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3/5 (sur 1 notes)

Nationalité : Suisse
Né(e) à : Genève , 1975
Biographie :

Mathilde Vischer, née à Genève en 1975, est traductrice littéraire, professeure à la Faculté de traduction et d'interprétation de Genève et poète. Elle traduit des poètes contemporains de l'allemand (Felix Philipp Ingold) et de l'Italien (Fabio Pusterla, Alberto Nessi, Pierre Lepori, Massimo Gezzi, Elena Jurissevich, Leopoldo Lonati) vers le français, et a publié entre autres un essai sur les poètes et traducteurs Philippe Jaccottet et Fabio Pusterla.

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Bibliographie de Mathilde Vischer   (3)Voir plus

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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Mathilde Vischer
 
 
Enceinte par la nuit elle veille la porte. Lorsqu’il
fait jour, elle lutte avec le réel, même lorsque
tout semble fait pour que les pas, les gestes soient
d’une évidence blanche, elle lutte avec la moindre
serrure, le moindre bruit, dans toutes les pièces et
dehors les objets, le monde, résistent, vivent leur
propre vie, ne demandent rien. La pesanteur et
la fragilité des choses la rattrapent, tandis qu’elle
tente de suivre le temps. La nuit, dans le creux
le plus creux de la nuit, lorsque le soir est oublié,
l’aube encore loin, les camions hurlant dans les
rues désertes, rien d’autre n’est possible, il n’y a
que cela, veiller la porte.


/Texte publié dans Le Courrier le 10.11.2014.
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Mathilde Vischer
 
 
Dans la clarté la plus profonde de l’instant on comprend
que cette minute de vie dont l’intensité semble indépassable,
incommensurable, est le seuil de la fin la plus proche, que cette
proximité trouble demande le retour à une épaisseur connais-
sable, rémanente, où l’arbre peut pousser, le torrent retentir, la
pensée suivre un cours limpide. Mais l’œil toujours en garde l’é-
clat, la mémoire de durer.


/Texte publié dans Le Courrier le 10.11.2014.

 
 
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Mon corps est léger…



Mon corps est léger, comme fait d'os qui ne pèsent rien,
os de paille ou de pétales, mais il doit y avoir quelque
chose à l'intérieur, il faut des os en acier, plus solides
qu'une tour de béton armé, plus larges que le mur du
jardin que je dérobe, mais souples comme les fils d'une
toile d'araignée. Et je suis cette tour qui te garde,
enceinte dépositaire de ta vie, je suis responsable
de ton souffle, de ta force commencée.
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hier soir mon jardin était dense…



Hier soir mon jardin était dense, profond, comme serti
de noir et de désir. Je l’ai regardé, j’y suis entrée comme
dans un lac tranquille. J’ai eu besoin de le voir encore,
j’ai besoin d’y revenir chaque jour, même si je ne sens
qu’à peine ses odeurs et  ne peux toucher ses arbres,
ses pétales, ses murs.  Il est l’horizon que je respire et
qui me ramène à cette trace intérieure. J’y reviens cha-
que jour et à chaque fois j’ai besoin de le vérifier,  de
vérifier sa présence, son pouvoir sur moi, sa puissance
changeante au fil des saisons.  Je vérifie ainsi chaque
lieu dans lequel je ne suis plus  ;  je le vois, il change
mais il est toujours là, c’est bien, il est là, alors je peux
le réinscrire dans le présent, le recouvrir des couleurs
et du temps que je suis.
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Mathilde Vischer
 
 
Dans le cimetière il ne peut s’empêcher, une fois encore,
après avoir soigneusement recouvert de genêts et de ra-
meaux d’olivier la tombe pour laquelle il vient, d’aller
voir celles des autres, devenues ses rendez-vous avec
la pierre, les noms, histoires inventées ; de Camille
Léveillé, morte à vingt ans, dont il croit parfois sentir
l’effleurement d’une chevelure noire, enlever les
brindilles et les pétales de chrysanthèmes ; du couple
Sertanec, les mains enlacées sous une croix de granit,
tailler le rosier; de Pauline Forest, grand-mère orphe-
line, gratter la mousse qui cache la première lettre du
prénom, le lichen qui creuse la pierre.


/Texte publié dans Le Courrier le 10.11.2014.
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Mathilde Vischer
 
 
Il lui fallait ces gestes, les mouvements tantôt
réguliers, tantôt inattendus des doigts, de
l’arête de la paume sur le papier. Le frotte-
ment des cellules contre cette autre peau,
rêche ou lisse, vaste ou étroite. Cette ronde
de la mine qui saisissait les formes les plus
abstraites lui donnait un autre corps, dépris,
sans pesanteur, comme caressé par une huile.
Seul le contact du charbon sur le papier lui
permettait de se rapprocher enfin du sommeil,
de rayer l’angoisse de son territoire intérieur.


/Texte publié dans Le Courrier le 10.11.2014.
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Mathilde Vischer
 
 
La roue suit les rails qui se croisent, semblent
parfois s’entrelacer, se tordre, puis retrouvent
leur rectitude ; dans la vitesse veiller à garder le
cap, parfaitement, avec une précision millimé-
trique, ne pas déraper, glisser, éviter la chute,
la déviation hors de l’axe; le long du rail il voit
les incapacités, insuffisances, l’impuissance de
la lenteur, de la pensée vive, et toute la fragili-
té à recevoir, à protéger.


/Texte publié dans Le Courrier le 10.11.2014.
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Mathilde Vischer
 
 
Il regarde les oiseaux se confondre avec son cerf-volant,
tirant sur des ailes en papier de soie ; elle le voit et se
demande comment lui dire,  comment dire à l’enfant,
ou plutôt comment elle-même croire à ce qu’elle a dit,
dira encore à l’enfant, que tout ira bien,  que la vie lui
sera abondance, que la bonté entourera ses pieds, ses
mains, et qu’il marchera sur une terre fertile.


/Texte publié dans Le Courrier le 10.11.2014.
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Mathilde Vischer
 
 
La nuit ils sont couchés côte à côte, dans une chambre claire.
Il recouvre ses mains, puis dans les siennes, les serre légère-
ment.  Il les enveloppe comme le vêtement d’une peau bien-
veillante, consolatrice. Ils sont allongés côte à côte comme deux
morts qui échangeraient leurs mains,  s’ensevelissant l’une
l’autre, dans le désir d’une disparition légère, comparable.


/Texte publié dans Le Courrier le 10.11.2014.
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La mer lui donnait la peau du voyant, il suffisait de lui faire face , de la respirer le corps plein, le visage ouvert, pour prendre la frappe qui vous tient là, maintenant, dans un soulèvement. C'était le même rendez-vous, la même puissance, sans concession, qu'avec la lueur de la bougie dans la fraîcheur du temple, le même désir large de choisir le monde.
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