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Monstress tome 2 sur 7
EAN : 9782756091778
160 pages
Delcourt (11/10/2017)
3.93/5   77 notes
Résumé :
Après avoir survécu au massacre entre les humains et les Arcaniques, Maika Demi-Loup partage un lien psychique avec un monstre aux pouvoirs incommensurables. Elle doit affronter un fantôme issu de son passé, quelle pensait disparu. Maika, Kippa et Ren décident de se rendre à Thyria à la recherche de réponses Pour finalement découvrir et devoir faire face à une nouvelle terrible menace.
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Critiques, Analyses et Avis (17) Voir plus Ajouter une critique
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Avec ce deuxième tome de "Monstress", les éditions Delcourt nous offre un beau livre-objet de 160 pages qui regroupe les numéros 7 à 12 de la série du même nom publié par Image Comics. Ce qui frappe de prime abord ce sont les beaux graphismes de Sana Takeda qui mélangent à la perfection esprit manga et esprit comics, avec un univers arcanepunk qui fait la part belle à l'esthétique Art Déco !


Dans ce tome 2, Maika Demi-Loup est toujours poursuivi par les cours rivales des Anciens du Matin et du Soir, par les nonnes-sorcières cumeae, les humains de la Fédération qui sont leurs pions, auxquels il faut ajouter les reines pirates de Thyria et bien d'autres encore : tous veulent lui leur arracher le secret de l'arme absolue qui a détruit la ville de Constantine et mis à la dernière guerre, mais aucun d'entre ne sait ce dont il s'agit (enfin presque tous ^^)...
Maika continue de suivre les chemins empruntés par sa mère, et accompagnée du nekomancier Ren Momorian et de la petite fille-renarde Kippa qui lui fait office de Jiminy Cricket elle fait appel à Seizi son parrain homme-tigre qui lui fournit un navire et un équipage pirates (mdr la mémé femme-requin qui apprend à la fille-renarde à nager ^^) pour atteindre un équivalent de Skull Island, une île qui s'avère être le corps d'un dieu mort, prison éternelle d'un criminel de légende condamné par ses actes de terrorisme et ses tueries racistes, mais aussi un enfer de poche hanté par des milliers et des milliers de fantômes... Au royaume de l'illusion, Maika demande des réponses au Renard de Sang, mais ce dernier ne souhaite qu'une seule et unique chose : sa libération pour semer la ruine et la désolation !

Alors oui, on ne sait toujours pas comment la mère de l'héroïne est morte, pourquoi elle veut la venger, quel est ce mystérieux artefact qu'elle veut à tout prix récupérer, comment elle s'est retrouvé hôte d'un dieu-démon, mais dans ces épisodes Marjorie Liu arrête d'amener de nouveaux éléments qui déboulent de partout en même temps pour développer ce qu'elle a déjà mis en place donc on a enfin de plus de réponses que de question ! Et pour ne rien gâcher, c'est quand même vachement mieux amené et raconté !

Je suis à peine surpris que les tourments intérieurs de Maika ressemblent à ceux de Çeda dans la série "Sharakhaï" de Bradley P. Beaulieu, mais je suis très agréablement surpris que la relation entre Maika et Zinn ressemble à une version grimdark de la relation entre Shin'ichi Izumi et Migi dans "Kisaiju" / "Parasite" d'Hitoshi Iwaaki (un excellent manga, qui servit de livre de chevet à James Cameron pour "Terminator 2", et depuis un excellent anime aussi !). Un comic fantasy plaisant et intéressant qui se retrouve dès maintenant à la croisée de chemins : ou il devient génial ou il se casse la gueule, les deux options restant encore possibles... Mention spéciale au travail graphique très soigné de Sana Takeda qui parvient à mélanger parfaitement les esthétiques kawaï, shôjo, grimdark, arcanepunk et Art-Déco !
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Suite des aventures de Maika à la recherche de son passé et de son futur.

