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4.41/5 (sur 465 notes)

Nationalité : Allemagne
Né(e) à : Krefeld , le 26/05/1911
Mort(e) à : Bâle, Suisse , le 16/06/2001
Biographie :

Marta Hillers est une journaliste allemande.

Elle étudie à la Sorbonne, puis effectue ensuite de nombreux voyages dans toute l'Europe. Outre l'allemand, sa langue natale, elle maîtrise le français et le russe. Elle se trouve à Berlin en 1945 et doit faire face à l'occupation par l'Armée Rouge.

Les mémoires de Marta Hillers sont publiées pour la première fois en 1954 en anglais de façon anonyme. Son journal a été initialement écrit pendant la chute de Berlin, mais il y a débat autour de la question de savoir dans quelle proportion celui-ci a été retravaillé ultérieurement. L'ouvrage a été publié aux États-Unis par l'écrivain allemand Kurt Marek (1915-1972).

Hillers se marie dans les années 1950, déménage en Suisse, dans la région francophone de Genève, abandonne le journalisme, après avoir au préalable publié de nouveau son journal en allemand en 1959. Cette publication déclenche une controverse, compte tenu de son utilisation possible à des fins de propagande en pleine guerre froide. Toutefois, l'ouvrage ne se vend pas bien, peut-être parce que le public allemand n'est pas prêt à revivre cet aspect de son histoire.
Ayant été accusée de bafouer l'honneur des femmes allemandes, Marta Hillers refuse toute nouvelle publication de son journal.

Ce n'est qu'après sa mort en juin 2001 à l'âge de 90 ans que "Une femme à Berlin" (Eine Frau in Berlin) peut de nouveau être publié. Il devient un best-seller en 2003, grâce à l'intérêt grandissant porté soixante ans après aux conditions sociales de l'époque.

Le journaliste Jens Bisky du journal "Süddeutschen Zeitung" révèle en 2003 que Hillers et Marek avaient des liens avec le parti nazi et avaient écrit pour des publications mineures. Marek écrit dans sa postface du journal que celui-ci est basé sur un document dactylographié lui-même issu de notes manuscrites, lesquelles étaient en possession de sa femme après sa mort en 1971. Une comparaison des notes et du journal publié prouve l'authenticité de la version publiée.

L'ouvrage rend compte de l'indiscutable étendue des viols commis à Berlin, comme en atteste par ailleurs les documents hospitaliers de l'époque, qui à eux-seuls mentionnent environ 100 000 cas. Il est estimé que 2 millions de femmes en Allemagne subirent des viols durant la période d'occupation par l'Armée Rouge.
En 2008 un film de 131 minutes basé sur son journal, "Anonyma - Eine Frau in Berlin", sort en salles.

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Source : Wikipédia
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Vidéo de

A Woman in Berlin (Une femme à Berlin) Film complet en langue allemande. Sous titrage en anglais.


