- Je suis mariée. Ma vie sociale se résume à travailler, à aller à la messe le dimanche, à jouer les taxis pour ma marmaille et à essayer de faire l'amour avec mon mari au moins une fois par mois.
- Vous avez eu cinq enfants. Apparemment, tu t'es donc plutôt bien débrouillée.
Tommy vit le visage d'Ellie blêmir et se fermer. Elle paraissait avoir du mal à respirer. Il l'avait déjà vu en proie à diverses émotions mais, là, il découvrait une nouvelle Ellie. Il ignorait ce qui se tramait entre les deux femmes, mais elle semblait sur le point de
perdre son sang-froid, d'exploser.
- J'aimerai que tu sois morte ! finit-elle par lancer. Ses paroles étaient très dures, mais Martha se contenta de sourire.
- Mais je ne suis pas morte . J'ai encore une bonne trentaine d'années à vivre, et j'ai bien l'intention de les passer avec toi.
- Je ne râle pas. J'exprime mon opinion, nuance. Ce n'est pas bon pour la santé de garder quoi que ce soit pour soi.
- Alors ta santé est certainement excellente. Maintenant, tais-toi.
Ellie recula et Marie Jensen avança, refermant la porte derrière elle. Elle était bien déguisée. Elle portait une perruque grise, son maquillage visait à vieillir ses traits. Vêtue comme une pauvresse, elle tenait un cabas à bout de bras. Mise à part ses gants de latex et son arme, elle avait tout d'une innocente grand mère
Du jour au lendemain, elle avait rayé sa fille de son existence et Ellie s'était retrouvée à la rue, avec en tout et pour tout ce qu'elle avait sur le dos
Tu t'es retournée lentement les bras grands ouverts. J'ai vu l'expression de ton visage et je me suis dit : Seigneur elle est canon !
Puis quelque chose d'étrange, à quoi elle ne s'attendait pas, s'était produit. La ville et ses habitants l'avaient adoptée. Ils l'avaient accueillie, nouant des liens d'amitié avec elle et, depuis son arrivée la traitaient comme une personne normale.
Pour oublier le froid, la pluie, la solitude, elle se plaisait alors à s'imaginer tenant un bistrot, une brasserie, un endroit chaud, accueillant, où elle se sentirait en sécurité et où, bien sûr, elle aurait de quoi apaiser sa faim.
Ellie Chase adorait son métier. Devenir propriétaire d'un restaurant était un rêve qui remontait à loin, à une époque où elle avait pourtant peu eu l'occasion de rêver. A seize ans, elle dormait dans a rue et devait voler pour subsister. Pour oublier le froid, la pluie, la solitude, elle se plaisait alors à s'imaginer tenant un bistrot, une brasserie, un endroit chaud, accueillant, où elle se sentirait en sécurité et où, bien sûr, elle aurait de quoi apaiser sa faim.