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Critiques de Marjorie M. Liu (138)
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Monstress, tome 2 : La quête

Avec ce deuxième tome de "Monstress", les éditions Delcourt nous offre un beau livre-objet de 160 pages qui regroupe les numéros 7 à 12 de la série du même nom publié par Image Comics. Ce qui frappe de prime abord ce sont les beaux graphismes de Sana Takeda qui mélangent à la perfection esprit manga et esprit comics, avec un univers arcanepunk qui fait la part belle à l'esthétique Art Déco !





Dans ce tome 2, Maika Demi-Loup est toujours poursuivi par les cours rivales des Anciens du Matin et du Soir, par les nonnes-sorcières cumeae, les humains de la Fédération qui sont leurs pions, auxquels il faut ajouter les reines pirates de Thyria et bien d'autres encore : tous veulent lui leur arracher le secret de l'arme absolue qui a détruit la ville de Constantine et mis à la dernière guerre, mais aucun d'entre ne sait ce dont il s'agit (enfin presque tous ^^)...

Maika continue de suivre les chemins empruntés par sa mère, et accompagnée du nekomancier Ren Momorian et de la petite fille-renarde Kippa qui lui fait office de Jiminy Cricket elle fait appel à Seizi son parrain homme-tigre qui lui fournit un navire et un équipage pirates (mdr la mémé femme-requin qui apprend à la fille-renarde à nager ^^) pour atteindre un équivalent de Skull Island, une île qui s'avère être le corps d'un dieu mort, prison éternelle d'un criminel de légende condamné par ses actes de terrorisme et ses tueries racistes, mais aussi un enfer de poche hanté par des milliers et des milliers de fantômes... Au royaume de l'illusion, Maika demande des réponses au Renard de Sang, mais ce dernier ne souhaite qu'une seule et unique chose : sa libération pour semer la ruine et la désolation !



Alors oui, on ne sait toujours pas comment la mère de l'héroïne est morte, pourquoi elle veut la venger, quel est ce mystérieux artefact qu'elle veut à tout prix récupérer, comment elle s'est retrouvé hôte d'un dieu-démon, mais dans ces épisodes Marjorie Liu arrête d'amener de nouveaux éléments qui déboulent de partout en même temps pour développer ce qu'elle a déjà mis en place donc on a enfin de plus de réponses que de question ! Et pour ne rien gâcher, c'est quand même vachement mieux amené et raconté !



Je suis à peine surpris que les tourments intérieurs de Maika ressemblent à ceux de Çeda dans la série "Sharakhaï" de Bradley P. Beaulieu, mais je suis très agréablement surpris que la relation entre Maika et Zinn ressemble à une version grimdark de la relation entre Shin'ichi Izumi et Migi dans "Kisaiju" / "Parasite" d'Hitoshi Iwaaki (un excellent manga, qui servit de livre de chevet à James Cameron pour "Terminator 2", et depuis un excellent anime aussi !). Un comic fantasy plaisant et intéressant qui se retrouve dès maintenant à la croisée de chemins : ou il devient génial ou il se casse la gueule, les deux options restant encore possibles... Mention spéciale au travail graphique très soigné de Sana Takeda qui parvient à mélanger parfaitement les esthétiques kawaï, shôjo, grimdark, arcanepunk et Art-Déco !
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Monstress, tome 1 : L'éveil

Avec ce premier tome de "Monstress", les éditions Delcourt nous offre un beau livre-objet de 200 pages qui regroupe les numéros 1 à 6 de la série du même nom publié par Image Comics. Ce qui frappe de prime abord ce sont les beaux graphismes de Sana Takeda qui mélangent à la perfection esprit manga et esprit comics, avec un univers arcanepunk qui fait la part belle à l'esthétique Art Déco !



Nous sommes dans un univers qui a été ravagé par la guerre entre la Fédération humaine et les royaumes non-humains où vivent les Anciens (des hommes-bêtes à tête d'animaux comme les dieux égyptiens), les Enfants d'Ubasti (des chats intelligents guerriers, poètes et magiciens) et les Arcaniques (les sang-mêlé Humains / Anciens : suspension d'incrédulité, car je me demandé durant toute ma lecture comment il pouvait y avoir autant de métisses dans un monde à ce point marqué par le racisme…). Une muraille sépare désormais la Fédération et les royaumes non-humains, et les deux camps se regardent en chien de faïence depuis la catastrophe de Constantine où ont péri 146000 âmes dans des circonstances encore troubles… Pour les humains les non-humains ont forcément usé d'une bombe incroyablement puissante, pour les non-humains les humains ont forcément usé d'une magie interdite, et ceux qui ont les réponses se gardent bien de divulguer aux uns et aux autres… Et la frontière est une poudrière, car les nonnes sorcières Cumaea ont besoin du sang, de la chair et des os des arcaniques pour alimenter leur magie et donc conserver le pouvoir (nous sommes donc face à une version grimdark des magiocraties féminines et féministes dont la première fut le Bene Gesserit de "Dune"), ce qui provoque les représailles arcaniques pour récupérer ou venger les leurs quittes à recourir aux actes de terrorismes les plus extrêmes…

Racisme, terrorisme, totalitarisme, esclavagisme, camps de concentration, camps d'extermination, expériences inhumaines, crimes contre l'humanité, armes de destruction massives… Les thématiques sont donc très WWII et les crimes des Cumaea sont moins proches de ceux de l'Inquisition que de ceux des savants fous du Docteur Mengele ou de la tristement célèbre Unité 731 du boucher Shirô Ishii… Ah ça, ce n'est pas une série à mettre entre toutes les mains : mutilations, tortures, meurtres, anthropophagie… Mais d'un autre côté on sent aussi très bien l'héritage bit-lit puisqu'on retrouve des trucs girly avec des belles gosses et des beaux gosses en veux-tu en voilà, et des trucs LGBT avec les désormais inévitables amours lesbiennes et tutti quanti…



On est plongé immédiatement dans l'action : nous suivons Maika Demi-Loup, une arcanique manchotte en quête de vengeance plus humaine que non-humaine qui a choisi elle-même l'esclavage pour infiltrer les Cumaea, récupérer un artefact magique et retrouver celles et ceux qu'elle juge responsable de la mort de sa mère... Bref, c'est une héroïne badass voire kickass ! On a une phase évasion où elle récupère Kippa une fille renarde très kawaï (remember "Inu-Yasha" de Rumiko Takahashi), une phase cavale où elle récupère Ren Momorian le nekomancien (remember "Inu-Yasha" de Rumiko Takahashi) et une phase baston où font face les commandos Cumaea et les résistants arcaniques…

Mais on apprend assez rapidement que les uns comme les autres veulent s'emparer de la puissance du dieu-démon qui habite l'héroïne, 50% Miyazaki 50% Lovecraft, et qui survit en vampirisant ceux qui s'approche de Maika, alliés comme ennemis, en attendant que les astres soit propices pour sortir de sa prison de chair et dévorer le monde…



Je vous raconte tout cela parce j'ai réussi à reconstituer le puzzle au fil des épisodes, car le gros point noir de cette série séduisante c'est la narration qui complique inutilement les choses : j'ai cru au début que cela venait de moi, mais j'ai jeté un coup d'oeil sur le net anglophone et tout le monde s'accorde pour dire que c'est confus !

Malgré des flashbacks nous racontant ce qui s'est passé quelques semaines, quelques mois ou quelques années plus tôt, impossible de savoir comment la mère de l'héroïne est morte, pourquoi elle veut la venger, comment elle a perdu son bras gauche, quel est ce mystérieux artefact qu'elle veut à tout prix récupérer, comment elle s'est retrouvé hôte d'un dieu-démon et comment elle gère le truc… (et j'imagine qu'on ne nous dit rien sur la catastrophe de Constantine parce que cela amènerait trop vite les réponses aux mystères lostiens ^^)… Deux pages au début, comme dans la plupart des BD européennes, et c'était réglé. Pareil pour l'univers : tu mets la carte au début avec quelques phylactères pour expliquer le background, puis la double page sur les différences races (au lieu d'attendre la fin du chapitre 5 pour le faire !). Car les interventions en appendices de maître tam-tam sont loin de tout expliquer, et pire encore aucune information n'arrive au bon moment : certains arrivent trop tard, d'autres trop tôt, on en dit trop, ou pas assez et l'univers n'est même pas exposé qu'on développe intrigues, complots et mystères lostiens entre des camps qui ne sont même pas identifiés !





Je suis sévère certes, mais Marjorie Liu n'en est pas à son coup d'essai : c'est une professionnelle reconnue, estimée, de nombreuses fois primées (y compris l'Eisner Award du meilleur scénario pour "Monstress"), et en plus elle enseigne les techniques d'écritures de la bande dessinée au MIT ! Je sais bien que cette prestigieuse université est plus sciences que lettres, mais cela n'excuse pas autant de maladresses de narration… Mais je ne boude pas mon plaisir pour autant, car cet hybride entre "Fullmetal Alchemist" et "Witchblade" semble nous amener vers des enjeux apocalyptiques autour des barrières entre les mondes et du retour des Grands Anciens… Je serai donc du tome 2 qui sort en juin prochain juste avant les vacances estivales ! ^^





PS1: certains ont catégorisé cette série « roman graphique », mais au test du canard ladite série reste catégorisée « comics »

PS2: j'ai lu des prescripteurs d'opinion écrivent des trucs dans ce genre là : « Cette entrée en matière est un coup de maître. Elle apporte un souffle de fraîcheur à un genre parfois sclérosé, plombé par le poids des références et l'héritage de ses oeuvres fondatrices. » Euh mec, t'as déjà lu un manga ou un comic dans ta vie ? Parce que c'est beau d'écrire que ce c'est bien parce que ce n'est pas tolkienien, mais si tu n'as que Tolkien comme référence fantasy t'es bidon de chez bidon pour un prescripteur d'opinion… Tout qu'on voit dans cette série, je l'ai déjà vu des dizaines de fois en manga et en comics : ici c'est juste le mélange des éléments mangas et des éléments comics qui est frais, mais rien que pour lui elle vaut le détour !
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Monstress, tome 4 : L'élue

Les tomes se suivent et finissent par se ressembler : le gros point fort reste les magnifiques dessins de Sana Takeda, le gros point faible reste le scénario de Marjorie Liu car le très bon y côtoie de manière très intime le très mauvais. Ce n’est pas possible que quelqu’un qui enseigne la scénarisation à l’Université de Boston commette autant des erreurs à ne pas commettre listées par le célèbre Syd Field. (et en plus elle a été primée en 2018 par un Will Eisner Award : cela ne va pas me réconcilier avec le petit monde de l’entre-soi littérature et les petits cercles intellos prout prout). Ce qui la sauve c’est qu’elle reste tellement évasive sur les points clés de son univers et de son histoire qu’elle ne peut pas vraiment se contredire, mais l’ensemble n’en est pas pour autant cohérent ! Le problème serait qu’elle veuille raconter une vraie histoire avec un début, un milieu et une fin mais en continuant de suivre le cahier des charges des comics qui oblige à balancer des bastons, twists et cliffhangers toutes les 24 pages pour fidéliser lecteurs et lectrices hebdomadaires… du coup on surfe de mystères lostiens en mystères lostiens avec des personnages qui ne cessent de retourner leurs vestes, donc cela devient peu ou prou bleachien !



