Cependant, la Guerre des Gaules (et il faudrait en fait plutôt parler des Guerres des Gaules) de César n’évolua pas toujours de la manière dont elle sera décrite par le grand conquérant, les Gaulois n’étant pas nécessairement d’aussi piètres stratèges, ni leurs guerriers aussi inconstants que prétendu. Quant aux Germains et aux Bretons, brrr…Autre histoire ! Ajoutez à cela un climat exécrable et vous vous rendrez compte que ma période de service dans le Nord fut loin d’être une sinécure, même si j’eus droit au passage aux caresses réconfortantes d’une plantureuse gauloise répondant au doux nom de Valia et qui mettait au lit le même enthousiasme qu’un Germain au combat.
J’avais déjà survécu à la cuisine des Parthes, des Syriens, des Gaulois, des Germains et même à celle de ma propre mère, mais celle des nomades était le comble de tout.
Toutefois, il n’y a avait pas grand-chose que nous pouvions faire pour eux –à part leur trancher la gorge avant de partir- mais là ils n’avaient pas l’air d’accord non plus et je me contentai donc de veiller à ce que mes blessés, qui étaient montés, puissent bénéficier des meilleurs soins possibles, Claudius Aelius en tête. A cet effet, je fis intercepter le médecin grec de Crassus au moment où, comme un bon petit caniche, il s’apprêtait à suivre son maître, lui laissant aimablement le choix entre venir gentiment avec nous pour opérer et panser les nôtres dès que possible, ou être livré en pâture aux Germains…Sans surprise, il devint subitement très coopératif.
Je fis donc signe aux hommes de mon contingent que notre tour d’aller affronter notre destin était venu, ce qui fut accueilli -les fous- par des cris de joie.
Où se cache le lâche qui se dit votre général ?! Son fils est mort en brave ! (Ce qui voulait dire que la chose trimbalée sur une pique était bien une tête, et celle de Publius de surcroît). Mais lui-même n’a rien fait pour le sauver ! Comment pouvez-vous suivre un homme pareil ?! (Bonne question en effet…)
- Formation en cuneus, décidai-je. Arminus et ses Germains prendront la tête, avec pour mission de percer jusqu’à Uzkub ; Epodorix avec ses Gaulois élargira les lèvres de la percée du côté gauche ; Priscus et les Romains feront de même à droite.
-Et toi, chef ? Je suppose que tu chargeras à mes côtés ?, demanda Arminius l’air goguenard.
Le saligaud ! Il savait pertinemment bien que mon style était de rester à l’arrière, par exemple entre les Gaulois et les Romains, officiellement pour coordonner les opérations, mais en réalité parce que j’avais depuis longtemps pris la sage décision d’essayer d’éviter au maximum tout mauvais coup.