Citations de Michèle Rowe (38)
Je n'ai pas confiance dans les gens qui me disent que leur mariage est solide comme un roc.
"J'espère que vous n'allez pas m'interroger en afrikaans, déclara t-elle. Je ne parle pas un mot ."
Autrement dit : "Je veux un flic blanc , aussi éduqué que moi, qui comprendra ce que je raconte ."
De plus près, elle vit que la cheville appartenait à une jambe, et la jambe à une marionnette humaine horriblement gonflée qui flottait sur le dos , les membres écartés comme les branches d'une étoile de mer . Elle reposait dans une attitude d'abandon ridiculement paisible , comme si elle savourait d'être à jamais libérée des vicissitudes de la vie .
" Les pédophiles prédateurs sont maîtres dans l'art de détourner l'attention de leur déviance , de la travestir ou de la dissimuler . Ils sont parmi les déviants les plus malins . Vous savez pourquoi? Parce qu'ils ne sont pas convaincus que ce qu'ils font est mal . "
- La terre de Summerley a appartenu à ma famille pendant trois générations ; le père de mon grand-père possédait les titres de propriété. Nous avons été déplacés après le Group Areas Act * . Ils voulaient cette terre pour les blancs .
* . [ L'une des premières et principales lois d'apartheid (1950) , instituant des zones de résidence racialement séparées.]
Mais Marge avait depuis longtemps tiré une amère leçon de son engagement pour la cause écologique : l'intérêt personnel financier l'emportait toujours sur les préoccupations environnementales .
Ce n'est même plus une question de couleur, répondit Persy, c'est une question d'argent."
Elle trouvait douloureux d'assumer la responsabilité morale du passé . L'apartheid était comme un caillou dans la chaussure dont on n'arrive pas à se débarrasser . De vieilles histoires se chevauchaient et entraient en résonance , prêtes à exploser dans le présent .
Même si la criminalité rendait les Blancs complètement paranos, ils se donnaient rarement la peine de se procurer le nom et les références des Noirs qu'ils employaient , ou de se renseigner sur leur adresse . Tout ce qui les intéressait, c'était de trouver quelqu'un qui travaille pour une misère , point barre .
Ça lui faisait mal de penser ça, mais il y avait vraiment des Blancs qui cherchaient les ennuis .
Le racisme était tellement enraciné dans le coin que seuls les gens de l'extérieur pouvaient le voir . Ce n'était pas une attitude consciente ; juste une sorte de condescendance vaniteuse de la part des Blancs , et parfois de franches manifestations d'hostilité de la part des métis .
Avec le Group Areas Act , l'apartheid avait trouvé un procédé ingénieux pour faire en sorte que les coins les plus attractifs restent blancs comme neige , en reléguant les Noirs, les métis et les Indiens dans les zones jonchées de sable ou les marécages , les terres poussiéreuses et battues par les vents . Dans des cités-dortoirs peuplées de travailleurs qui se rendaient le jour dans des zones blanches puis rentraient dans leurs trous à rats le soir . Les choses n'avaient pas beaucoup changé, même si la loi avait été abolie plus de vingt ans auparavant .
Persy éprouva un élan de jalousie. Elle qui avait grandi orpheline, elle avait souvent rêvé d'une mère comme Paula. Attentive , inquiète, protectrice. Une mère qui remarquerait tous les jours les vêtements qu'on portait.
Bon Dieu ! Elle l'avait échappé belle, une fois de plus ! Mieux valait arrêter là pour aujourd'hui et rentrer chez elle avant que la chance ne tourne.
La peau de son menton avait été retendue, et sa figure présentait l'aspect incolore et lisse du plastique , provoqué par les peelings chimiques à répétition .
[...]
La lumière éclatante du jour faisait ressortir les boules que le Botox formait sous sa peau.
Elle sourit faiblement. Elle voulais dire merci, merci pour tout, mais se retrouva incapable de parler. Quand les mots lui vinrent enfin, Marge était partie.
-T'es le genre de flic dont nous avons besoin pour un nouveau pays, lui dit Dizu.
-Si c'est un nouveau pays, comment ça se fait qu'il soit aussi merdique que l'ancien ?
Persy avait fait des promesses à Kai et à Alexi Petroussis. Tucker disait toujours : "Promets fokkol (*) aux victimes, et la lune aux coupables."
"Bien sûr", répondit-elle, regrettant ces deux mots à l'instant où ils sortaient de sa bouche.
(*) fokkol : que dalle
Pas de doute, on est bien au Cap, pensa t elle. Tous dans nos petits villages, à panser nos blessures personnelles.
Il avait un problème avec les métis . Une fois, elle l'avait entendu plaisanter avec un autre flic noir en la traitant de "township special", comme on appelait ici les chiens d'ascendance incertaine qui faisait les poubelles pour se nourrir .
Tucker se renversa en arrière sur sa chaise, les bras croisés, mettant en avant ses jambes écartées et ses cuisses musclées. Persy se dit que cette manie de vouloir prouver à l'autre qu'on avait plus de couilles que lui était vraiment la chose la plus ennuyeuse chez les mecs.