Les ravisseurs de Kippa s’empressent de rejoindre leur employeur surnommé le Docteur, ils sont poursuivis par Maika et Corwin, eux-mêmes poursuivis pas Ren qui veut se racheter et Vihn qui veut on ne sait quoi. Dans le même temps on s’attarde sur relationship-drama lesbien avec le mariage du Seigneur de Guerre de la Cour de l’Aube et de la Baronne de la Cour du Crépuscule (avec la scène de cul en lingerie fine qui va bien), mariage censé cimenter l’alliance des Arcaniques contre les Humains divisé entre les colombes de l’armée et les fauconnes du clergé… Pour le reste on veut apporter à l’image du tome 2 plus de réponses que de questions, mais comme en fait c’est l’inverse c’est un gros bordel difficile à suivre : il m’a fallu revenir plusieurs fois en arrière pour savoir où et quand on était, et il m’a fallu revenir dans les les tomes précédents pour identifier les forces en présence et passer outre les non-dits, les flous artistiques et les incohérences diverses et variées.



L’idée de départ c’est une guerre totale dans un univers arcanepunk entre humains et non-humains. C’est le statut quo entre les deux camps depuis « la Catastrophe de Constantine », car ils se soupçonnent l’un l’autre d’ y avoir utilisé une Arme de Destruction Massive. Sauf que l’auteure ne nous montre jamais et ne nous explique jamais ce qui s’est vraiment passé, tout en instant lourdement sur le fait que l’association entre Maika et Zinn y serait fortement liée. Alors on nous montre des fous-vivants à la George Romero, des morts-vivants à la George Romero, mais comme le racisme ordinaire provoque des massacres pire encore pas sûr qu’ils étaient nécessaires. Et puis entre les Anciens qu’on nous monstre jamais, les dieux, les anciens dieux, les monstra, les drakuls et telles ou telles créatures venues des étoiles ou d’outre-dimension, ainsi que les prémisses d’une opposition moorcockienne entre le Chaos et l’Ordre, impossible de savoir qui est quoi et qui veut quoi...

Il y a un game of thrones chez les humains avec des politiques coincés entre des militaires qui font tout pour les prêtresses-sorcières ne prennent pas le pouvoir et ces dernières qui font tout pour s’en emparer. Sauf que l’auteure nous montre cela par intermittence et par le bout de la lorgnette et que les intrigues des uns et des autres ne sont guère explicitées en phylactères.

Il y a un game of thrones chez les non-humains avec la rivalité entre la Cour de l’Aube (la Seelie) et la Cour du Crépuscule (l’Unseelie). Sauf que l’auteure ne nous montre que 3 personnages de la première (la reine, la générale et le grand-prêtre) et 3 personnages de la deuxième (la Baronne, son bras droit félin, et son espion homme-corbeau) : on ne sait pas qui veut quoi, et il faut attendre la dernière page de ce tome 4 pour qu’on suggère que la première voudrait la guerre et que la deuxième voudrait la paix (sauf qu’en s’alliant la deuxième soutient la première et lui donne les moyens de déclarer la guerre : ce n’est qu’une incohérence parmi une multitude)…



Maintenant spoilons, donc à vos risques et périls si vous n’avez pas encore lu ce tome 4 !







Alors c’est peut-être moi qui est incompatible avec les nouveaux standards hollywoodiens des scénaristes américains auxquels je ne comprends rien. Mais je trouve symptomatique qu’on ne nomme jamais le personnage principal de ce tome, mais qu’on prenne soin d’y nommer l’antagoniste principal du tome 1 ce qui n’avait fait jusqu’ici (donc peut-être qu’on aura droit de savoir son nom dans le tome 8 qui sait).

Maika passe d’une quête pour se venger à une quête pour sauver le monde parce que ce sont ses propres parents qui l’ont mis en danger tout en se retrouvant au centre des intrigues de tous les protagonistes de la guerre à venir. Après je ne sais pourquoi elle fait absolument confiance à sa mère qui l’a conçue pour s’en servir comme d’un outil et qui la façonnée et manipulée toute sa vie pour parvenir à ses fins… Toujours ait-il que comme tous les comics post 11 septembre, il faut des terroristes et des attentats et que l’auteure n’oublie pas l’autre cliffhanger de fin du tome 2. On a balancés un paquet de mystères dans les tomes précédents, plusieurs d’entre eux et pas des moindres sont toujours irrésolus mais l’auteure en balance ici en rafales pour les tomes suivants : c’est d’autant pénible qu’à part les personnages plébiscités par le public les protagonistes semblent ne passer qu’en coup de vent dans l’intrigue… On feuillette les pages et c’est magnifique, et puis on lit les phylactères et si on branche ses neurones la migraine arrive : bref cela devient dangereusement bleachien !
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Monstress, tome 3 : Erreur fatale

Après un tome 2 qui apportait enfin plus de réponses que de questions, dans ce tome 3 Marjorie Liu retombe dans ses travers… Alors si j’ai bien compris tout le monde complote mais on ne sait qui et pourquoi, tandis que dans son périple la Team Maika quitte Thyria la cité de réfugiés protégée par une divinité pour rejoindre Pontus une autre cité de réfugiés protégée par un autre divinité (enfin presque, puisqu’elle est protégé par un bouclier technomagique laissée par l’Impératrice-Shaman, mais que personne n’ose trop solliciter de peur de réveiller le titan endormi juste à côté ^^). Vihn Nem ingénieure royale de Pontus arcanique par la Reine-Biche (les cornes de cerf sur la tête ça fait cool, mais n’est-ce un attribut mâle dans cette série lgbt ? ^^) recrute Maika pour réactiver le bouclier, et malgré toutes les recommandations celle-ci n’en fait qu’à sa tête et dézingue l’artefact (qui est le plus à blâmer de l’ado rebelle condescendante qui fait n’importe ou des adultes prétendus sages qui la laisse faire n’importe quoi ?)



Mais ça, ce n’est que les incohérences principales, car il y a aussi les incohérences secondaires :





Misère de misère, comment tu peux offrir les dessins magnifiques de Sana Takeda véritables bonbons pour les yeux à un scénario mal écrit et mal construit et surtout mal relu et corrigé voire pas relu du tout et pas corrigé du tout (en sachant que l’auteure enseigne l’écriture et la scénarisation à l’Université de Boston : les Américains sont-ils incultes et incompétents à ce point-là ???)… Alors dans le monde des comics il faut de l’action, des twist et des cliffhangers toutes les 20 pages, mais qaund même hein cela devient vraiment trop fort de café. Il n’est pas trop tard pour corriger le tir, mais à ce point-là je crois qu’on est parti pour un grand n’importe quoi !

Enfin je dois signaler que lgbt oblige l’intégralité des personnages féminins sont hypersensualisés pour nourrir les romances et les coucheries lesbiennes, mais qu’on n’oublie pas pour autant les lectrices hétérosexuelles puisqu’on a toute une galerie d’hommes-objets pour nourrir d’autre types de romances et de coucheries… Soupirs, et je passe sur les grandes histoires d’amour à tentacules...
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Monstress, tome 2 : La quête

Suite des aventures de Maika à la recherche de son passé et de son futur.



Ce tome correspond aux n° 7 à 12 de la version américaine. Il y a toujours plus de personnages mi-humain mi-animale et l’histoire est toujours aussi complexe. Les évènements s’accélèrent, les informations arrivent en nombre avec beaucoup de surprises parmi elles. Mais qui est donc Maika Demi-Loup ? Qu’a donc cherché à faire sa mère ? Où tout ça va-t-elle la mener ? Je pense que le tome 3 va nous réserver encore plus de surprises d’autant plus que certains personnages à doubles visages rencontrés dans le premier tome n’étaient pas présents dans celui-ci. Nous apprenons à mieux connaître Maika et son passé s’épaissit à mesure qu’on découvre les manigances de sa mère et de sa « famille ». Dommage que la petite Kippa n’est qu’un rôle mignon et d’accompagnement. J’aurais bien aimé qu’elle se dévoile un peu plus, outre le fait qu’elle tient beaucoup à Maika et qu’elle a des idées bien arrêtées. Par contre, quelques coquilles ont été oubliées par l’édition Delcourt dont une très belle en 4ème de couverture : « ce premier tome contient les épisodes 7 à 12... ». Logique ! C’est pas un 2ème tome celui-ci ?



Comme vous l’aurez compris, ce 2ème tome confirme l’excellente découverte du 1er tome avec cet univers toujours aussi complexe créé par Marjorie Liu et mis en dessins par Sana Takeda. Pour ma part, il me tarde juste la sortie du tome 3 en relié pour en continuer la lecture. L’histoire de Maika est complexe à souhait et nous réserve beaucoup de grosses surprises pour la suite des évènements. Je crois que le tome 3 est prévu en sortie anglaise au mois de Juillet 2018. À pister donc !!



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Monstress, tome 1 : L'éveil

Comics découvert en furetant pour ne pas changer. Il m’a intrigué à cause de sa superbe couverture et du nom de sa scénariste, que je connais grâce à une trilogie commencée il y a quelques années maintenant. Et comme dit Presence, il s’agit d’un superbe comics obtenu à un prix dérisoire, d’autant plus que le mien est d’occasion.



L’histoire est complexe mais très intéressante et servie par de superbes graphismes où nous découvrons différentes créatures fantastiques, mi-humaine mi-animale. On y suit Maika Demi-Loup dans sa quête de vérités, elle reconstitue son passé tout en essayant de comprendre ce qu’elle est devenue. Différents peuples se mélangent sur fond de guerre latente et de désaccord universel. J’ai adoré le petit personnage de Kippa, elle a une bouille si innocente dans ce monde de brute. Certains personnages montrent des doubles visages qui vont révéler beaucoup de surprises pour la suite, je pense. L’histoire est également complexe à cause des nombreux personnages présents mais certaines interactions restent encore inconnues. Le tome 2 sera donc lu dès réception et j’attendrais avec impatience la sortie du tome 3, celle-ci étant prévue pour la version anglaise en juillet 2018.



