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Citation de Nemorino


« Que penses-tu, mon apprentie-risque-tout, de cet itinéraire plein de tohu-bohu ?
— Irène, tu me défies ! Pour l’instant, je m’imprègne des ambiances, trop différentes de mon existence sage quoique travailleuse également. Je déborde d’étonnement envers les bateliers, mais pas encore d’admiration. Dans mon adolescence, les élèves de ma classe m’intimidaient, me traitaient de main blanche qui ne se dispose qu’à dessiner, qui ne se défoule jamais, ne connaît pas l’action, craint les tâches ménagères… Qui n’est même pas capable de cuire un œuf, quoi ! En résumé, je me gave d’aliments purement et noblement intellectuels. Je me méfie des gros chiens, m’effraye devant les chevaux. Je mentirais si je te manifestais mon emballement d’emblée. Le sexe pour le sexe, mêlé de brutalité et, par-dessus le marché, de crasse, ça m’éjecte de la péniche, moi, la pro de la sublimation des pulsions libidineuses ! J’attends que tu me démontres que, dans une « basse condition », on est pareillement en mesure d’accéder à un je-ne-sais-quoi dont je peux rêver à mon tour. Quoi qu’il se produise, je deviendrai aussi instruite sur les cours d’eau et les villes qu’ils traversent, que tes haleurs-hydrographes !
— Je suis consciente que ce n’est pas de la prétention de ton côté. Pour que les ailes poussent, il faut que la personne soit aisée, qu’elle ait des loisirs lui permettant d’aller « au-delà ». Si tous ses efforts se réduisent à combler les premières nécessités matérielles, la joie de la création lui est fermée. Au meilleur cas, il lui reste l’amour cru, malheureusement fuyant, succédé par la trahison, la frustration ou la violence. N’empêche que, par tes multiples questions, tu as l’air d’aimer chercher le noyau qui se dissimule sous les feuilles de mon cerisier aux branches chargées, en espérant qu’il se change, à ton oreille intérieure, en joyau !
— Il n’y a pas que l’amour cru qui appartienne aux pauvres, il y a souvent, en plus, leur bonté inépuisable, leur générosité, que les enfants gâtés ne possèdent pas. Et surtout, il demeure leur faculté d’être heureux avec si peu… Je m’aperçois qu’il y a d’autres « ailes » que celles de la création… »
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