Qui sont les yokai ?
Une première réponse simple consisterait à dire que les yokai (terme composé de yo " mystérieux, occulte" et de kai " étrange") sont des créatures surnaturelles du folklore japonais. On trouve donc aussi bien des monstres et des démons, que des divinités (kami), des fantômes (bakemono), des animaux magiques, des humains mutants, des protagonistes de légendes urbaines et d'autres phénomènes sortant de l'ordinaire. Au fil du temps, le mot yokai a été traduit de diverses façons : démon, monstre, lutin, esprit, chacun de ces termes portant en lui un héritage culturel précis. Personne n'a réussi à saisir l'essence fondamentale du yokai, du fait du manque de précision et de la diversité sémantique de ce terme. Comme pour samouraï, geisha, ninja et sushi, il vaut mieux utiliser le terme japonais sans tenter de le traduire.
L'existence de la magie et du surnaturel ont toujours constitué des évidences inscrites dans le quotidien japonais. Même dans les régions les plus reculées du pays, on trouve des sorciers et des religieux accomplissant des cérémonies, lisant l'avenir, demandant la bénédiction des dieux, protégeant les personnes des esprits malfaisants. Malgré un telle protection, les esprits constituent une source d'inquiétude pour la population, toutes classes sociales confondues. Les superstitions imposent des limites strictes qui ne doivent pas être franchies. Les jours défavorables, comme celui où se déroule la Parade Nocturne des 100 démons, sont notifiés dans le calendrier et certaines activités alors interdites.
Les Japonais recueillent et classent les yokai depuis des siècles. Une légende raconte comment une antique encyclopédie fut offferte à l'empereur par un animal magique. Il s'agissait du Livre du Hakutaku, qui recensait tous les esprits, les divinités et les démons de l'univers. Ce livre se perdit il y a bien longtemps, mais certaines parties avaient été retranscrites, alimentant une longue série de répertoires du surnaturel et donnant naissance à une tradition cultivée avec passion.
Il y aurait 8 millions de kami au Japon. Ce terme englobe toutes les créatures surnaturelles, qu'elles soient mauvaises, monstrueuses, divines, démoniaques ou se situent quelque part entre le Bien et le Mal. D'un point de vue humain, la grande majorité de ces créatures apparaissent aussi étranges qu'effrayantes, voire maléfiques. En japonais, on les désigne par d'innombrables vocables, dont bakemono, chimimoryo, mamono, mononoke, obake, oni ou yokai.
La divinité la plus fréquemment associée aux renards est Inari. Vouée au riz, au saké, à l'industrie, à l'artisanat et à la fertilité, Inari est l'une des figures les plus vénérées du Shinto. Il existe des sanctuaires consacrés à son culte dans tout le Japon: on les estime à plus de 30 000, soit environ un tiers du nombre total. Et presque tous comptent des statues et autres images liées aux renards.