Comme vous l’aurez compris, une excellente découverte a été au rendez-vous avec ce comics, trouvé hors de Babelio pour une fois malgré les très bonnes critiques qui s’y trouvent déjà. Comme quoi, le hasard fait bien les choses même si sa couverture ne m’était pas totalement inconnue, mais je ne sais même plus où je l’avais vu. Si vous êtes amateurs de comics fantastiques complexes et servis par de superbes graphismes très détaillés, je vous conseille très fortement de découvrir ce comics. Pour ma part, outre les graphismes et l’histoire de Maika, j’ai très apprécié la mythologie mise en place par l’auteur. J’espère que l’histoire sera toujours aussi intéressante dans la suite des tomes.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Monstress, tome 1 : L'éveil

Je suis un peu triste de ne pas avoir accroché à ce 1er tome de « Monstress ». Triste parce que la B.D a des qualités mais quand je dis que je n’ai pas accroché, c’est une façon aimable de dire que je n’ai pas aimé du tout.



Comme je le disais, « Monstress » a pourtant des qualités. D’abord, visuellement c’est plutôt beau. Le style de Sana Takeda tient à la fois du comics et du manga et le mélange est harmonieux et réussi. Ensuite, il est indéniable que Marjorie Liu, la scénariste, a de l’imagination. L’univers qu’elle créé est riche et original.

Pourtant, malgré ces qualités, je n’ai pas aimé « Monstress ». Si l’univers créé et l’histoire sont potentiellement intéressants, je n’ai pas trouvé l’intrigue très bien menée. J’y ai vu un côté brouillon et confus qui m’a empêchée de m’immerger dans le récit. Ensuite, j’ai trouvé l’ensemble assez bavard et manquant de dynamisme narratif, le comble pour une histoire avec tant de péripéties. Tout ça fait que je me suis beaucoup ennuyée au cours de ma lecture. Et pour tout dire, j’ai lu le dernier tiers en diagonale. De plus, si je ne suis pas hostile à la dark fantasy, ici je n’y ai pas adhéré. J’ai trouvé que le côté sombre était appuyé de façon artificielle, j’ai eu l’impression que l’auteure cherchait à en rajouter sans que ça ne se justifie. Je n’ai pas aimé non plus les interludes où une sorte de chat conférencier vient apporter des informations sur l’univers du récit. Il y a là un côté quasi humoristique qui vient désamorcer les effets du récit et m’ont fait encore plus sortir de l’histoire.



Je n’ai pas aimé du tout ce 1er tome et je vais donc m’arrêter là avec cette série. Mais, comme je l’ai dit, « Monstress » a des qualités, je vous invite donc à vous faire votre propre avis.



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Monstress, tome 3 : Erreur fatale

Le petit récapitulatif en début de tome m’a été bien utile pour me souvenir des grandes lignes des 2 précédents ainsi que des noms des principaux personnages, sans avoir à les lire car malgré mon coup de cœur, j’ai lu d’autres livres depuis la sortie du tome 2.



Nous retrouvons Maïka et ses amis à la recherche d’un refuge, ils sont pourchassés par les Reines de Sang. Rien n’est jamais simple en compagnie de Maïka et de Zinn. Ça se complexifie de plus en plus, ça devient difficile de tout suivre et de tout retenir. Je pense qu’à la sortie du tome 4, je relirai tout car je m’y perds dans celui-ci. Trop de détails m’échappent et de nouveaux personnages font leur apparition. Il devient difficile de retenir les liens entre les nouveaux et les anciens personnages, il y a finalement trop de catégories différentes entre les bons et les méchants, sachant qu’ils ont souvent un double visage. On finit aussi par alterner un peu trop souvent entre les différents personnages et les situations qu’ils vivent, c’est loin d’être clair… Les graphismes sont superbes mais il n’est pas toujours simple de tout suivre, certains détails graphiques sont trop vagues. Curieuse fin au milieu de tout ce chaos. La petite Kippa aura très certainement un rôle important à jouer dans le prochain tome. À voir donc ce que nous réserve la suite…



Comme vous l’aurez compris, mon avis est plus mitigé pour ce tome, j’avais l’impression que ça partait dans tous les sens et qu’il me manquait des détails pour bien suivre l’ensemble de l’histoire. Elle se complexifie de plus en plus car nous ne suivons pas uniquement Maïka et ses amis dans ce comics, différents personnages apportent leur contribution, qu’elle soit bonne ou mauvaise avec des risques de changement de côté à tout moment. Pourquoi faire simple quand on peut faire compliqué ? A voir si certains détails nous sont dévoilés dans le prochain tome, comme l’implication de Ren et des chats dans toute cette histoire… Si vous êtes amateurs de série fantastique sortant de l’ordinaire et n’ayant rien à voir avec les super-héros, je vous conseille très fortement de découvrir Monstress et de lire de préférence les tomes d’affilé. Pour ma part, je vais pister les prochaines publications de ce comics, je ne sais pas quand la suite est prévue.



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Monstress, tome 6 : Le serment

Relation fusionnelle

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Ce tome fait suite à Monstress, tome 5 : Guerrière (épisodes 19 à 24) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome pour comprendre l'intrigue. Il regroupe les épisodes 31 à 35, ainsi que les deux épisodes Talk-stories 1 & 2, initialement parus en 2020 pour la minisérie, en 2021 pour la série régulière, écrits par Marjorie Lieu, dessinés, encrés et mis en couleurs par Sana Takeda.



Papotages : le conflit connait quelques heures d'accalmie, ce qui permet à Maika Halfwolf, Corvin Ravenborn et un autre d'échanger les dernières nouvelles. L'armée de la fédération a dépêché des unités vers les villes avoisinantes : peu leur importe combien de civils ils doivent exterminer car les Cumaea n'ont pas besoin que les corps soient encore en vie pour récolter le lilium. La seigneuresse de guerre est peut-être trop obsédée par la trahison de son épouse pour préparer une stratégie d'offensive. Maika décide d'aller faire un tour dans la ville : elle va retrouver Kippa à la soupe populaire. La demoiselle aide au découpage des légumes. Elle essaye d'entamer la conversation avec Maika, mais commence par une question déplacée en lui demandant qu'elle est la meilleure chose qu'elle ait mangée. Se rendant compte de son impair, elle propose de lui raconter son meilleur repas. Elle était encore une enfant et vivait avec sa sœur adoptive Perri, sa mère et son père. Ce jour-là, toutes contentes, elles ramènent des pièces électroniques qu'elles ont pu récupérer dans les poubelles ou par terre. Leur mère félicite Kippa en la prenant dans ses bras. Quand cette dernière fait remarquer que la plupart des pièces ont été trouvées par Perri, la mère ouvre le sac et déclare qu'elles sont toutes bonnes à mettre aux ordures, sans un seul regard pour sa fille adoptive. Le soir le père demande à la mère pourquoi les deux filles avaient l'air bouleversées. Dans leur chambre, les deux filles ont trouvé comment contenter leur mère. Plus tard, Marika raconte à Kippa l'histoire de son meilleur repas.



Au temps présent, le colonel Anuwat est agenouillé sur le champ de bataille et contemple les cadavres : il est peu probable qu'un être humain ait pu les déchiqueter comme ça. Un aide de camp commence à expliquer que les survivants ont insisté sur le fait c'est l'œuvre d'une jeune femme et d'une apparition démoniaque, la description de la jeune femme correspond à celle que le colonel avait soumis à un interrogatoire. Maika Halfwolf est attablée avec son père Seizi Imura : ils sont en train de manger de bon appétit, un copieux repas, tout en discutant sur le thème de la faim. Le père indique que la faim ne se transforme pas : c'est un carburant et c'est l'individu qui devient autre chose, d'aberrant ou de glorieux. Maika veut savoir pourquoi son père se trouve dans ses rêves : il répond que c'est parce qu'un dieu s'est glissé de son sang à lui dans son sang à elle. Il ajoute qu'ils ont besoin l'un de l'autre et il commence à disparaître. Elle continue la discussion avec Zinn qui lui conseille de le tuer dès qu'elle en aura l'occasion. À Pontus, les négociations continuent entre l'amiral Brito, représentant plénipotentiaire de la Vague, et une délégation de l'une des deux cours des Arcanics.



Petit à petit, le récit prend une ampleur de guerre totale, trouvant ses racines dans le passé, avec des individus clés, soit du fait de leur responsabilité et de leur pouvoir dans la société, soit du fait de capacités extraordinaires en termes de puissance de feu, ou de connexion avec des forces surnaturelles, des entités anciennes. Mais avant de continuer à progresser dans les méandres de ce conflit aux ramifications tentaculaires (et pas seulement du fait de la présence de grands anciens), les autrices approfondissent la relation entre la terrifiante Maika et la mignonne Kippa dans deux épisodes, où chacune d'elle raconte un souvenir d'enfance qui leur réchauffe le cœur. Éditorialement, cela correspond à une pause de 4 mois entre les numéros 30 et 31. Dans le fil du récit, ces épisodes sont réalisés par les mêmes autrices et sont totalement intégrés dans le fil de l'histoire puisqu'ils commencent après la bataille de Ravenna qui a eu lieu dans le tome précédent. L'artiste joue à fond sur l'apparence kawaï de Kippa, encore plus intense du fait qu'elle soit une enfant dans ce souvenir, avec sa demi-sœur tout aussi touchante dans sa candeur enfantine. Elle fait de même Maika enfant et sa copine Areka, avec des bouches souvent ouvertes et des grands yeux pour marquer soit l'étonnement, soit l'enthousiasme sans retenu et l'émerveillement. La première histoire se passe dans le logement miséreux de la famille de Kippa avec une incursion dans un camp de réfugiés, la seconde sur une île quasi déserte, avec une faune marine exotique et Sauri Imura, magnifique femme lionne, mère de Seizi & Kenzi. Les dessins sont toujours une combinaison aussi sophistiquée d'éléments détourés par des traits encrés, de couleur directe, et de camaïeux complexes. L'artiste joue avec le degré de densité d'informations pour chacune de ses 3 techniques : beaucoup de la première, peu des autres, ou peu d'éléments détourés et beaucoup des deux autres. En fonction de sa sensibilité ou de ses préférences, le lecteur peut parfois être déstabilisé par le manque de contour ou par l'affadissement de la mise en couleurs, tout en étant dans le même temps épaté par la richesse complémentaire d'une autre technique. Il ressort ravi de ces deux épisodes, pour en avoir appris plus sur Maika et sur Kippa, sur un moment de leur vie important dans leur développement, similaire pour l'une et l'autre tout en étant très différent, une forme sensibilité qui les rapproche.