Ce tome correspond aux n° 7 à 12 de la version américaine. Il y a toujours plus de personnages mi-humain mi-animale et l'histoire est toujours aussi complexe. Les évènements s'accélèrent, les informations arrivent en nombre avec beaucoup de surprises parmi elles. Mais qui est donc Maika Demi-Loup ? Qu'a donc cherché à faire sa mère ? Où tout ça va-t-elle la mener ? Je pense que le tome 3 va nous réserver encore plus de surprises d'autant plus que certains personnages à doubles visages rencontrés dans le premier tome n'étaient pas présents dans celui-ci. Nous apprenons à mieux connaître Maika et son passé s'épaissit à mesure qu'on découvre les manigances de sa mère et de sa « famille ». Dommage que la petite Kippa n'est qu'un rôle mignon et d'accompagnement. J'aurais bien aimé qu'elle se dévoile un peu plus, outre le fait qu'elle tient beaucoup à Maika et qu'elle a des idées bien arrêtées. Par contre, quelques coquilles ont été oubliées par l'édition Delcourt dont une très belle en 4ème de couverture : « ce premier tome contient les épisodes 7 à 12... ». Logique ! C'est pas un 2ème tome celui-ci ?

Comme vous l'aurez compris, ce 2ème tome confirme l'excellente découverte du 1er tome avec cet univers toujours aussi complexe créé par Marjorie Liu et mis en dessins par Sana Takeda. Pour ma part, il me tarde juste la sortie du tome 3 en relié pour en continuer la lecture. L'histoire de Maika est complexe à souhait et nous réserve beaucoup de grosses surprises pour la suite des évènements. Je crois que le tome 3 est prévu en sortie anglaise au mois de Juillet 2018. À pister donc !!

Sur ce, bonnes lectures à vous :-)
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Ce tome fait suite à Monstress, tome 1 : L'Éveil (épisodes 1 à 6) qu'il faut impérativement avoir lu avant. Il contient les épisodes 7 à 12, initialement parus en 2016/2017, écrits par Marjorie Liu, illustrés par Sana Takeda qui a réalisé les dessins, l'encrage et la mise en couleurs. Seul le lettrage a été assuré par Rus Wooton.

Maika Halfwolf reprend connaissance dans un pâturage, tenant à la main le coeur d'un mouton dont la carcasse éventrée gît à ses pieds. Elle mord dans le coeur à pleine dents, sous le regard horrifié des fermiers et s'en retourne vers la capitale Thyria. Rentrée dans la demeure de sa défunte mère Moriko, elle se lave, puis se change sous le regard de Kippa (la jeune renarde). Elle lui explique qu'elle va devoir la laisser si elle ne trouve pas un indice dans la maison. Angoissée à cette idée, Kippa désigne un mur que Maika perfore d'un violent coup de poing. Elle découvre une cache secrète contenant un coffret qui recèle une sorte de clef d'une forme bizarre, taillée dans un os. Elles sortent toutes les deux et Maika Halfwolf interroge un marchand sur Catriona Devola qui habitait dans le quartier. Elle n'obtient pas d'information, et à peine a-t-elle le dos tourné que le marchand relaie l'information à un sbire de l'Impératrice Shaman, gouvernante de la ville.

Dans le quartier des temples, Ren Mormorian (le nekomancer qui accompagne Maika Halfwolf) requiert une audience avec la poétesse Jadala Bonetail. Puis il rejoint Maika et Kippa, alors qu'elles sont reçues par Seizi, un lion anthropomorphe, ayant été l'ami de Moriko, la mère de Maika. Elle explique qu'elle a besoin de rejoindre l'Île des Ossements, et Seizi accède à sa requête en la remettant aux bons soins de la capitaine Syryssa. le navire part même beaucoup plus rapidement que prévu car l'Impératrice Shaman de Thyria a déjà demandé à sa police de lui ramener Maika Hafwolf. Dans son royaume, sa seigneurie de l'Est apprend l'existence de Maika Halfwolf, ainsi que le rôle qu'elle a joué dans la bataille de Constantine. Cette découverte modifie l'équilibre des pouvoirs.

Après le premier tome, le lecteur n'était pas entièrement convaincu de revenir pour le deuxième. Les 2 auteures avaient présenté un monde très étoffé, avec des personnages intriguant, une mythologie originale, et des dessins splendides. Néanmoins elles avaient du mal à vaincre l'inertie générée par un la contrainte de présenter de nombreux éléments d'informations rapidement, malgré l'usage de pages en forme de leçons pour les nekomancers en fin d'épisodes. Toutefois en découvrant la magnifique couverture, la curiosité prend le dessus, et le constat que les pages intérieures présentent le même degré de finition emporte les dernières réticences. Dans son récit, la scénariste reprend des éléments mythologiques souvent utilisés dans le genre de l'Heroic Fantasy, comme des créatures à base d'animaux anthropomorphes (des chats, des renards, des lions), des sirènes, d'immondes créatures venues du dehors, etc. Contre toute attente, le lecteur n'éprouve jamais de sensation de déjà-vu ou de resucée dérivative, grâce à l'implication sans faille de la dessinatrice. Maika Halfwolf ressemble toujours à une jeune femme élancée à qui il manque un bras, sans qu'elle ne se comporte comme une estropiée, avec un magnifique visage, arborant des expressions variées et attestant de sa force de caractère. Les manifestations de Zinn (le Monstrum logé dans son corps) dépassent la simple apparition de tentacules enchevêtrées pour former une créature vraiment extradimensionnelle. Les lions anthropomorphes sont majestueux et félins, irradiant une aura extraordinaire. La fourrure de la reine des renardes semble soyeuse à souhait, et les expressions de son visage montrent sa sagesse née de l'expérience, et sa capacité planifier à long terme, à prévoir les réactions des autres camps.

