Confidences d'un médecin urgentiste, entre passion et désillusions
Elle me fixe et dit :
" Laissez, je vais m'en occuper, je suis femme de pompier !"
Atterré par cette évidence, je remonte sur mon destrier, songe un instant à l'inutilité de mon existence, et m'incline devant tant de compétence.
Je n'y crois pas, je n'ai pas envie de me faire suer pour une jeune fille qui me prend un peu de haut et qui m'est adressée par doctissimo.fr.
Pourtant, en arrivant à l'hôpital, on m'informe puisque je suis de garde, que l'établissement a décidé de ne plus accueillir les familles de migrants, qui sans autre solutions, demandent à dormir aux Urgences.
Le 115 est débordé, cela ne doit pas être notre problème, on doit refuser ces patients.
En début de nuit un homme se présente. Il vient d'Asie Mineure, il parle très mal l'anglais et est accompagné de sa femme et de ses enfants en bas âge. Que faire ? Respecter le veto et renvoyer cette famille dehors en automne ? Non. Nous accueillons chaque soir des alcooliques et des toxicos tous français, alors pourquoi pas eux ?
Être urgentiste, c'est avant tout être un larbin de dispensaire, ou plutôt un médecin de comptoir , qui consomme les patients avec ferveur et vélocité au grand bistro de la santé publique.
Droit de réponse ?
J'examine une femme défigurée par son compagnon qui l'a poussée dans les escaliers en la menaçant de mort. Elle veut porter plainte. J'appelle la Police.
Quelques jours après, je reçois une lettre du Directeur de l'hôpital m'expliquant que je n'ai pas respecté le secret médical et qu'il a dû présenter ses excuses aux forces de l'ordre pour le dérangement