En prenant comme bonnes résolutions de me remettre à la lecture, je savais qu’il fallait que je me penche sur quelques titres « légers » afin de garder un certain rythme et ne pas tomber dans la lassitude face à de lourds pavés pas toujours captivant. Aimant en plus lire lors de mes pauses au travail, j’étais donc curieux de me pencher sur le polar régional et le hasard a voulu que mon choix se porte sur « Morlaix TERminus !« .
Bon, on ne va pas se mentir, je ne m’attendais pas à un chef d’œuvre de la littérature française. Le terme « roman de gare » semble d’ailleurs parfait pour ce récit digne d’un téléfilm sur France 3 qui aurait même pu m’amuser si j’étais tombé dessus en zappant. L’intrigue n’a rien de fou. On est sur une prise d’otages dans un train assez classique dans son traitement (on sent que l’auteur s’abreuve de séries et films policiers, ce dernier ne manquant pas les références aussi légère que son histoire) et c’est surtout parce que cette histoire se passe près de chez moi et de mon travail, avec des lieux que je connais et où je passe assez souvent, qu’elle prend une légère dimension supérieure. Il y a fort à parier qu’un habitant de Marseille, Strasbourg ou Lille n’aura donc pas forcément le même sourire que moi lors de la lecture.
M’imaginer cette histoire dans des décors que je connais, il est surtout là le but recherché. Michel Courat le sait et n’est du coup pas avare en description et adresse des lieux où ses personnages s’aventurent. Cela n’apporte souvent pas grand-chose mais pour le lecteur du coin, cela lui permet néanmoins de rentrer un peu plus dans cette histoire simpliste.
Pour être honnête, malgré ses maladresses et aussi parce que je savais à peu près à quoi m’attendre, je me suis laissé prendre au jeu comme lorsque l’on regarde une série policière en sachant à l’avance comment tout ceci va finir. C’est tellement classique, que même sans avoir lu les autres livres de Michel Courat (car il ne s’agit pas de la première enquête de son héroïne principale), on ne se sent jamais perdu et l’on ne ressent même pas forcément l’envie de lire les précédents romans même si son auteur s’amuse à y glisser quelques clins d’œil (le final fait d’ailleurs référence à une enquête passé mais cela n’affecte en rien sa conclusion à mes yeux). Bref, on est très loin d’une tension digne d’un film hollywoodien comme « Les pirates du métro » et son remake « L’attaque du métro 123« .
En étant en bonne condition, ma lecture avait donc tout pour me plaire comme lorsque l’on voit un nanar. On sait que ce n’est pas mémorable mais on peut s’amuser. Seulement voilà, j’ai quand même un gros bémol avec le style de Michel Courat. Je ne doute pas de ses bonnes intentions et de sa volonté de faire rire mais le style qu’il donne à ce récit m’a profondément agacé. L’auteur multiplie les apartés qui casse le rythme de son intrigue et n’apporte rien. Entre références cinématographiques et blagues parfois douteuses, sur ses 286 pages, je suis sûr que si je met bout à bout tous les passages – même de quelques lignes – qui n’apporte rien je trouve, on peut retirer une bonne grosse cinquantaine de pages.
Extrait : « – Oh oui ! Oh oui ! Oh ouiii ! Oh c’est bon ! Oh oui ! Oh oui Oh ! Oh ! Oh . Et ainsi de suite. Amies lectrices, je vous laisse choisir la cadence, la longueur et l’intensité de la tirade. Vous pouvez même rajoutez des onomatopées. Le principal c’est que cela vous donne du plaisir ! Une voix mâle s’ajoute en écho : Rhâââ, c’est bon ! C’est bon ! Oh oui, c’est bon ! Rhâââ ! Aaahhh ! A vous, Monsieur ! Et du rythme surtout, je compte sur vous ! Soyez bien dans le tempo, et surtout, tenez bien la distance ! Le dialogue ci-dessus s’avérant un peu répétitif, mais néanmoins jouissif pour les heureux duettistes, je l’abrège quelque peu pour revenir dans la cellule des deux prisonnières. Qui se regardent à nouveau, interloquées. » (Page 193- 194).
Extrait (bis) : « LSD, vexée et déçue de s’être fait prendre la main dans le pot de confiture – que mes lectrices ou lecteurs diabétiques se rassurent, leur taux de glycémie ne bougera pas, cette expression n’est qu’une catachrèse, une simple métaphore, pour ceux qui ne kiffent pas les mots compliqués – bref, LSD n’est pas contente… » (Page 135)
Ce ne sont que deux exemples de passages où Michel Courat sort de son intrigue pour nous parler directement mais l’ouvrage est rempli de ce genre d’exemples. Le but est sans doute de faire sourire mais à la longues, cela ne fonctionne pas et ça devient même assez lourd (et encore, je vous fais l’impasse sur tous les jeux de mots concernant le monde du train et la SNCF…).
Pour résumer, comme un nanar, « Morlaix TERminus ! » m’a amusé… Un temps au moins puis très vite, je me suis lassé du style de l’auteur. Heureusement, ce livre se lit très vite et même si il ne me laissera pas un souvenir mémorable, il m’aura au moins fait passer le temps. C’est juste frustrant de se dire que malgré ses légèretés et imperfections, j’aurais pu apprécier davantage cette visite facile de Morlaix si le dosage humour – policier avait été mieux dosé et mieux maitrisé. On verra bien ce que donne les autres polars régionaux que je me suis pris surtout que dans le lot, il me semble avoir un autre livre de Michel Courat…
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