Citations et extraits (101) Voir plus Ajouter une citation
Occasion de plus de constater que, quand tout s'écroule, ce sont les femmes qui tiennent le mieux le coup, et qu'elles n'attrapent pas aussi vite le vertige.
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Dehors, c'est toujours la guerre. Notre nouvelle prière du matin et du soir est désormais : "C'est au Führer que nous devons tout cela." Phrase qui, pendant les années de paix, exprimait louanges et gratitude sur des panneaux peints ou dans les discours. Maintenant, et bien que la formulation soit restée la même, le sens est inversé, ne trahissant plus que mépris et dérision. Je crois que cela porte le nom de renversement dialectique.
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Nous sommes restées assises l'une en face de l'autre à sa table en cuivre et nous avons bavardé. Ou plutôt , nous avons parlé à tue-tête pour couvrir le vacarme croissant des tirs d'artillerie. Mme Golz, d'une voix cassée :" Quelles belles fleurs, quelles fleurs magnifiques...", et les larmes coulaient sur son visage. Moi aussi je me sentais horriblement mal. Maintenant la beauté fait mal. Tellement la mort nous emplit.
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Le lendemain matin, vers 10 heures, dans mon trois-pièces sous les toits. Nous sommes restés bloqués dans la cave jusqu’à environ 4 heures.
Puis j’ai grimpé seule là-haut. Je me suis réchauffé une soupe de betteraves sur le gaz toujours moribond, ai pelé quelques patates, ai cuit mon dernier œuf, plus exactement, je l’ai mangé à moitié cru, et je me suis ensuite aspergé tout le corps d’un reste d’eau de Cologne. Curieux le nombre de choses que l’on fait désormais pour la dernière fois, c’est-à-dire pour la dernière fois jusqu’à la prochaine qui aura lieu on ne sait trop quand, certainement dans très longtemps. D’où me viendrait un autre œuf ? Ou bien du parfum ? Je savoure donc ces plaisirs en pleine connaissance de cause, leur accorde la plus grande attention.
Après cela, je me suis glissée dans mon lit tout habillée, et j’ai dormi d’un sommeil entrecoupé de rêves agités. Maintenant, il faut que je parte faire des courses…
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Je t'ai demandé :
" Tu as reçu ton appel sous les drapeaux ? Il est là dans ta poche ?
- Non, pas dans ma poche", as-tu répondu.
Mais tu l'avais reçu le matin même et nous nous doutions que la guerre se cachait là derrière.
Nous avons passé la nuit dans un refuge à l'écart. Trois jours plus tard, tu étais parti et nous avions la guerre. Nous y avons survécu tous les deux, mais est-ce pour notre bonheur ?
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Personne ne répond. La fille reste étendue, comme pétrifiée. Le Russe vocifère derechef, sur un ton à la fois bourru et furibard: "Quel âge?"
Je m'empresse de répondre en russe: "C'est une étudiante, elle a dix-huit ans." Je voudrais ajouter qu'elle est blessée à la tête; ne trouve pas les mots et m'en sors finalement en recouvrant au terme internationalement connu kaputt: "tête kaputt, les bombes"
Suit alors un aparté entre l'homme et moi, un échange de paroles précipitées, de questions et de réponses qu'il serait inutile de transcrire, parce qu'elles n'avaient pas de sens. Cela tournait autour de l'amour, l'amour vrai, de l'amour passionnel, et qu'il m'aimait, et si moi je l'aimais, et si on allait s'aimer lui et moi.
Le petit peuple de la cave, toujours terrorisé, ne comprend pas une once de ce qui est en train de se passer.
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Le second Russe, un jeune garçon de dix-sept ans, a d'abord été partisan, puis a mis le cap vers l'ouest avec la troupe des combattants. Le front plissé, il me lance un regard sévère et m'invite à dire que, dans son village, des militaires allemands ont poignardé des enfants et ont saisi des enfants par les pieds pour leur fracasser le crâne contre un mur. Avant de traduire, je demande : « Entendu dire ? Ou assisté vous-même à la scène ? » Lui, d'un ton sévère et le regard fixe : « Vu moi-même, deux fois. » Je traduis.
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A l'époque, je me faisais constamment la remarque suivante : mon sentiment, le sentiment de toutes les femmes à l'égard des hommes, était en train de changer. Ils nous font pitié, nous apparaissent affaiblis, misérables. Le sexe faible. Chez les femmes, une espèce de déception collective couve sous la surface. Le monde nazi dominé par les hommes, glorifiant l'homme fort vacille - et avec lui le mythe de l'"Homme". Dans les guerres d'antan, les hommes pouvaient se prévaloir du privilège de donner la mort et de la recevoir au nom de la patrie. Aujourd'hui, nous, les femmes, nous partageons ce privilège. Et cela nous transforme, nous confère plus d'aplomb. A la fin de cette guerre-ci, à côté des nombreuses défaites, il y aura aussi la défaite des hommes en tant que sexe.
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il s'est remis à chanter, tout bas, des airs mélodieux, j'aime l'écouter. C'est un homme intègre, un être propre, ouvert. Mais lointain, étranger, et encore si immature. Nous, les Occidentaux, nous sommes vieux et savants - et pourtant, maintenant, nous ne sommes que de la boue sous leurs bottes.
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(Dernières lignes)
Je n'ai pas encore atteint le point limite auquel ma vie serait menacée, j'ignore quelle distance m'en sépare encore. Je sais seulement que je veux survivre- à l'encontre de toute raison, absurdement, comme une bête...
(vendredi 22 juin 1945)
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