Puis le conflit reprend ses droits, et le lecteur replonge dans cette intrigue complexe, avec la guerre entre plusieurs factions et leurs alliances mouvantes : la Fédération, les Archanics, les anciens dieux, les cumaea, la Cour de l'Aube, la Cour du Crépuscule, et leurs différents représentants, sans oublier quelques groupes non alignés avec un meneur qui perçoit le conflit comme autant d'occasions à saisir. Le présent tome est tout aussi riche et dense que les précédents sur le plan de l'intrigue, des personnages et des thèmes. Le lecteur n'a qu'à bien s'accrocher pour tout suivre. Seizi Imura commence à agir car il a perçu une ouverture. L'amiral Brito, représentant du peuple sous-marin, a posé ses conditions d'alliance ou de non-ingérence, et elles sont lourdes de conséquences pour les parties intéressées. La baronne et la seigneuresse sont arrivées à Ravenna pour reprendre la situation en main. Yvette Lo Lim arrive sur le champ de bataille et se présente au colonel Anuwat comme envoyée par le haut concile des Cumaea. Maika Halwolf se retrouve en prison. Sa grand-mère, impératrice d'une des deux cours, lui rend visite. Une nouvelle attaque a lieu sur Ravenna, et Maika finit par se résoudre à utiliser les pièces du masque dont elle dispose. Autant de séquences au cours desquelles l'artiste se déchaîne : le magnifique festin de Maika et son père dans un dessin en pleine page, les effets spéciaux pour le champ de force autour du coffre-fort, la grand-mère se tenant devant une statue monumentale de la déesse, les aéronefs commençant à bombarder, le monumental combat de Maika contre sa grand-mère, etc.



La scénariste a l'art et la manière de faire ressortir le caractère des personnages dans chaque discussion, qu'elle soit détendue ou confrontationnelle, de façon intégrée à chaque scène. Le lecteur prend plaisir à voir Maika gagner en assurance, ou Kippa rester positive, ou encore le comportement cinglé d'Yvette Lo Lim. Comme à son habitude, Sana Takeda fait ressortir la personnalité de chacun, que ce soit la tenue dépenaillée du père de Kippa, ou le manteau et le collier magnifique de la Grand-Mère, ou encore l'armure stricte de la seigneuresse. En vrac, le lecteur est tout autant marqué par le visage plein de ruse de Seizi, la folie dans le visage d'Yvette, l'agressivité méchante dans le visage de la grand-mère, les tentacules de Zinn, et bien sûr la coupe de cheveux de Maika adaptée à ses brûlures. C'est toujours un grand plaisir esthétique de contempler ces personnages mêlant un côté mignon avec une dimension romantique, une agressivité guerrière, l'un ou l'autre étant plus ou moins prononcé en fonction de la séquence. En plus de ce spectacle sophistiqué de cette intrigue nourrie, le lecteur ressent la présence de thématiques en filigrane du récit : l'empathie entre individus ou son absence, la faim dévorante, l'impact de la politique extérieure des grandes nations sur les peuples, la quête du pouvoir politique ou de la puissance physique, l'emprise des anciennes générations sur l'état du monde aggravé par l'immortalité de plusieurs grands de ce monde, la volonté des générations plus jeunes de suivre leur propre voie, l'opportunisme sans âme de Seizi Imura, et une métaphore extraordinaire d'une relation fusionnelle entre deux individus de race différente.



Sixième tome, et le lecteur grimace un peu en se rendant compte qu'il n'a pas encore entièrement assimilé la distribution pléthorique de personnages et leur allégeance, un trombinoscope serait le bienvenu. Dans le même temps, il reprend le fil de l'intrigue au bout de quelques scènes et retombe sous le charme du récit : les personnages si incarnés, la situation de guerre qui empire, la consistance de ce monde avec encore 2 interventions du professeur Tam-Tam, la beauté plastique de la narration.
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Monstress, tome 2 : La quête

Maika possède une partie d’un mystérieux masque. Elle et le monstre qui est en elle doivent se rendre sur l’île des os. Maika est en quête de son passé, de son identité et tente aussi de comprendre pourquoi elle est l’hôte d’un monstre qui se vante d’être un dieu. Mais elle est poursuivie par la moitié de la planète, ce qui ne rend pas aisé ses déplacement…



Les dessins sont toujours somptueux, avec un graphisme ou les personnages sont fascinants. Beaucoup d’entre eux sont anthropomorphiques, mi-animaux, mi-humains. Nous sommes dans un conte d’horreur, dans un monde de rivalité et de guerre et l’héroïne semble être l’avenir de ce monde ou son arme de destruction. Ces origines semblent complexes. Sa grand-mère est une louve, reine de la cour de l’aube. Elle ignore par contre qui est son père et va l’apprendre lors de sa quête sur l’île des os. Elle semble être la descendante de l’impératrice Shaman, celle qui mis au point le masque qui donnerait le pouvoir de contrôler les dieux, sorte de monstre comme celui qui habite dans le corps de Maika. Ce dernier serait sans doute l’ancien compagnon de la dite impératrice. Le Scénario est extrêmement complexe et fouillé, il entraîne une lecture qui demande beaucoup de concentration et ce sera certainement difficile de raccrocher à l’histoire lors de la parution du prochain tome. Les personnages secondaires sont nombreux, ainsi que les royaumes qui sont semble t’il tous prêts à replonger dans la guerre et pourchasser Maika la demi-louve pour lui prendre le morceau de masque et aussi son pouvoir. Il me reste à attendre la suite, dans un an sans doute. J’avoue que je suis assez embrouillé et que d’ici là, j’aurai sans doute décroché et que je devrai relire les épisodes précédents pour pouvoir de nouveau me plonger dans cette histoire étrange.

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Monstress, tome 1 : L'éveil

Maika est vendue comme esclave. Elle est du peuple des Arcaniques et les sorcières Cumaeas se servent de leur sang pour entretenir leurs pouvoirs. Ce que les Cumaeas ignoraient, c’est que notre héroïne est une miss demi-loup, très puissante et dont le corps est investit par un être maléfique. Maika parvient à s’enfuir avant d’être exécutée par les sorcières. Tout le monde part sa recherche…



Les dessins sont magnifiques. Un peu sombre, sans doute pour mieux refléter le climat de guerre et de violence qui est la toile de fond du scénario. Le scénario est chargé, à la fois riche et complexe. Beaucoup de personnages interviennent dans l’histoire. Parfois, cela semble un peu confus. On ne sait plus très bien qui est l’ennemi de qui, si ce n’est que pas grand monde n’aime l’héroïne et ne lui veut pas que du bien. L’histoire est jalonnée de symboles et d’ésotérisme. Beaucoup de peuples différents évitent de s’affronter dans une paix fragile, certains aimeraient replonger le monde dans la guerre. Les simples humains sont rares et semblent fragiles à côté d’autres espèces d’hominidés dotées de pouvoirs puissants. C’est un monde cruel, sans concession pour la compassion que nous livrent les auteurs. Dans l’ensemble, ce premier tome est passionnant et il me faudra sans doute le relire quand paraîtra le deuxième opus. J’espère qu’il ne se fera pas trop attendre.



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Monstress, tome 1 : L'éveil

Plus structuré qu'un comics (plus que tous ceux que j'ai pu lire et j'en ai lu un paquet), infiniment plus dense qu'un manga (et sur les quatre dernières années, j'en ai vu un paquet qui étaient surtout d'insupportables répétitions du même à l'infini - qu'ils se répètent eux-même ou qu'ils répètent les autres), là, c'est un véritable page turner ! Il y avait bien longtemps qu'une bande dessinée ne m'avait pas autant captivé. Donc chapeau pour m'avoir eu parce que ce n'est pas facile. Sans compter que le graphisme picore dans l'Art Nouveau et la surcharge d'un préraphaélisme hyper graphique (dans le genre Ophélie au fil de l'eau de Millais pour les détails et Rossetti pour les éclairages dans lesquels se perd souvent - heureusement - la surcharge du dessin). J'ai lu dans une autre critique ici-même qu'il y aurait de l'art déco, mais non : l'art déco, c'est l'art des paquebots et c'est non seulement plus géométrique mais aussi beaucoup plus simple. Ici, c'est le "florissement" de la nature ; et qu'elle nature : généreuse, foisonnante et colorée ! le scénario est un peu complexe avec des retours en arrière qui rendent le suivi de l'histoire un peu délicat .
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Monstress, tome 3 : Erreur fatale

Toujours aussi étonnant par ses qualités plastiques. On aurait pu croire que la source se serait tarie après un long premier volume et même un second tout aussi fouillé mais non, c'est encore foisonnant, et, contrairement à la plupart des autres bandes dessinées, la couverture annonce bien la couleur (si j'ose dire) : les pages intérieures sont tout aussi riches et composées. de ce coté là, c'est un vrai régal. Il y avait longtemps que je ne m'étais autant senti enthousiaste devant telle charge graphique (en toute honnêteté, je crois qu'il faudrait remonter à l'époque où j'allais lire les Six Voyages de Lone Sloane dans les bacs BD de la librairie Flammarion, à Marseille). D'un autre coté, cet hyper-graphisme n'est pas l'objectif principal, puisqu'il surgit d'un traitement de la lumière et de la couleur qui l'estompe et l'intègre à l'image autant qu'à la page.



