que ce texte décime ma famille entière.
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La force morale, c'est de réussir à repousser au lendemain son suicide, ce n'est pas d'écrire qu'un père pense à ses enfants chaque fois qu'il éjacule.
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Peut-être que s’il meurt. Bouffé par un ours, fauché par un train. Peut-être que s’il tombe d’un douzième étage ou se noie dans un lac. Et si on lui tranchait la tête avec cette hache qui traîne derrière la maison ? Coupons la ligne de ses freins. Nous pourrions prier la foudre, trouver de la mort-aux-rats. L’étrangler avec sa cravate. Le couteau à pain suffirait pour trancher son excroissance, ses veines et sa langue. Peut-être que si nous pelions sa peau, mangions son cœur, peut-être qu’une fois le corps du père putréfié, la mère commencerait à agir comme une mère.
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J’aurais voulu, pour ma sœur et moi, une mère debout. Qui traverse les couloirs. Arrache les portes, allume les lumières. Une qui hurle plus fort que les terreurs. J’aurais tellement voulu une mère stridente. Une mère à nous, pour nous, pour bercer nos cauchemars. Je l’aurais choisie avec iris, tympan et tambours. Elle aurait été toute en colère. Sans lignes de fuite ni fatigue. Une femme au ventre plein. A border les nuits sans étoiles. Elle nous aurait décroché des petits matins aux croissants, des couleurs et la lune. Serait accourue. Je lui aurais demandé de nous tenir la main. Pour traverser le monde. De brosser nos cheveux, d’empêcher le sang de couler. Mais nous savons très bien, ma sœur et moi. Depuis longtemps. Les mères n’existent pas.
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L’enfance n’existe pas. Existent la peur du noir, les engelures et les loups.
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Si je n’écris pas ce qui s’est passé quand j’avais huit ans, peut-être que ce qui s’est passé quand j’avais huit ans n’aura jamais eu lieu.
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Je pourrai entrer en relation avec un homme le jour où je n’aurai plus rien qui puisse m’être pris ni volé. Le jour où je serai vidée de toute humanité, désensibilisée à la douleur et aux froissements de peaux, je pourrai dire à un homme, en toute sécurité, je t’aime.
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Le père adore jouer. Les jeux l’excitent. Les stratagèmes élaborés lui plaisent au plus haut point. Il en a mal aux testicules. Repousser les limites de l’interdit lui demande beaucoup d’ingéniosité. Comment agresser ses enfants sans les pénétrer.
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Si papa dit jappe, Je jappe. Si papa dit rapporte, Je rapporte. Si papa dit lèche ta patte, Je lèche ma patte. Si papa dit sens les fesses de ta sœur, Je sens les fesses de ma sœur. Si papa dit roule sur le dos, sale chienne, Je roule sur le dos et sale chienne, je deviens. Si papa dit gruge le soulier, Je gruge le soulier. Si papa dit mange tes excréments, Je mange mes excréments. Si papa dit tourne en rond, sale conne, Je tourne en rond et sale conne, je deviens. Si papa dit grogne, Je grogne et reçois un coup de pied ça t’apprendra à grogner après moé, sale chienne. Papa dit aussi les animaux, faut les attacher avec une chaîne. Si je refuse les rouli-roulades, les biscuits en forme d’os, les donne la papatte, il sort la laisse.
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