L’histoire commence sur les chapeaux de roues lorsque Pierre Marlot apprend par le consulat de France en Ouganda que sa fille unique, Anne, journaliste indépendante, a disparu des radars depuis près de deux semaines.
Lui-même ancien journaliste, Pierre sent immédiatement que la profession de sa fille n’est pas indifférente à sa disparition. Probablement une enquête sensible qui lui a fait poser les bonnes questions aux mauvaises personnes.
Rongé par l’inquiétude, Pierre se rend à Kampala, capitale de l’Ouganda, pour tenter de faire ce que les autorités diplomatiques françaises n’ont pas l’air prêtes de vouloir faire, savoir retrouver sa fille. Mais par où commencer ? Comment s’y retrouver, sans la moindre piste, dans cet imbroglio politique ?
L’Ouganda est loin d’être de tout repos. D’autant plus que le pays est en pleine transition électorale. L’âge aidant, le Mzee (le président plus si démocratique) va, en effet, bientôt laisser la place et, naturellement, son fils, général des forces armées, est tout désigné pour le remplacer. Sauf que la colère de la population commence à gronder, notamment celle des jeunes générations qui ne veulent plus d’un gouvernement corrompu et complaisant dans l’immobilisme.
C’est dans ce contexte explosif que Pierre, aidé par quelques proches de sa fille et par une journaliste ougandaise – Juliette Ochola, elle-même en quête de transparence sur les magouilles politiciennes – va remonter la piste et reconstituer l’enquête d’Anne.
Ce sont dans les pas des marchands d’or que Pierre et Juliet vont alors se retrouver à marcher. Les intérêts de nombreuses puissances dépendent toutefois de ce trafic illégal juteux et peu sont prêtes à les laisser mener jusqu’au bout leurs investigations. Le piège se referme alors doucement mais sûrement sur eux…
J’appréhendais initialement d’avoir un peu de mal à suivre l’intrigue, étant peu familière avec le contexte géopolitique de l’est et de la Centrafrique. Toutefois, l’histoire prend rapidement le dessus et cet élément n’est pas un frein à la lecture.
Le rythme est soutenu, les chapitres relativement courts alternent le point de vue des personnages et nous laissent, à chaque fois, sur notre faim, si bien qu’on tourne les pages à toute vitesse pour comprendre ce qui est arrivé à Anne.
Celle-ci est le point de départ de toute cette histoire mais elle n’est pas pour autant la seule à tenir le haut de l’affiche. C’est notamment ce que j’ai apprécié dans cette histoire : le fait que des personnages ougandais soient également placés au centre et qu’il ne s’agisse pas uniquement d’un point de vue « occidentalo-métropolitain » ou, du moins, « expatrié » sur un pays africain.
« Marchands de mort subite » m’a, à plusieurs reprises, évoqué le très beau film « The constant gardener ». Il laisse entrevoir aux lecteurs la complexité de la situation, l’écheveau des intérêts, ainsi que le déséquilibre des forces en présence où ceux qui ont l’argent et la force de frappe sont bien souvent du mauvais côté de l’échiquier et où les contrepouvoirs internationaux ne jouent pas leur rôle, de crainte de perdre leur part du gâteau dans le commerce du pétrole et des minerais.
Malheureusement, le tableau dépeint laisse peu d’espoir mais nos protagonistes livrent une bataille glorieuse.
En plus de l’intrigue et du rythme, j’ai également accroché avec la plume du primo-romancier Max Izambard qui alterne action et description vibrantes (on sent que l’auteur connait son sujet, ayant vécu en Ouganda plusieurs années).
En bref : Un roman géopolitique à suspense dans lequel vous ne risquez pas de vous ennuyer. « Marchands de mort subite » met la lumière sur un pays complexe loin de certains aprioris et sur des personnages résilients (et pour certains clairement dignes d’admiration). Une histoire qui rendrait très bien à l’écran.
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