Pour ce qui est de l'histoire, c'est toujours assez flou : les thèmes lovecratiens des anciens dieux plutôt malveillants et voraces se mélangent à des inspirations très farmériennes (Philip José, pour les intimes) de dualités humain/animal et corps/esprit, et se développent sur une trame assez classique de la fantasy : l'évocation des anciennes guerres du seigneurs de anneaux. le tout saupoudré de miettes d'effets Kawaï, tous mignons et félins. Comprendre qu'il n'y a pas de tavernes où les héros velus, puants, suants et transpirants, s'envoient des cervoises amères pour faire glisser des ragouts de bestioles faisandées. L'ambiance est plutôt aux salons de thé où on se présente en grande tenue d'apparat, toutes plumes dehors, pour déguster des gâteaux tout en sucres et en couleurs - et les poètes, ici ce sont les chats, ne sont servis qu'entre eux, à l'étage. C'est une cuisine aux mélanges complexes - avec une grosse note empoisonnée, sous la forme d'un vieux renard (les habitués de fins de soirée la tête penchée au-dessus des toilettes comprendront la fine allusion humoristique seulement après avoir lu le bouquin) - mais la sauce prend assez bien. le public visé est très clairement féminin...
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Monstress, tome 3 : Erreur fatale

Maika et le dieu qui vit dans son corps est toujours l’objet de toutes les convoitises. A cause du morceau de masque qu’elle possède mais aussi de son sang royal car elle est l’une des rares descendantes de l’impératrice Shaman. Toutes les ethnies semble vouloir la guerre mais toutes s’accorde à vouloir capturer notre héroïne. Sa seule présence dans une citée mais celle-ci en grand danger. Elle est toujours suivie par la petite renarde et le chat à deux queue. Donc, quand elle arrive à Pontus, les autorités locales lui demande de réactiver le bouclier de Pontus. Mais, l’inexpérience, la maladresse de Maika et la gourmandise énergétique du monstre détruise le bouclier plutôt que de le remettre en service. La cité est en grand danger et Maika est chargée de retrouver des pièces en ouvrant un endroit que seuls, ceux qui ont le sang de l’impératrice en eux peuvent franchir…



Cette bande dessinée trouve sont intérêt dans le graphisme et la mise en couleur a-qui sont somptueux. Mais le scénario est extrêmement complexe et demande des efforts de mémoire et de compréhension assez extrêmes. Il est difficile de situer où l’action se passe, de savoir qui sont les alliés ou les ennemis de l’héroïne. Ni son rôle dans la peut-être destruction du monde connu. On peut toujours se demander qu’elle est l’intérêt de se balader avec un « monstre-Dieu » dans son corps qui est capable d’avaler n’importe quel être vivant ou source d’énergie. Il était peut-être l’amant de l’Impératrice Shaman, elle-même ancêtre de Maika. Les personnages et les peuples sont tellement nombreux que le lecteur s’égare et je suis en train de me dire que pour reprendre le fil d’un scénario si embrouillé, le mieux serait d’attendre la fin de la série et de la lire en continu. S’il faut attendre un an entre chaque épisode, alors, je pense que je vais lâcher la suite de l’histoire à moins que cette série ne se termine en peu d’albums. Je ne crois pas que ce sera le cas et je vais prendre provisoirement le parti d’en rester là, par trop rassasié du trop plein d’information à emmagasiner pour tenter de comprendre l’étrangeté de ce récit qui semble, s’il n’a pas encore de fin, avoir beaucoup de début. Lu en numérique avec une superbe numérisation.

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Démoniaque, tome 1 : Chasseurs d'ombres

Livre lu dans le cadre du challenge ABC 2012-2013.



J'avais ce livre depuis au moins 2 ans dans ma PAL, au moment où je lisais la série des « Merry Gentry » (certains passages sont encore très présents dans ma mémoire ^^), celui-ci faisant également parti de l'urban fantasy. Je ne l'ai pas lu plutôt car je lisais beaucoup moins à l'époque. Mais depuis que j'ai repris le boulot, cela me permet de me le sortir de la tête et de déconnecter le temps d'une soirée ou d'un week-end.



Malgré un résumé énigmatique et donc accrocheur, le début de ce livre a été assez chaotique surtout à cause du prologue où on découvre Maxine Kiss et sa mère. La première phrase nous met déjà dans l'ambiance : « J'avais huit ans quand ma mère m'a perdue lors d'une partie de cartes contre des zombies ». Le ton est donné, Maxine a une vingtaine d'années quand sa mère se fait assassiner devant elle. Elle devient donc la nouvelle Chasseuse, devant vivre seule et accompagnée des « garçons ». Il nous faut un moment pour comprendre qui ils sont et ce que cela implique pour Maxine.



On passe beaucoup de temps dans sa tête où elle nous explique, entre autres, son métier (du peu qu'elle sait) et ses origines. Heureusement pour moi, cela n'est pas de l'auto-apitoiement ni larmoyant quand elle nous parle, comme une certaine Jill Kismet.



Le style de l'auteur est agréable à lire malgré quelques oublis de passages à la ligne entre une discussion et ce qu'elle pense de la situation. Comme c'est un roman à la première personne, ce n'est pas toujours évident de s'y retrouver. Malgré tout, les phrases sont courtes, il n'y a quelque fois aucun verbe. Les phrases sont bien rythmées entre elles, ce qui nous permet d'avancer vite dans l'histoire et de vouloir connaître la suite, surtout après les 100 premières pages où l'histoire s'enclenche réellement.



Le début a été néanmoins un peu chaotique, je voulais avancer dans ma lecture plus vite que la musique. Je n'arrivais pas à concentrer mon regard sur les phrases que j'étais en train de lire. A force de patience et de courage, j'y suis enfin arrivée ^^



Suite à l'assassinat d'un détective privé ayant son nom noté sur un journal, fait rare puisque quasiment personne n'est sensé l'avoir (elle doit vivre sous des pseudos pour sa survie et celle du monde), Maxine se lance dans une quête pour découvrir qui a envoyé ce détective enquêter sur elle. De ce qu'elle découvrira entraînera une nouvelle quête, celle sur son identité, sur sa famille et sur son « métier » de Chasseuse. Car au final, elle ne connaît presque rien d'elle-même ou de son passé ou même des démons, elle ne sait que ce que sa mère a bien voulu lui laisser dans ses journaux intimes. Même les « garçons » ont des secrets envers elle.



Nous la suivons donc dans ses quêtes et allant de surprises en surprises en même temps qu'elle. La lecture est quelque fois un peu ardue quand il est question de certains personnages secondaires. On les a un peu survolé quand ils nous ont été présentés :-( Du coup, j'ai eu un peu de mal à les ressituer.



La mythologie de la Chasseuse mise en place par l'auteur est assez complexe et difficile à suivre. Même certains concepts inventés par l'auteur ne sont pas connus par Maxine, car sortant de la bouche des démons. Maxine a perdu tôt sa mère et ce n'est encore qu'une jeunette dans le métier de Chasseuse. En plus, elle ne peut s'appuyer sur personne pour l'aider car elle est la dernière Chasseuse encore en vie. Toutes les femmes de sa famille ont toutes été assassinées pour que leurs filles prennent la relève. Même les garçons ne peuvent l'aider car le seul qui parle, Zee, le fait par devinettes et énigmes.



Ce tome est, en fait, une mise en bouche de l'univers de la Chasseuse. Au fil de celui-ci, elle apprend beaucoup de choses sur elle et sa famille. Révélations pas toujours évidentes à avaler mais Maxine est une jeune femme courageuse et pleine de ressources :-)



L'univers de Marjorie M. Liu est certes très complexe car il y a plus de descriptions que de dialogues. Mais l'auteur nous fait nous poser suffisamment de questions pour qu'on est envie de tourner les pages de plus en plus vite pour connaître la suite des aventures de Maxine Kiss. Le moins qu'on puisse dire, c'est que l'on n'a pas le temps de s'ennuyer avec elle même si on a un peu de mal à la suivre au début ^^



Pour ma part, je vais me procurer la suite (Tome 2 et 3) très prochainement, de façon à la lire plus rapidement que le tome 1 et de façon moins chaotique en ayant encore tout l'univers de la Chasseuse en mémoire :-)



Vous l'aurez compris, je vous conseille donc de découvrir cette auteur et son univers, et de vous y accrocher à cause de sa complexité :-)



Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Monstress, tome 6 : Le serment

Relation fusionnelle

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Ce tome fait suite à Monstress, tome 5 : Guerrière (épisodes 19 à 24) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome pour comprendre l'intrigue. Il regroupe les épisodes 31 à 35, ainsi que les deux épisodes Talk-stories 1 & 2, initialement parus en 2020 pour la minisérie, en 2021 pour la série régulière, écrits par Marjorie Lieu, dessinés, encrés et mis en couleurs par Sana Takeda.



Papotages : le conflit connait quelques heures d'accalmie, ce qui permet à Maika Halfwolf, Corvin Ravenborn et un autre d'échanger les dernières nouvelles. L'armée de la fédération a dépêché des unités vers les villes avoisinantes : peu leur importe combien de civils ils doivent exterminer car les Cumaea n'ont pas besoin que les corps soient encore en vie pour récolter le lilium. La seigneuresse de guerre est peut-être trop obsédée par la trahison de son épouse pour préparer une stratégie d'offensive. Maika décide d'aller faire un tour dans la ville : elle va retrouver Kippa à la soupe populaire. La demoiselle aide au découpage des légumes. Elle essaye d'entamer la conversation avec Maika, mais commence par une question déplacée en lui demandant qu'elle est la meilleure chose qu'elle ait mangée. Se rendant compte de son impair, elle propose de lui raconter son meilleur repas. Elle était encore une enfant et vivait avec sa sœur adoptive Perri, sa mère et son père. Ce jour-là, toutes contentes, elles ramènent des pièces électroniques qu'elles ont pu récupérer dans les poubelles ou par terre. Leur mère félicite Kippa en la prenant dans ses bras. Quand cette dernière fait remarquer que la plupart des pièces ont été trouvées par Perri, la mère ouvre le sac et déclare qu'elles sont toutes bonnes à mettre aux ordures, sans un seul regard pour sa fille adoptive. Le soir le père demande à la mère pourquoi les deux filles avaient l'air bouleversées. Dans leur chambre, les deux filles ont trouvé comment contenter leur mère. Plus tard, Marika raconte à Kippa l'histoire de son meilleur repas.



Au temps présent, le colonel Anuwat est agenouillé sur le champ de bataille et contemple les cadavres : il est peu probable qu'un être humain ait pu les déchiqueter comme ça. Un aide de camp commence à expliquer que les survivants ont insisté sur le fait c'est l'œuvre d'une jeune femme et d'une apparition démoniaque, la description de la jeune femme correspond à celle que le colonel avait soumis à un interrogatoire. Maika Halfwolf est attablée avec son père Seizi Imura : ils sont en train de manger de bon appétit, un copieux repas, tout en discutant sur le thème de la faim. Le père indique que la faim ne se transforme pas : c'est un carburant et c'est l'individu qui devient autre chose, d'aberrant ou de glorieux. Maika veut savoir pourquoi son père se trouve dans ses rêves : il répond que c'est parce qu'un dieu s'est glissé de son sang à lui dans son sang à elle. Il ajoute qu'ils ont besoin l'un de l'autre et il commence à disparaître. Elle continue la discussion avec Zinn qui lui conseille de le tuer dès qu'elle en aura l'occasion. À Pontus, les négociations continuent entre l'amiral Brito, représentant plénipotentiaire de la Vague, et une délégation de l'une des deux cours des Arcanics.



