Nous sommes tous fous et contraints de vivre une vie trop courte pour se priver d’émotions.
Si seulement tu étais encore là, maman, je suis sûr que Lou t’aurait plu. Tu m’as toujours dit que l’on était tous un peu bancals et qu’on arrivait à trouver un équilibre qu’en étant bancals à deux.
- Parce que pour être comprise dans mon désarroi et ma peine, je pense que seule une personne ayant souffert aussi pourrait m’accepter telle que je suis…
« Je sais que c’est ce genre de moment qui manque incontestablement à ma vie. De la tendresse, du partage, ne faire qu’un avec l’autre. Je resterai ainsi pour toujours, son large torse entourant le mien. Je ne veux pas bouger, je savoure parce que je sais que ce sont des minutes éphémères que je vole à l’éternité. »
Mes pas me dirigèrent vers lui sans que je les commande, il m'ouvrit les bras et je vins me percuter à son âme. Je saisis sa bouche avec fougue, enveloppée dans un nuage de coton. Toutes mes terminaisons nerveuses se mirent à irradier en moi. Ma langue partit à la rencontre de la sienne. Il me souleva dans les airs et me serra fort contre son torse. Mon coeur n'était plus que guimauve et des éclairs de désir se déployèrent dans mon bas ventre. Je repris mon souffle entre deux baisers quand il me murmura.
- Je suis tellement content que tu acceptes.
Hein ? De quoi il parle ?
Je fronçais les sourcils et pris conscience que je n'avais rien capté de sa requête. Comme toujours, il avait usé de ses charmes sur moi.
- Tu peux répéter la question ? Je parlais à ta bouche et je n'ai pas tout compris au reste.
- Écoute Alec, j'ai beaucoup apprécié ton geste salvateur et passer cette soirée improbable avec toi, mais je dois partir
Il reprit appui sur ses mains pour me laisser le passage.
- Tu as peur et tu fuis encore ! Tu vas aller où, à 2 heures du matin ?
Je n'avais pas du tout réalisé le temps qui s'était écoulé. Il surenchérit.
- De plus, mademoiselle, vous avez subi un choc au niveau de la boîte crânienne et ce ne serait pas judicieux de vous laisser partir.
Mon agressivité, encore et toujours, dicta mes paroles et ma dureté.
- Tu comptes me séquestrer, toi aussi ?
Mon foutu instinct de défense reprenait le dessus et je sentis mes mâchoires se crisper. Il changea de visage, il avait l'air triste de ma réponse.
Au plus près de lui les aiguilles du monde n'ont aucune emprise.
Mon nom ? Simon Etchar.
Mon histoire ? Un foutu bordel !
Je suis monsieur étiquette, j’aime avoir le contrôle sur toutes les émotions que je ressens. Je vous préviens, j’ai un humour cynique, je suis borné, mais je m’accroche comme je peux à la vie, même si cette garce s’obstine à mettre des embûches sur mon chemin. Et pour bien me pourrir l’existence, elle achève l’usage de mes reins à l’aube de mes seize ans. Un super cadeau n’est-ce pas ?... Je ne vous le fais pas dire !
À jongler entre l’hôpital, les dialyses, les traitements et les souvenirs luxurieux de mon ex Sylvain, je me complais surtout dans mon envie d’ailleurs.
Ce qui me fait tenir ? Revoir le village de mon enfance, Fontarrabie, le mont Jaizkibel qui domine l'océan, la Bidassoa qui trouve sa liberté dans l’estuaire, l’air marin qui vous donne envie de voler, les gros bateaux de pêche... Je pourrais vous parler pendant des heures de ce village fortifié qui nourrit secrètement mes espoirs, mais je préfère vous tendre la main et vous inviter dans mon monde.
Accrochez-vous, parce que moi non plus je n’étais pas prêt à l’ouragan qui m’attendait !
En aimant, tu donnes matière à l’autre pour te détruire.
Arrête de vouloir toujours correspondre à ce que l'on attend de toi.