C’est ton regard, maman, que je revois à présent, ce regard distrait, absent, toujours en fuite. Ces yeux gris, où parfois, dans le soleil, un peu d’or se mêlait, mais sans gaieté, et qui semblaient à peine nous voir, ni les choses qu’ils avaient l’air de regarder. Tu étais une passante, maman, sur cette grève où je t’imagine allant de ton pas égal, léger, indifférent, les mains dans les poches, la tête dans les nuages, comme tu l’étais dans la vie. Et cette passante, il a fallu tout ce temps pour que je la rencontre et que je l’aime.