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Citation de Morgouille


On comprend que Summer, encouragée de la sorte, finisse par regarder les gamines de son âge comme des êtres mineurs. Elle s’empressa de fuir leur obsession de l’amour, leurs confidences interminables, leur lamento masochiste, la fragilité acidulée qu’elles endossaient si volontiers pour séduire. Se priva tout autant de leur peau, de leur rigolades, de leurs complicités nocturnes, de leur solidarité, se priva bêtement de leur douceur. Et décida pour elle-même, à treize ans, un jour où elle s’était laissé caresser au cinéma par un garçon qu’elle aimait mais qui se foutait d’elle, elle le savait – il lui pétrissait les seins sans vergogne, remontait la main entre ses cuisses, et lui raclait le palais d’une langue brutale –, décida que l’amour, d’accord, mais pas exagérément, pas à n’importe quel prix. Or décider ainsi quelque chose pour soi, le faire pour sa vie sans se goberger de balivernes comme quoi le cœur a ses raisons blablabla – l’amour autorisant toutes les conneries, que l’on y perde son temps, que l’on y laisse sa peau, que l’on se cogne pour se dévorer tout de suite après, que l’on hurle dans les cages d’escalier, que l’on se téléphone chaque heure de la nuit, que l’on roule bourré dans la campagne hostile, car c’est comme ça que ça se passe, pas autrement –, oui, statuer de la sorte, à froid les yeux en face des trous, chez une fille si jeune, avait de quoi surprendre.
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