Dans ces épisodes, Sana Takeda a gagné en aisance dans l'intégration des différentes composantes de ses illustrations. Elle continue d'utiliser un trait fin pour délimiter les différentes surfaces, sans beaucoup de variation d'épaisseur. Elle ne ferme pas tous les contours de forme, et elle ne détoure pas chaque partie différente. Elle complète la dimension descriptive des dessins avec les couleurs qu'elle réalise elle-même, ce qui lui permet une intégration totale et parfaite entre traits et couleurs, pour que les 2 se complètent de manière indissociable. Par exemple les motifs des pelages des chats et des lions sont systématiquement réalisés à la couleur sans détourage, avec une couleur de trait de la silhouette qui n'est pas le noir, mais qui est accordée à la couleur de pelage, pour adoucir le trait de contour. S'il souhaite s'y intéresser, le lecteur constate également que la texture de Zinn et de l'autre Monstrum est rendue de la même manière, par la complémentarité entre les traits et les camaïeux de gris. Lorsque la barque de Maika approche du rivage de l'Île des Ossements, l'air devient opaque avec des volutes de brume, auxquelles Takeda confère une texture palpable, très tactile, à l'opposé de quelques vagues traits rapidement tracés.

Page après page, le lecteur est sous le charme de la richesse des dessins qui donnent corps à un monde différent et à des créatures spécifiques, aussi bien charmantes que terrifiantes. Il se rend compte que les 2 auteures ont dû travailler de manière collaborative, car le scénario donne l'impression d'avoir été taillé sur mesure pour jouer sur les points forts de l'artiste, et cette dernière offre une vision très cohérente des différents éléments du scénario. le lecteur s'immerge donc avec délice dans cet univers, et il se rend compte que la structure de la trame narrative présente une direction beaucoup plus solide. Il ressent le suspense lié à l'expédition de Maika, Kippa et Ren vers l'Île aux Ossements, étant très intrigué par ce qu'ils vont y découvrir. Les motivations de Maika apparaissent clairement et le lecteur s'y implique facilement. Elle souhaite découvrir les manigances passées de sa mère car elles pèsent lourdement sur sa vie présente. Au-delà de l'intrigue, il se rend également compte que Marjorie Liu ne se limite pas une histoire à suspense, dans laquelle l'héroïne se bat contre un monstre après l'autre dans une quête après l'autre.

Grâce à une rééquilibrage dans les composants narratifs, l'histoire apparaît plus facile à suivre, sans pour autant perdre en intensité. le lecteur replonge dans cette lutte de pouvoir entre différentes factions correspondant à la fois à des races aux capacités différentes, mais aussi à des groupes de pouvoir différents au sein d'une même race. Cette dimension du récit reste intelligible grâce aux apparences très spécifiques de chaque personnage, mais aussi grâce au travail de construction et d'exposition de ce monde, effectué dans le premier tome. le coté pesant de ces explications a disparu dans ce deuxième tome. La scénariste continue de terminer chaque épisode par une ou deux pages dans lesquelles le professeur Tam-Tam donne des explications supplémentaires à ses élèves, ou de brefs articles de journaux avec des illustrations. le lecteur peut très bien se dispenser de lire ces pages, sans se sentir perdu dans l'intrigue principale. Mais il est vraisemblable qu'il aura envie de les lire pour profiter pleinement de la richesse de l'histoire de ce monde.

