Entretien avec Marie de Brauer
J'étais ce qu'on appelle un bébé bonheur. Qui dort bien. Qui mange bien. Qui ne pleure pas. Et qui rit tout le temps !
- J'ai peur de prendre trop de place dans le métro, du coup je ne m'assois jamais.
- Eh bah moi, je fais 1,80 mètre, on peut pas s'asseoir en face de moi à cause de mes jambes.
Vous pensez que je prends trop de place ?
- Non, bah vous êtes grande, quoi.
- Bah voilà, on prend la place qu'on doit prendre.
Marrant quand même
d'avoir un cul
de la taille du Brésil !
J'avais pas encore compris que "devenir mince", c'était pas la solution.
Que ma grosseur, c'était l'arbre qui cache la forêt de mes emmerdes.
J'ai la rage que les gens qui m'aiment aient pu penser un jour que j'étais MIEUX mince, plus belle, plus heureuse, plus sympa... Est-ce qu'au fond ils pensent tou·te·s que ce "moi grosse" est moins bien ? Ce corps, c'est le mien. C'est moi. Ça ne change rien à qui je suis.
-Non, mais Marie, si on te dit tout ça... C'est pour ta santé !
- Pour ma santé ? Je fume un paquet de clopes par jour depuis mes 16 ans , y'a personne qui me dit rien...
Par contre je me ressers dans le plat de pâtes ... Là on s'inquiète pour ma saaaaaannnnnnntéééééé !
Vous prenez le problème à l'envers. On ne devient pas mince pour aimer son corps. D'abord on s'aime, on se fait du bien, et peut-être qu'après le corps change.
Je ne contracte presque plus mon ventre. Je ne pense plus constamment au regard des autres. Mes pensées ne sont plus monopolisées par ce corps, ce à quoi il ressemble, ce qu’il dit de moi. Et petit à petit, je me réconcilie avec ce corps. La boîte s’est allégée.
Je suis drôle, charismatique. Et je suis grosse. Ça a forgé mon identité, ça m’a rendue triste, en colère… ça m’a protégée, ça m’a saoulée… ça fait partie de moi, tout le temps, depuis toujours.
Je suis grosse. Ça fait partie de moi, tout le temps, depuis toujours.