Petit à petit, le récit prend une ampleur de guerre totale, trouvant ses racines dans le passé, avec des individus clés, soit du fait de leur responsabilité et de leur pouvoir dans la société, soit du fait de capacités extraordinaires en termes de puissance de feu, ou de connexion avec des forces surnaturelles, des entités anciennes. Mais avant de continuer à progresser dans les méandres de ce conflit aux ramifications tentaculaires (et pas seulement du fait de la présence de grands anciens), les autrices approfondissent la relation entre la terrifiante Maika et la mignonne Kippa dans deux épisodes, où chacune d'elle raconte un souvenir d'enfance qui leur réchauffe le cœur. Éditorialement, cela correspond à une pause de 4 mois entre les numéros 30 et 31. Dans le fil du récit, ces épisodes sont réalisés par les mêmes autrices et sont totalement intégrés dans le fil de l'histoire puisqu'ils commencent après la bataille de Ravenna qui a eu lieu dans le tome précédent. L'artiste joue à fond sur l'apparence kawaï de Kippa, encore plus intense du fait qu'elle soit une enfant dans ce souvenir, avec sa demi-sœur tout aussi touchante dans sa candeur enfantine. Elle fait de même Maika enfant et sa copine Areka, avec des bouches souvent ouvertes et des grands yeux pour marquer soit l'étonnement, soit l'enthousiasme sans retenu et l'émerveillement. La première histoire se passe dans le logement miséreux de la famille de Kippa avec une incursion dans un camp de réfugiés, la seconde sur une île quasi déserte, avec une faune marine exotique et Sauri Imura, magnifique femme lionne, mère de Seizi & Kenzi. Les dessins sont toujours une combinaison aussi sophistiquée d'éléments détourés par des traits encrés, de couleur directe, et de camaïeux complexes. L'artiste joue avec le degré de densité d'informations pour chacune de ses 3 techniques : beaucoup de la première, peu des autres, ou peu d'éléments détourés et beaucoup des deux autres. En fonction de sa sensibilité ou de ses préférences, le lecteur peut parfois être déstabilisé par le manque de contour ou par l'affadissement de la mise en couleurs, tout en étant dans le même temps épaté par la richesse complémentaire d'une autre technique. Il ressort ravi de ces deux épisodes, pour en avoir appris plus sur Maika et sur Kippa, sur un moment de leur vie important dans leur développement, similaire pour l'une et l'autre tout en étant très différent, une forme sensibilité qui les rapproche.



Puis le conflit reprend ses droits, et le lecteur replonge dans cette intrigue complexe, avec la guerre entre plusieurs factions et leurs alliances mouvantes : la Fédération, les Archanics, les anciens dieux, les cumaea, la Cour de l'Aube, la Cour du Crépuscule, et leurs différents représentants, sans oublier quelques groupes non alignés avec un meneur qui perçoit le conflit comme autant d'occasions à saisir. Le présent tome est tout aussi riche et dense que les précédents sur le plan de l'intrigue, des personnages et des thèmes. Le lecteur n'a qu'à bien s'accrocher pour tout suivre. Seizi Imura commence à agir car il a perçu une ouverture. L'amiral Brito, représentant du peuple sous-marin, a posé ses conditions d'alliance ou de non-ingérence, et elles sont lourdes de conséquences pour les parties intéressées. La baronne et la seigneuresse sont arrivées à Ravenna pour reprendre la situation en main. Yvette Lo Lim arrive sur le champ de bataille et se présente au colonel Anuwat comme envoyée par le haut concile des Cumaea. Maika Halwolf se retrouve en prison. Sa grand-mère, impératrice d'une des deux cours, lui rend visite. Une nouvelle attaque a lieu sur Ravenna, et Maika finit par se résoudre à utiliser les pièces du masque dont elle dispose. Autant de séquences au cours desquelles l'artiste se déchaîne : le magnifique festin de Maika et son père dans un dessin en pleine page, les effets spéciaux pour le champ de force autour du coffre-fort, la grand-mère se tenant devant une statue monumentale de la déesse, les aéronefs commençant à bombarder, le monumental combat de Maika contre sa grand-mère, etc.



La scénariste a l'art et la manière de faire ressortir le caractère des personnages dans chaque discussion, qu'elle soit détendue ou confrontationnelle, de façon intégrée à chaque scène. Le lecteur prend plaisir à voir Maika gagner en assurance, ou Kippa rester positive, ou encore le comportement cinglé d'Yvette Lo Lim. Comme à son habitude, Sana Takeda fait ressortir la personnalité de chacun, que ce soit la tenue dépenaillée du père de Kippa, ou le manteau et le collier magnifique de la Grand-Mère, ou encore l'armure stricte de la seigneuresse. En vrac, le lecteur est tout autant marqué par le visage plein de ruse de Seizi, la folie dans le visage d'Yvette, l'agressivité méchante dans le visage de la grand-mère, les tentacules de Zinn, et bien sûr la coupe de cheveux de Maika adaptée à ses brûlures. C'est toujours un grand plaisir esthétique de contempler ces personnages mêlant un côté mignon avec une dimension romantique, une agressivité guerrière, l'un ou l'autre étant plus ou moins prononcé en fonction de la séquence. En plus de ce spectacle sophistiqué de cette intrigue nourrie, le lecteur ressent la présence de thématiques en filigrane du récit : l'empathie entre individus ou son absence, la faim dévorante, l'impact de la politique extérieure des grandes nations sur les peuples, la quête du pouvoir politique ou de la puissance physique, l'emprise des anciennes générations sur l'état du monde aggravé par l'immortalité de plusieurs grands de ce monde, la volonté des générations plus jeunes de suivre leur propre voie, l'opportunisme sans âme de Seizi Imura, et une métaphore extraordinaire d'une relation fusionnelle entre deux individus de race différente.



Sixième tome, et le lecteur grimace un peu en se rendant compte qu'il n'a pas encore entièrement assimilé la distribution pléthorique de personnages et leur allégeance, un trombinoscope serait le bienvenu. Dans le même temps, il reprend le fil de l'intrigue au bout de quelques scènes et retombe sous le charme du récit : les personnages si incarnés, la situation de guerre qui empire, la consistance de ce monde avec encore 2 interventions du professeur Tam-Tam, la beauté plastique de la narration.
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Monstress, tome 1 : L'éveil

Cette série me fait de l'oeil depuis sa sortie en France à cause de ses couvertures juste sublimes ! Sauf que j'ai autrefois voulu lire quelques comics et j'ai été souvent très déçue par les dessins à l'intérieur et le découpage que je trouvais trop rapide de l'intrigue, du coup je n'ai pas osé m'y frotter malgré mon envie. Mais, merci le confinement, le tome 1 était disponible gratuitement sur Izneo et les deux suivants à tout petit prix (moins de 2€), alors je me suis lancée !



Monstress est tout ce que j'attendais et même plus encore. Tout d'abord c'est une histoire de fantasy comme je les aime, pleine de mystères avec un système de magie qui me séduit, un monde avec des clans qui s'affrontent et une héroïne charismatique avec son sombre passé, ses blessures, etc. Classique, certes, mais bien écrit et mis en scène, et surtout porté par des dessins à tomber.



Parlons de ceux-ci, souvent dans les comics l'intérieur n'est pas à la hauteur de la couverture graphiquement parlant. Ici, c'est l'exception qui confirme ma règle (parce que je ne m'y connais pas assez pour dire que c'est une généralité), l'intérieur est sublime, on en prend plein les mirettes. Je ne compte pas les fois où je me suis arrêtée sur les pages, lisant le texte d'abord avant de revenir sur les dessins, case par case. Les dessins enchantent, ils transportent vraiment dans un autre monde. Ils sont fins, détaillés et très colorés. La colorisation est top au passage alors que c'est souvent un point noir pour moi dans les comics, ainsi elle pleine de nuances et j'aime le choix de la forte présence de ce nuancier se rapprochant des icônes orthodoxes dans une esthétique plutôt steampunk et arcanepunk (monde imaginaire où la magie et la science coexistent), d'inspiration asiatique. C'est une ambiance qui me parle. Il y a également beaucoup de variétés dans le trait, ce qui permet de bien mettre en valeur la pluralité des personnages rencontrés et des univers qui se croisent. Je suis particulièrement fan des animaux à corps humains. Les décors ne sont pas en restent, parfaitement travaillés, on en sent la chaleur des étoffes et le froid des métaux. Vous l'aurez compris, j'adore.



Du côté de l'histoire, on sent que les autrices ont planché sur un univers complexe. L'héroïne, Maika a été réduite en esclavage et intéresse ses tortionnaires, les Cumaea, car elle est une demi-loup avec des pouvoirs inconnus. Dans ce monde en guerre avec d’un côté les Humains (divisés encore en différentes entités...), et de l’autre les Arcaniques, dotés de caractéristiques magiques, Maika ressemble à une humaine normale. Il lui manque juste un bout de un bras et elle a un tatouage d’œil entre les seins. Mais on se rend vite compte qu’elle est possédée par une force obscure et malfaisante, qui a soif de sang, et qu'elle a du mal à la contrôler. Cependant, elle décide tout de même de s’infiltrer chez les Cumaea pour essayer de trouver des informations sur son passé et surtout sur sa mère qui menait de mystérieuses recherches. Sauf que ce n'est pas sans danger puisque cet ordre est connu pour se servir du sang et de parties de corps pour avoir des visions qui leur donnent un pouvoir et une influence importante dans le royaume.



Ce premier tome n'est que l'amorce de tout ça et cela reste encore bien obscur pour nous, les informations ne nous étant données qu'au compte-goutte. Au début, on ne comprend pas bien où on est, qui sont les différents clans, ce qu'ils veulent. L'héroïne est longtemps un mystère et on n'en sait au final pas énormément plus sur elle à la fin de ce tome, il reste énormément de questions en suspens, mais après tout c'est normal vu la longueur de la série. J'ai aimé ce côté un peu opaque avec le voile qui ne se lève qui très progressivement. Le mystère est entier et on s'interroge sur tout, fouillant les cases du regard ou interrogeant chaque dialogue et bout de texte. Je suis ainsi aussi bien intriguée par le passé de l'héroïne, les recherches de sa mère, les motivations des Cumaea, la place des Arcaniques etc.



L'ambiance est donc mystérieuse mais sombre également. Les Cumaea ne s'encombrent pas de sentiments quand ils torturent ou charcutent leurs prisonniers. L'héroïne est elle-même emplie de violence à cause de la créature qui l'habite. Elle m'a fait penser à celle de La Crécerelle que j'ai lu juste avant. Dans cette histoire, on n'épargne ni les femmes, ni les enfants, ni les forts, ni les faibles. C'est ça qui est chouette, on ne sait jamais qui va vraiment succomber et/ou souffrir.