La qualité du récit ne se limite pas à une intrigue prenante, et à un monde d'une richesse formidable. Marjorie Liu utilise également des brèves cellules de texte pour inclure le flux de pensée de Maika pendant certaines scènes. Il s'agit d'un dispositif narratif artificiel, car l'auteure écrit les pensées de Maika de manière construite, à l'opposé d'un flux de mots immédiat. Cependant ce type d'écriture s'apparente à un outil classique dans les bandes dessinées, et elle en tire le meilleur parti. le lecteur découvre progressivement la motivation de Maika et sa force, la raison profonde pour laquelle elle souhaite retracer le parcours de sa mère. Il est possible de le prendre au premier degré comme un fil narratif simple et efficace, mais aussi comme une métaphore du lien mère/fille, de l'incidence des choix d'une mère sur la vie future de sa fille. Au fil des réflexions de Maika, le lecteur se rend compte que sa mère Moriko a façonné la vie de sa fille de manière à en faire l'instrument de son plan, de manière à pouvoir l'utiliser. Elle l'a fait sciemment. Mais la description qu'en fait Maika dans ses pensées amène le lecteur à considérer le lien parent-enfant d'une manière plus générale, en réfléchissant sur le degré auquel chaque parent modèle la vie de son enfant, présente et futur, de manière consciente ou non. Cette dimension psychologique enrichit fortement le récit, sans l'alourdir.

Toujours d'un point de vue psychologique, le lecteur peut aussi considérer le lien qui unit Miaka à Zinn, le monstre qui habite son corps et qui agit en fonction de ses pulsions, sans que son hôte n'exerce une grande maîtrise sur lui. Là encore, la métaphore est immédiatement accessible, sur les pulsions pas toujours maîtrisables qui habitent chaque individu qui en est plus ou moins esclave, de manière plus ou moins consciente. Marjorie Liu ne se limite pas à ce niveau de lecture. Au fur et à mesure de l'avancée du récit, elle en révèle un peu plus sur l'histoire personnelle de Zinn, et sur les raisons de ses actes. Cela constitue un commentaire léger sur la manière dont un individu peut se battre contre sa nature pour essayer de devenir autre, convaincu de la nécessité d'évoluer, suite à des expériences personnelles, suite à des rencontres et des relations avec d'autres. Les choix de Zinn le conduisent dans une impasse, mais continuer à se comporter comme il l'a toujours fait, comme lui dicte sa nature, lui est devenu insupportable. Ce dilemme jette également un éclairage différent sur le comportement d'individus d'autres factions, sur leurs convictions inébranlables, sur leurs certitudes immuables. Cette composante du récit s'ajoute aux autres pour élever cette série au-dessus du genre dont elle utilise les conventions pour en faire un récit aussi divertissant qu'intelligent.

À la fin de ce deuxième tome, le ressenti du lecteur a fortement évolué et il espère de tout coeur que les auteures réaliseront encore d'autres chapitres de cette série d'Heroic Fantasy atypique, mettant en avant une héroïne, dépassant la simple lutte du bien contre le mal, avec des dessins rendant compte du merveilleux et de l'horreur de ce monde, pour une histoire pleine d'émotion, charriant un regard sous-jacent sur la nature innée et l'évolution de l'individu en fonction de ses expériences de vie.
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Maika possède une partie d'un mystérieux masque. Elle et le monstre qui est en elle doivent se rendre sur l'île des os. Maika est en quête de son passé, de son identité et tente aussi de comprendre pourquoi elle est l'hôte d'un monstre qui se vante d'être un dieu. Mais elle est poursuivie par la moitié de la planète, ce qui ne rend pas aisé ses déplacement…

Les dessins sont toujours somptueux, avec un graphisme ou les personnages sont fascinants. Beaucoup d'entre eux sont anthropomorphiques, mi-animaux, mi-humains. Nous sommes dans un conte d'horreur, dans un monde de rivalité et de guerre et l'héroïne semble être l'avenir de ce monde ou son arme de destruction. Ces origines semblent complexes. Sa grand-mère est une louve, reine de la cour de l'aube. Elle ignore par contre qui est son père et va l'apprendre lors de sa quête sur l'île des os. Elle semble être la descendante de l'impératrice Shaman, celle qui mis au point le masque qui donnerait le pouvoir de contrôler les dieux, sorte de monstre comme celui qui habite dans le corps de Maika. Ce dernier serait sans doute l'ancien compagnon de la dite impératrice. le Scénario est extrêmement complexe et fouillé, il entraîne une lecture qui demande beaucoup de concentration et ce sera certainement difficile de raccrocher à l'histoire lors de la parution du prochain tome. Les personnages secondaires sont nombreux, ainsi que les royaumes qui sont semble t'il tous prêts à replonger dans la guerre et pourchasser Maika la demi-louve pour lui prendre le morceau de masque et aussi son pouvoir. Il me reste à attendre la suite, dans un an sans doute. J'avoue que je suis assez embrouillé et que d'ici là, j'aurai sans doute décroché et que je devrai relire les épisodes précédents pour pouvoir de nouveau me plonger dans cette histoire étrange.
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J'ai lu le tome 1 et 2 à la suite, et suis bien incapable de dissocier les deux pour une critique, alors je n'en publierai qu'une, ici, de manière à ne pas spoiler un autre lecteur.

