Le second type de précarité professionnelle peut-être qualifié de précarité organisationnelle dont la forme la plus visible est le travail à temps partiel ou plutôt, l'emploi partiel, qui concerne 44% des caissières du magasin. » Cette forme d'emploi partiel « rend possible la maximalisation de la flexibilité en même temps qu'elle naturalise les différences entre hommes et femmes en se présentant comme une forme d’aménagement de l'engagement dans le salariat naturellement destinée aux femmes.
Ces périodes de ''coupure'', non payées, s’apparentent davantage à un temps d'astreinte qu'à un temps chômé. La flexibilité horaire prive les salariés de la possibilité de planifier leurs activités extraprofessionnelles, et notamment domestiques.
Le conflit qui se joue devant nous oppose des financiers "modernisateurs convaincus - au plus profond d'eux-mêmes ou pour les besoins de leur propre enrichissement - que les sciences et les technologies , stimulées par un capitalisme seul capable d'une allocation optimale des ressources, offriront les moyens de conjurer notre mauvais sort climatique à des financiers "hors sol", sans illusions quant à la capacité du capitalisme à nous sortir de l'ornière climatique et décidés à accumuler le maximum de capitaux pour simplement en jouir tel qu'il est encore possible ou se trouver dans la meilleure position lorsque se durciront davantage les tensions pour l'accès aux ressources vitales. Pour ceux là, il ne fait plus aucun doute que le capitalisme ne conduit pas au progrès au sens d'une amélioration collectives des conditions de vie sociale. Ils demandent simplement, dans une sorte d'idéologie survivaliste élitaire ou d'hédonisme nihiliste , le droit de vider la magasin avant qu'il ferme, c'est-à-dire d'être rendus aussi libres que possible d'accumuler tous les biens, territoires et capitaux qui surnagent encore dans un monde en extinction. [...] C'est un régime politique d'accumulation pensé dans et pour un nouveau régime climatique, un régime "effondriste", si l'on peut dire, érigeant le sauve-qui-peut général en maxime universaliste et institutionnalisant le projet sécessionniste d'une part des élites vis-à-vis du reste de l'humanité.
Le lecteur ne trouvera donc pas dans ces pages le récit d'une mobilisation exemplaire aboutissant à une victoire éclatante, mais celui d'une action collective difficile, menée par des salariés inexpérimentés et vivant souvent à cette occasion leur première mobilisation. Mais une mobilisation qui est aussi parvenue à se maintenir deux semaines durant en dépit des pressions patronales et parfois aussi syndicales, face auxquelles elle a pourtant fini par céder
La faiblesse de la rémunération horaire du travail induit ainsi une forme de précarité économique maintenant les salariés dans une incertitude économique liée à la difficulté d'épargner et de faire face à l'imprévu
En s'interrogeant sur les processus matériels sous-tendant la rupture du consentement pratique des salariés à leur conditions de travail et d'emploi, il s'est finalement agi de retracer la genèse d'un sentiment d'injustice collectivement partagé et de comprendre pourquoi, à ce moment là, les salariés de cet hypermarché ont pris la décision de s’engager dans une action collective.
le travail à temps partiel ou le travail à temps complet à horaires flexibles ne permet finalement pas la mise en place d’articulations pérennes de la double charge de travail.
Il n’existe pas de possibilité de se soustraire, même quelques minutes, à cette exposition du corps dont l’ensemble des besoins est rendu visible et publique