AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet

Citation de Mijouet


[…]
Il me fallait un jour choisir un extrait des Evangiles. Je décidai de lire l'épisode de la femme adultère, tant il me paraissait parfait pour accueillir de sa beauté la petite fille dont je devenais parrain. J'éprouve aujourd'hui à l'égard de cette parabole un sentiment mélangé. La parabole est belle, mais elle est aussi très habile: Jésus ne justifie pas l'acte adultérin, il le condamne ("Va, et ne pèche plus“ dit-il à la femme) sans pour cela condamner son auteur. D'un mot ("que celui qui n'a jamais péché jette la première pierre") il établi les bases du contrat social, et nous permet de vivre dans une société qui s'accommode de notre finitude.
Or si cette parabole nous libère d'un joug, elle nous en impose un autre: en évitant une sanction à notre culpabilité, elle l'établi pour toujours! Si personne ne jette la pierre, c'est bien parce que nous sommes tous coupables. L'acte libératoire devient acte d'accusation auquel personne n'échappe! Seule la culpabilité de tous sauve la pécheresse, et sa lapidation est évitée pour une raison seule et unique: nous sommes tous en faute.
Comme en réponse à cette parabole, Nietzsche donne une règle-clé du processus de la consolation: "Celui qui est mécontent de lui-même est continuellement prêt à se venger". Tel est le coût de la morale judéo-chrétienne: l'humilité débouche sur la détestation de soi, donc sur le malheur. Nietzsche répond à cette fatalité, et nous enjoint de nous placer "en dehors et au-dessus", de ne pas avoir "des préjugés sur les préjugés". Sa cible prioritaire est la civilisation judéo-chrétienne, celle qui a instrumentalisé le péché, en a fait son outil de domination, et qui avec cynisme mélange douleur et malheur dans le seul but de nous asservir.
[…]
Commenter  J’apprécie          60





Ont apprécié cette citation (2)voir plus




{* *}