J'ai tout d'abord été séduite par la beauté des couvertures : les lignes, le dessin subtil, l'influence de l'Art Nouveau, perceptible en filigrane, le côté ouvragé de ces belles couvertures cartonnées, les couleurs chatoyantes et changeantes, douces et fascinantes… Tout m'a plu. Et c'est toujours bon signe pour une BD quand l'objet livre m'interpelle. En me plongeant entre ces pages, je n'ai pas été déçue. La BD tient ses promesses : les planches sont superbes! Leur beauté et leur poésie nous happe. Les pages exhalent de vraies émotions : la mélancolie et l'incompréhension de Maïka, sa douleur face au fantôme de sa mère, sa colère et sa soif de vengeance, la violence nue et crue de certains personnages, doublée de l'horreur de leurs actes : les Cumaea en première ligne, mais aussi le Maître Renard sanguinaire. Ici le trait se fait parole, la couleur se fait émotion et l'ensemble parle au coeur du lecteur. Les artistes signent une BD équilibrée douce et violente, cruelle et belle. L'alternance est saisissante et… poétique d'une certaine façon. En effet, entre les pages, entre les aplats, en filigrane sous les images, une poétique de l'horreur, de la cruauté apparaît. Il n'y a pas de scène peinte pour le sensationnel, le monde du Maître Renard sur l'île au delà des Brumes est mû par une poétique propre, celle du Bizarre, de l'Étrange, du Beau aussi. La cruauté du maître des lieux, maître illusionniste et sanguinaire, effleure l'esthétique d'un Klimt et parle à notre imaginaire. Bien qu'horrifiée par ces êtres piégés en des formes et métamorphoses que je ne comprenais pas, mon regard ne pouvait s'empêcher de détailler, d'observer et de trouver une beauté dans cette représentation. La manière de dépeindre le Monstre, le Dieu des temps passés, qui vit en Maïka, est elle aussi saisissante. Une véritable poésie se dégage de ces traits, et, imperceptiblement, du dégoût et du rejet initial, nous cherchons à comprendre. C'est là, je crois, une grande force de ce trait et de cette BD en général : transcender l'horreur des actes des personnages, créer un monde fascinant qui porte le texte aussi bien que le texte porte l'image. Une alliance incomparable donc qui m'a laissée plus d'une fois rêveuse devant un dessin, la douceur d'un visage et qui a emporté mon esprit loin de mon salon.

L'histoire en elle-même est également captivante. Tout est mystérieux, dès le début. le tome 1 s'ouvre sur la quête de Maïka : nous ne comprenons ni ses intentions, ni ses motivations, ni son but. Nous la suivons aveuglément et, de tome en tome, nous comprenons mieux ses fêlures, ses peurs, ses aspirations. Peu à peu, ses pouvoirs nous apparaissent, la malédiction qui la poursuit également. Ses ennemis se dévoilent, et sont bien plus nombreux que nous ne l'imaginions. Ses amis s'amoindrissent aussi et, finalement, nous ne sommes pas vraiment sûrs qu'elle en ait tant que cela, tant ce monde est tapi de choses trappes, baigné d'hypocrisie, de faux serments et de soif de pouvoir. Les traîtres sont légions : parfois, poussés par une bonne cause, pour enrayer violence et exploitation, parfois mus par une soif de pouvoir inextinguible, et, comme Maïka, nous peinons à savoir qui entre dans quelle catégorie, parfois jusqu'au point de non retour. L'histoire est donc complexe et dense, elle se déploie en mille et une ramifications, sans se perdre et s'étrangler elle-même.

J'ai beaucoup aimé la figure des Cumaea : ces sorcières violentes, cruelles, animées par une ambition sans fond sont un ennemi de choix. Intelligentes, puissantes, rusées, elles ne reculent devant rien et je pressens déjà de nombreux renversements de situations grâce à elles. La figure de Maître Ren, chat nécromancien, m'a amusée, et après le deuxième tome, je reconnais être incapable de savoir précisément si c'est un ami ou une ennemi déguisé. Ses actes sont calculés, précis, il semble parfois favoriser son propre intérêt, et je le soupçonne d'avoir conclu des alliances dont nous ignorons tout. Je serai donc curieuse de savoir comment il va réagir ensuite.