En plus, c'est un titre très féminin, comme La Crécerelle justement, voire plus. On ne voit presque pas d'homme. Les personnages de pouvoir dans tous les sens du terme sont des femmes ici, de l'héroïne à ses bourreaux, en passant par ses poursuivantes ou ceux qu'elle-même cherche. Et c'est fait de telle sorte que ça ne choque pas, ça semble tout à fait normal de se retrouver dans cette société exclusivement féminine. Surprenant après coup mais très chouette.



Je vais m'arrêter là mais il y aurait encore beaucoup de choses à dire. J'ai vraiment été séduite par ce titre à la mythologie complexe et prometteuse encore plein de mystères. Son ambiance asiatique et arcanepunk illustrée de manière sublime m'a conquise. La noirceur du récit et de l'héroïne ont achevé de me convaincre. C'est une excellente surprise et encore plus quand on connait ma réticence envers les comics !
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Monstress, tome 5 : Guerrière

Ce tome fait suite à Monstress Volume 4 (épisodes 19 à 24) qu'il faut avoir lu avant. Il faut avoir commencé par le premier tome pour avoir un espoir de comprendre l'intrigue. Celui-ci regroupe les épisodes 25 à 30, initialement parus en 2020, écrits par Marjorie Liu, dessinés, encrés et mis en couleurs par Sana Takeda. Seul le lettrage a été confié à une tierce personne : Rus Wooton.



Il y a six ans de cela, lors de la bataille de Constantine, le commandement humain ordonne aux enfants arcaniques d'aller récupérer les armes et les objets de valeur sur le champ de bataille. Au temps présent, à Pontus, le commandant Seizi Imura gère la supervision de l'évacuation des civils, certains n'étant pas satisfaits de l'alliance avec les Thyrians. Kippa informe Maika Halwolf des dernières nouvelles : les journaux de la Fédération qualifient les bombardements d'Aurum de nouveau Constantine. Seizi les rejoint et leur transmet l'au-revoir de Kenzi qui est partir rejoindre leur clan pour essayer de convaincre leur ancien de s'engager dans la guerre à venir. Il explique à Kippa qu'une pirate futée sait qu'elle ne peut pas survivre sans des amis loyaux, et des alliés puissants. Il remarque que le nouveau bras de Maika fonctionne à la perfection. Il se rend compte qu'elle ne lui répond pas : Kippa confirme qu'elle ne parle plus à personne. Seizi demande à Kippa d'aller voir Vihn. Puis il s'adresse à Maika pour l'informer que l'évacuation de Pontus devrait pouvoir se faire en deux semaines, sauf complication inattendue. Il ajoute qu'il sait qu'elle a rencontré son père, Vihn le lui a expliqué. Elle parle pour lui reprocher de ne lui avoir rien dit : il répond qu'il avait fait une promesse à Morika, la mère de Maika. Elle continue : son père sait tout d'elle et souhaite l'instrumentaliser, tout comme sa mère, tout comme les deux cours, celle de l'Aube et celle du Crépuscule, tout comme la Mère Supérieure des Cumaea.



Leur discussion est interrompue par deux humains venant les avertir que trois navires de la Fédération approchent de Pontus. Brito, l'amirale de la flotte, est reçue par Seizi, accompagné de Maika et de la représentante de l'ordre de Cumaea. Elle-même est accompagnée par Va'Lan, un représentant de la cour de la Vague, les tenants du pouvoir des êtres habitants sous l'eau. Seizi explique que le bombardement d'Aurum est le fait d'un groupe séparatiste, sanctionné par aucun gouvernement. Brito poursuit en disant que la guerre est quand même imminente et que la colonelle Anuwat s'apprête à mobiliser des éléments de l'armée de la Fédération pour attaquer la ville frontière de Ravenna. Elle a l'intention de franchir le mur barrière ce soir et de faire traverser les Dusklands à 5.000 soldats. Les vaisseaux aériens et 3.000 soldats de plus suivront. En quatre jours, elle et son armée seront devant Ravenna. Devant l'étonnement de Seizi d'obtenir des renseignements aussi précis, elle rappelle que la marine et l'armée ont souvent été opposées, et en réponse à une question, elle confirme que les familles des soldats de la marine ont été mises en sécurité dans des navires. Après son départ, Seizi indique qu'ils doivent informer la cour du Crépuscule immédiatement.



À chaque nouveau tome, le lecteur se souvient du cycle : il lui faut d'abord se souvenir de qui est qui, et de qui appartient à quelle faction. Il se rappelle que dans cette série au goût prononcé, il y les humains, les chats, les arcaniques, les vieux dieux et qu'il ne faut pas confondre ces derniers avec les anciens. Il doit également se rappeler des forces en présence : la cour de l'Aube et la cour du Crépuscule (deux nations arcaniques), avec le rappel de l'existence de la cour de la Vague (elle aussi arcanique), la Fédération (les humains), sans oublier l'organisation religieuse des Cumaea composée uniquement de femmes, sans oublier la faction de Lord Doctor (le père de Maika), ou des personnages essentiels comme l'Épée de l'Est (Warlord) et la Baronne du dernier Crépuscule (Tuya). Une fois cette remémoration effectuée, il a fait l'effort nécessaire pour s'immerger dans ce monde fourni et à nul autre pareil, et il peut commencer à se raccrocher à l'intrigue. Il a encore en mémoire l'affrontement dantesque du dernier tome. Comme à son habitude, l'artiste applique sur chaque planche des couches sophistiquées de couleurs pour installer une atmosphère expressionniste, pouvant aussi bien évoquer la noirceur de la mort omniprésente sur le champ de bataille de Constantine, le calme apporté par la belle couleur de la mer devant Pontus, l'énergie magique qui sature l'air autour de Tuya & Warlord, les ténèbres menaçantes qui s'épaississent alors que Maika fait des exemples parmi la populace de Ravenna, etc. Le lecteur se rend bien compte que ses ambiances lumineuses saturent chaque page permettant de masquer l'absence d'arrière-plan. Dans le même temps, il constate aussi que les pages restent dans des tons sombres pendant la deuxième moitié de ce tome, sans respiration lumineuse, attestant de l'état de guerre qui s'installe. L'usage de camaïeux sophistiqué n'a rien de démonstratif : c'est un élément puissant de la narration.



Même si elle fait un usage libéral des couleurs pour nourrir les cases, Sana Takeda surprend régulièrement le lecteur avec des environnements à couper le souffle : le superbe navire à voile au pied duquel les réfugiés font la queue pour embarquer, la magnifique vue en hauteur de la baie de Pontus, les arches du pont surplombant un quartier de Constantine, le cabinet des curiosités de Vihn, la vue générale de Ravenna, le bureau du professeur Tam-Tam, les bâtiments entourant la grand-place de Ravenna, etc. Ses personnages se reconnaissent aisément, évidemment les principaux comme Maika Halfwolf, Kippa, Vihn et ses bois splendides, Corvin et son visage d'ange, sans oublier Zinn, mais aussi les secondaires. Le lecteur se souvient immédiatement de l'amirale Brito, en particulier grâce à sa coupe de cheveux. De temps à autre, il peut encore déceler l'influence des mangas et de Clamp dans la représentation des personnages, mais au fil des épisodes l'artiste a abouti à une hybridation intégrée qui reflète sa personnalité, plutôt qu'un amalgame grossier d'influences accolées et jurant l'une par rapport à l'autre. Kippa est toujours aussi mignonne avec ses grands yeux et son allure d'enfant, pour autant elle ne peut pas être réduite à un simple dispositif visuel de type kawaï. En la regardant, le lecteur peut voir sa force de caractère et d'autres facettes de sa personnalité. Dans l'épisode 27 apparaissent quatre nouveaux personnages Odile, Aurelia, Mektilda, et la dernière, des nonnes guerrières. La dessinatrice leur donne un visage de porcelaine, une silhouette élancée et de superbes costumes différenciés très détaillés, majoritairement en cuir. Le lecteur a du mal à croire le degré de détails et le temps qu'il a fallu pour les rendre aussi mémorables.



Le lecteur est donc complètement emporté par la narration visuelle et transporté dans ce monde mêlant magie, races extraordinaires et science à moitié oubliée. Les pages s'avèrent tellement riches et personnelles qu'il peut ne pas faire attention à un détail (Maika Halwolf et la capitaine Min chevauchent bien des licornes) ou ne pas voir l'hommage à la destruction de Tokyo dans Akira de Katsuhiro Otomo, dans l'explosion qui se produit à Constantine en début d'épisode 29. Il prend rapidement conscience qu'il se passe également beaucoup de choses. La majeure partie du tome se concentre sur la bataille de Ravenna. Cela n'empêche pas qu'il soit question de beaucoup d'autres événements : l'évacuation de Pontus, l'effet du bombardement d'Aurum, les tensions entre la cour de l'Aurore et la cour du Crépuscule, les expérimentations sur des fétus avec du lilium, les mutilations perpétrées par les humains sur les chats, d'autres choses encore, et bien sûr ce qui s'est réellement passé lors de la bataille de Constantine, ce qui a causé la mort de dizaines de milliers d'individus. Le lecteur prend grand plaisir à voir ainsi les différentes pièces du puzzle s'assembler, faisant progresser l'intrigue générale, la rendant plus facilement intelligible.



Comme dans les tomes précédents, la scénariste raconte une histoire qui s'achemine inexorablement vers une guerre de grande ampleur, entre de nombreuses factions. Elle continue également de développer les deux principaux thèmes de sa série : les différentes formes de coopération entre les personnages féminins, et la manière dont les conflits déshumanisent les individus. L'entraide liant les personnages qui sont majoritairement féminins ne fonctionne pas de manière systématique, et certaines en manipulent ou en trahissent d'autres : il n'y a pas de forme d'angélisme dans ce thème. Au fur et à mesure que le conflit prend de l'ampleur, Maika, Kippa et les autres reçoivent des coups, doivent se défendre. Mais avec ce tome, elles doivent aussi prendre l'offensive, c’est-à-dire commettre des actions terribles pour le bien du plus grand nombre. Par exemple, l'armée de la Fédération sous les ordres de la colonelle Anuwat s'apprête à envahir la cité de Ravenna et à y massacrer tout le monde. Maika Halfwolf doit convaincre au plus vite la population de prendre les armes. Pour ça, elle ne peut qu'assumer le rôle de décideur et de faire un exemple en tuant de manière monstrueuse les deux ou trois premiers qui renâclent. D'une autre manière, la si gentille Kippa doit aussi commettre un acte irréparable. L'autrice montre bien la répugnance des personnages à accomplir ces atrocités, la culpabilité qui l'accompagne, et l'absence de solution noble et satisfaisante, sans avoir à se salir les mains.



