Citations de Mélissa Boufigi (11)
Sans qu'elle ne puisse l'expliquer, Agathe se sent aimantée au bourg fantôme. Elle a la sensation que les âmes de ses ancêtres veillent sur elle.Elle pense souvent à sa grand-tante Denise, petite fille figée pour l'éternité à l'âge de 9 ans, et dont on lui a tant répété qu'elle était le portrait craché. Curieusement, avec le temps, Oradour devient, pour elle, un refuge.
Situé au Nord-ouest de Limoges, le village d'Oradour-sur-Glane est resté inchangé depuis sa destruction par les soldats de la Waffen SS, le 10 juin 1944. Ses vestiges, ainsi figés dans le temps, témoignent à jamais de l'atroce massacre de civils qui y fut perpétré voilà plus de soixante ans.
En tant que français, j’aimerais exprimer le désir profond des français de vivre en paix. De tels affrontements entres les nations ne doivent plus jamais se renouveler, il s’agit pas d’oublier mais de tirer la leçon. Notre devise est : ni haine, ni oubli.
En contemplant le visage empreint de tristesse de sa mère , Robert mesure l’étendue de sa peine. Celle, peut-être, d’avoir été déracinée de sa campagne natale. Celle, sans doute, d’apprendre la disparition des siens par un télégramme , sans avoir pu leur dire adieu.
Marie est ainsi , aimante et mélancolique, et Robert grandira sans jamais voir sa mère sourire.
Quitte à mourir, mieux vaut être exécuté que brûlé vif. Il lui faut s'extraire de l'amas de corps qui l'ensevelit, coûte que coûte. Alors une vision dantesque le saisit d'effroi. Les morts par dizaines, ses amis, ses voisins, les siens, effroyablement mêlés dans un chaos de flammes et de sang.
C'est cela, Oradour, en cet Entre-deux-guerres. Une bourgade où il fait bon vivre, accueillante et animée, un petit monde en soi qui n'a rien à envier à la ville.
Nous ne devons pas perdre de vue que le procès des assassins d’Ouradour, c’est le procès du nazisme. Oradour , c’est un monceau de sang. Ce sont 642 cadavres dont 50 cadavres d’enfants….
Notre chair saigne encore .
C'est que je veux que tu saches exactement, que tu puisses témoigner après moi, vraiment, de ce qu'il s'est passé, justifie Robert. Je veux que tu saches tout. Absolument tout.
À bientôt 96 ans, et bien qu'il n'ait jamais cessé de raconter son histoire, Robert cherche toujours à comprendre comment il a pu survivre à cet enfer.
Des rafales partent et les hommes tombent comme des fétus de paille. Ils sont fauchés, principalement atteints aux jambes, et s'écroulent les uns sur les autres, comme des poupées de chiffon. Robert chute lui aussi, non pas criblé de balles, mais écrasé sous le poids de ceux qui s'effondrent. La salve de tirs s'interrompt enfin.
Ne pas oublier, pour que ceux qui n’ont pas connu l’horreur se souviennent. (p.140)