Maïka est bien entendu LA figure clef. Elle est le personnage central. A la fois femme fragile parce que dépassée par les forces qui l'habitent et femme forte, prête à tout pour obtenir des réponses, elle oscille sur le bord de l'abîme et plonge souvent dans les flots noirs du désespoir, de la trahison et de la manipulation. Elle se relève et poursuit. Elle est touchante par sa quête et par son destin. Nous percevons sa fragilité et sa puissance, alliance paradoxale, mais ô combien véridique. Elle lutte pour garder sa part d'humanité, pour accomplir ce qu'elle pense être sa mission et sa dureté ne perdure jamais bien longtemps.

J'ai enfin eu un vrai coup de foudre pour Kippa, cette petite Arcanique, fillette -renard, d'une loyauté sans fond, spontanée, gentille, altruiste et terriblement touchante. J'aime les traits que lui ont prêté les artistes, j'aime le caractère qu'elle déploie sous nos yeux, j'aime son courage et sa douceur, sa fragilité et sa force. Elle est une petite pépite dans cette BD et je suis convaincue que son rôle ira grandissant. J'ai déjà hâte de savoir comment elle évoluera!

Enfin, Monstress est une BD bluffante par sa richesse : richesse des dessins, je l'ai déjà dit, richesse de l'univers déployé aussi. Toute une mythologie est inventée, les fils sont tissés, les rancoeurs et les guerres intestines sont saupoudrées de page en page. Les Arcaniques, les Humains, les Anciens… le lecteur a toute une terminologie à appréhender, mais une fois cela fait, il peut savourer le bonheur d'avoir sous les yeux un monde complet, abouti et saisissant. Guerres et conflits ne nous seront pas épargnés au milieu de cette quête, et cela en fait aussi la saveur. Au terme de ces deux tomes, j'attends toujours de savoir si Maïka va détruire le monde, répandant sang et horreur ou si elle sera l'instrument permettant d'abattre tyrans et inégalités. Cette indécision pimente la lecture et m'enchante!

Ainsi, vous l'aurez compris, Monstress est à mon sens une BD extraordinaire pour ses graphismes et pour son histoire. Nous avons là de quoi ravir nos sens et notre imagination tout en plongeant tête la première dans une folle équipée, en quête de révélations. J'ai tout bonnement adoré!

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critiques presse (3)
Bedeo
12 décembre 2017
La suite des aventures de Maika confirme la singularité d’un univers foisonnant.
Lire la critique sur le site : Bedeo
BDGest
13 novembre 2017
Après un lancement réussi, Monstress confirme toute sa puissance et son intérêt.
Lire la critique sur le site : BDGest
ActuaBD
02 novembre 2017
Lecture fluide, qualité graphique de qualité, intrigue bien ficelée,... "Monstress" se savoure. Le duo formé par Marjorie Liu et Sana Takeda étincelle.
Lire la critique sur le site : ActuaBD
Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
En dépit du courage de ses citoyens, Thyria fut prise par la fédération le sixième jour. Et c'est lors, quand tout semblait perdu, que les prières des reines furent entendues. Un typhon d'une puissance inégalée dans toute l'histoire de la mer abyssale se leva brusquement. Les vagues étaient si hautes, d'après les récits des survivants, qu'on eût dit que la mer voulait noyer le monde entiers et dura deux jours. Quand les Thyriens purent enfin quitter leurs abris, ils découvrirent que tous les vaisseaux aériens de le fédération avaient été détruits... Et les envahisseurs noyés. Thyria était ravagée mais sauve. Retenez que rien n'est sacré, pas même le divin. Mais retenez aussi que les déesses tiennent leurs promesses. Et que leur mémoire est éternelle.
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Le monde nous brise tous, mais la force peut naître de cette destruction, sous une forme nouvelle qu'on n'imaginait pas.
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Puissant narcotique fabriqué à partir des fleurs de pavot, le rêve de goudron est une substance très addictive pour les non-chats. Après en avoir fumé, rares sont ceux qui peuvent échapper à sa terrible emprise.
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Le passé ne meurt jamais. C'est ce qui le rend dangereux. Mais utile.
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Vivre, ça n'est pas facile. Si ça l'était, ça ne serait pas vraiment la vie, comme disent les poètes.
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