Cette série demande toujours du temps de cerveau disponible au lecteur pour pouvoir resituer tous les personnages, les forces en présence et leurs objectifs. Une fois qu'il a fait cet effort, il commence par se délecter de la narration visuelle qui apporte un plaisir immédiat et présent à chaque page. Petit à petit, il retrouve son investissement affectif pour chaque personnage. Il ressent une forte empathie en les voyant souffrir et devoir accomplir des actes allant à l'encontre de leurs valeurs. Il voit les chefs politiques et les généraux prendre des décisions impliquant la mort de milliers de personnes, y compris parmi leurs soldats, sans une once d'hésitation, y compris quand il s'agit de ne pas tenir ses engagements vis-à-vis d'un allié, avec pour conséquence encore plus de morts.
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Monstress, tome 4 : L'élue

Des quatre volumes publiés, celui-ci me touche moins. Moins d'actions, plus de bavardages, de longs dialogues souvent hermétiques. S'il reste quelques pages somptueuses coté dessin, le plus souvent les cases semblent moins "soignées", la forme plus quelconque voire bâclée, ce qui tient surement au côté moins stimulant pour la dessinatrice des échanges oraux qui n'en finissent plus dans un même environnement...
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Monstress, tome 1 : L'éveil

Ce tome est le premier d'une série indépendante de toute autre. Il contient les épisodes 1 à 6, initialement parus en 2015/2016, écrits par Marjorie Liu, dessinés, encrés et mis en couleurs par Sana Takeda, avec un lettrage de Russ Wooton. Le premier épisode comprend 66 pages, et chacun des 5 suivants en compte 28, soit un total de 206 pages de bandes dessinées pour un prix dérisoire.



Maika Haflwolf appartient à la race des Arcanic, des sangs mêlés, moitié humain, moitié Ancien. Elle se trouve entièrement nue dans une maison bourgeoise, en train d'être vendue aux enchères par Ilsa. Sophia Fekete entre dans la pièce où se tiennent les enchères et exige que Maika et 3 autres prisonniers lui soient remis à titre gracieux, en tant que représentante des Cumaea. Ilsa s'exécute pour le plus grand mécontentement des autres acheteurs présents. Elle assure elle-même le transfert des esclaves vers la demeure de Sophia Fekete, cette dernière ayant déjà regagné ses pénates et étant en grande discussion avec Atena. Lorsque Maika arrive, elle fait soulever sa tunique pour montrer son tatouage sur son corps, une sorte d'œil à demi fermé. Maika est enfermée dans une cellule avec d'autres détenus dans d'autres cellules, dont Kippa une jeune demoiselle avec une queue de renard.



Maika Halfwolf se souvient du lendemain de la bataille de Constantine et de sa discussion avec Tuya, puis avec maître Ren (un chat avec 2 queues). Bientôt des gardes font irruption pour emmener le plus jeune garçon, afin qu'il soit mutilé pour que ses membres servent à fabriquer la liqueur de Lilium qui assure l'immortalité à ceux qui en consomment. C'est le moment que choisit le pouvoir de Maika Halfwolf pour se manifester. Suivie par Kippa, elle va se rendre dans le laboratoire de Sophia Fekete, puis progresser jusqu'aux appartements d'Yvette Lo Lim. Après un affrontement avec les gardes, elle s'échappe de la cité Zamora, et prend la fuite dans les contrées sauvages, à bord d'une charrette conduite par Emilia, une femme portant son nouveau-né sur le ventre. Maître Ren et Kippa sont également du voyage.



Marjorie Liu est une écrivaine connue pour ses romans comme ceux de la série Démoniaque ou de la série L'agence Dirk & Steele. Elle a également écrit des comics pour Marvel, comme X-23, Dakken, X-Men (le mariage de Northstar avec Kyle Jinadu, c'est elle) et des histoires complètes comme l'excellent Veuve Noire, Tome 2 : (Le nom de la rose). Mais ce qui attire en premier le lecteur, c'est le magnifique dessin de couverture. Il voit une magnifique jeune femme avec un manteau au motif complexe et élégant, se tenant devant une ornementation métallique finement ouvragée, avec un arrière-plan à demi masqué très intriguant. En feuilletant rapidement ce recueil, il a la surprise de constater que les pages intérieures présentent le niveau de détail et de finition, fait exceptionnel pour un comics industriel.



En tant qu'artiste complète, Sana Takeda habille ses dessins par les couleurs avec une fusion totale des traits encrés. Cette complémentarité est telle que page après page le lecteur observe des surfaces présentant des volumes grâce aux couleurs, des cases avec un jeu de luminosité complexe grâce aux couleurs, des formes délicatement sculptées par les couleurs. Le résultat est effectivement magnifique de page en page, avec des ambiances d'une grande cohérence pour chaque scène et des formes tangibles, avec du relief (sans exagération). Il n'y a que s'il y prête attention que le lecteur prend conscience de toutes les informations qui sont portées par les couleurs. L'artiste dessine de manière très traditionnelle en détourant les formes par un trait qui est encré pour être net à la reprographie.



De temps à autre, le lecteur se rend compte que les traits encrés ne portent pas énormément d'informations, que ce soit un arrière-plan un peu vide, ou un visage très simple. Cela ne se produit pas souvent, mais quand ça arrive c'est déstabilisant. À ces occasions, il prend conscience que les visages conçus par l'artiste présentent un petit air manga, avec des mentons pointus, et parfois des yeux un plus grands que nature. Cette influence japonaise n'a rien d'un simple recopiage par manque d'inspiration. Elle est en phase avec le récit qui a recours à des éléments de culture japonaise, à commencer par les chats à plusieurs queues (par exemple maître Ren en a 2).



Une fois que le lecteur s'est accoutumé à ces particularités graphiques, il s'immerge dans un monde visuel riche et personnel. Les personnages ont tous une apparence distincte, avec des tenues vestimentaires adaptées à leur position sociale. Maika Halfwolf ressemble à une adolescente longiligne, au caractère peu commode. Sana Takeda réussit à rendre sa nudité normale, sans titillation, transcrivant son humiliation, sans susciter une forme d'excitation. Les dessins montrent une personne à l'apparence discrètement étrange, ce qui évoque bien qu'elle fait partie de la race des Arcanic. Les prêtresses Cumaea ont le maintien qui attestent qu'elles savent qu'elles appartiennent à une classe sociale dominante. Le lecteur peut voir le plaisir sadique qu'éprouve la geôlière à faire montre de son impunité à maltraiter les prisonniers. Kippa (une jeune fille de petite taille avec une queue de renard) est mignonne à croquer, avec ses yeux souvent implorants, et sa manière de tenir sa queue dans ses bras, devant elle, comme une forme de protection.



L'artiste utilise les couleurs et l'infographie pour réaliser un rappel discret de l'environnement en fond de case sans avoir à en dessiner les détails. À nouveau, son approche graphique relève d'une maîtrise de la conception des cases pour se concentrer sur la narration, sans les surcharger. Dans chaque séquence, elle représente les décors et leur donne une consistance remarquable. Le lecteur peut contempler à loisir la riche décoration du salon dans lequel Maika Halfwolf est mise aux enchères. Il peut observer l'architecture de la ville alors que la roulotte progresse vers la maison de Sophia Fekete. Il a l'impression de sentir le vent qui balaye les hautes herbes d'une plaine ou Maika se tient à cheval avec Tuya. Il voit l'architecture de la pièce monumentale où se trouvent les cellules. Il essaye de déchiffrer avec Maika les inscriptions sur un mur de pierre. Il est fort impressionné par les édifices où vit la Reine des Loups. Il regarde la forêt alors que la charrette d'Emilia progresse. En tant qu'artiste complète, Sana Takeda montre un monde présentant une grande cohérence graphique, consistant et riche. Elle représente un monde d'Heroic Fantasy palpable dont le lecteur peut ressentir l'histoire et la réalité.



Le lecteur comprend vite pourquoi ce premier tome se devait d'être aussi épais. Marjorie Liu s'est embarquée dans la création d'un monde très développé et il lui faut du temps pour exposer la situation géopolitique, les règles de la magie, les personnages, leur histoire personnelle, et leurs alliances. Elle doit présenter les différentes races évoluant dans ce monde et les liens qui les unissent, tout en dépassant les stéréotypes sur les Grands Anciens en provenance des écrits d'Howard Phillips Lovecraft, ou encore les chats dotés de conscience. Pour ce faire, elle a ajouté une page de présentation réalisée par un maître chat, en fin des épisodes 2 à 6, ce qui lui permet de revenir sur l'histoire de ce monde, et de lier les différents détails évoqués par les personnages. Le récit montre également que l'histoire se joue sur plusieurs générations, et que les conflits trouvent leur origine dans le passé.



D'un côté, le lecteur prend plaisir à découvrir ce nouveau monde, à prendre contact avec ces personnages, à voir les affrontements. De l'autre côté, le sens du rythme de la scénariste manque encore un peu de maturité, et certains passages donnent l'impression de perdre tout l'allant acquis dans les pages précédentes, pour devoir à nouveau vaincre l'inertie inhérente à une fresque d'une telle ampleur. Le monde créé par Marjorie Liu et Sana Takeda ne manque pas d'originalité, avec une intégration discrète de mythes d'origine japonaise, sans donner l'impression d'ersatz ou de plagier, ou même de recycler le travail d'autres créateurs. Elle sait développer la personnalité de Maika Halfwolf. Les thèmes principaux sont donc la poursuite d'une source de pouvoir pour conserver la place de caste dirigeante, la vengeance, mais aussi la singularité. De par sa naissance et son histoire personnelle, Maika Halfwolf est un individu envisagé comme un moyen, comme une réprouvée et comme une indésirable. Sa ferme résolution en fait une personne bien décidée à se tailler une place dans la société, à se faire respecter et même craindre, à devenir elle-même une personne de pouvoir. Il est possible de mettre cette volonté en parallèle avec le fait que son corps abrite, contre sa volonté, une entité malveillante qu'elle ne contrôle pas. Il est donc possible de considérer le cheminement de cette protagoniste comme une forme de lutte pour intégrer la société et d'une lutte contre ses propres démons intérieurs.



Ce premier tome est plus épais que l'ordinaire pour que les 2 créatrices puissent raconter une part significative de leur récit de grande ampleur. Les dessins de Sana Takeda séduisent rapidement le lecteur par leur originalité, leur personnalité et leur sophistication. L'histoire de Marjorie Liu s'avère intéressante et prenante, malgré un découpage pas toujours assez fluide.
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