AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Partemps


3/
Serra-ce dans le theisme pur que nous trouverons plus de motifs de grandeur ou d’élévation ? sera-ce l’adoption d’une chimère, qui donnant à notre ame ce degré d’énergie essentiel aux vertus républicaines, portera l’homme à les chérir, ou à les pratiquer ? ne l’imaginons pas, on est revenu de ce phantôme, et l’athéïsme est à présent le seul systême de tous les gens qui savent raisonner ; à mesure que l’on s’est éclairé, on a senti que le mouvement étant inhérent à la matière, l’agent nécessaire à imprimer ce mouvement devenoit un être illusoire, et que tout ce qui existoit devant être en mouvement par essence, le moteur étoit inutile ; on a senti que ce dieu chimérique prudemment inventé par les premiers législateurs, n’étoit entre leurs mains qu’un moyen de plus pour nous enchaîner, et que sa réservant le droit de faire parler seul ce phantôme, il sauroit bien ne lui faire dire que ce qui viendroit à l’appui des lois ridicules par lesquelles ils prétendoient nous asservir. Licurgue, Numa, Moïse, Jésus Christ, Mahomet, tous ces grands fripons, tous ces grands despotes de nos idées, surent associer les divinités qu’ils fabriquoient à leur ambition démesurée, et certains de captiver les peuples avec la sanction de ces dieux, ils avoient, comme on sait, toujours soin ou de ne les interroger qu’à propos, ou de ne leur faire répondre que ce qu’ils croyoient pouvoir les servir. Tenons donc aujourd’hui dans le même mépris, et le dieu vain que des imposteurs ont prêché, et toutes les subtilités religieuses qui découlent de sa ridicule adoption, ce n’est plus avec ce hochet qu’on peut amuser des hommes libres ; que l’extinction totale des cultes entre donc dans les principes que nous propageons dans l’Europe entière, ne nous contentons pas de briser les sceptres, pulvérisons à jamais les idoles ; il n’y eut jamais qu’un pas de la superstition au royalisme[2], il faut bien que cela soit sans doute, puisqu’un des premiers articles du sacre des rois, étoit toujours le maintien de la religion dominante, comme une des bases politiques qui devoit le mieux soutenir leur trône, mais dès qu’il est abattu ce trône, dès qu’il l’est heureusement pour jamais, ne redoutons point d’extirper de même ce qui en formoient les appuis ; oui, citoyens, la religion est incohérente au systême de la liberté ; vous l’avez senti, jamais l’homme libre ne se courbera près des dieux du christianisme, jamais ses dogmes, jamais ses rites, ses mystères ou sa morale ne conviendront à un républicain ; encore un effort, puisque vous travaillez à détruire tous les préjugés, n’en laissez subsister aucun, s’il n’en faut qu’un seul pour les ramener tous ; combien devons-nous être plus certain de leur retour, si celui que vous laissez vivre est positivement le berceau de tous les autres ?

Cessons de croire que la religion puisse être utile à l’homme, ayons de bonnes lois, et nous saurons nous passer de religion. Mais il en faut une au peuple, assure-t-on, elle l’amuse, elle le contient, à la bonne heure ; donnez-nous donc, en ce cas, celle qui convient à des hommes libres. Rendez-nous les dieux du paganisme. Nous adorerons volontiers Jupiter, Hercule ou Pallas, mais nous ne voulons plus du fabuleux auteur d’un univers qui se meut lui-même, nous ne voulons plus d’un dieu sans étendue et qui pourtant remplit tout de son immensité, d’un dieu tout-puissant, et qui n’exécute jamais ce qu’il désire, d’un être souverainement bon, et qui ne fait que des mécontens, d’un être ami de l’ordre, et dans le gouvernement duquel tout est en désordre. Non, nous ne voulons plus d’un dieu qui dérange la nature, qui est le père de la confusion, qui meut l’homme au moment où l’homme se livre à des horreurs ; un tel dieu nous fait frémir d’indignation, et nous le reléguons pour jamais dans l’oubli d’où l’infâme Robespierre voulut le sortir[3].
Commenter  J’apprécie          00









{* *}